Fils d’un inspecteur des écoles, le petit Vladimir grandit dans un milieu moderniste tourné vers la culture occidentale, pour qui l’éducation et le savoir sont des moyens de s'émanciper du monde rustre et agricole, dans le but de faire naître une Russie nouvelle. Naturellement, notre futur révolutionnaire se tournera vers le monde des études, et particulièrement vers la rhétorique.
Dans le même temps, la Russie devait affronter les nombreux courants anarchistes qui parcouraient l’Europe et dont certains furent responsables de l’attentat qui coûta, en 1881, la vie du tsar Alexandre II. On décida alors de pourchasser et de condamner toute personne jugée révolutionnaire. Pour le plus grand malheur de la famille Oulianov, le fils aîné, Alexandre, livré à lui-même dans le milieu universitaire, se rapprocha des milieux d’extrême gauche, comme aujourd'hui une bonne partie des étudiants de France.
Pour avoir participé à la tentative d’assassinat contre le tsar Alexandre III, le jeune homme fut arrêté et condamné à mort par pendaison en 1887. Malgré les tentatives de plaidoiries de sa mère, le fils reconnut son acte, accompli au nom de son idéal révolutionnaire pour lequel il était prêt à mourir. Mais les fautes du fils retombèrent sur sa famille, considérée elle aussi comme régicide.
Désormais exilé, devenu chef de famille à la suite du décès de son père en 1886, Vladimir s’installa dans la maison de son défunt frère, reçue en héritage. Il découvrit, dans cet antre révolutionnaire, de nombreux livres qui nourrirent sa rancune contre un système qu’il jugea responsable de ses malheurs. L’un de ses préférés fut le Que faire ? du révolutionnaire russe Nikolaï Tchernychevski, ouvrage qui influença toute la génération insurrectionnelle de la fin du XIXe siècle. Devenu adulte, Vladimir Oulianov se lança dans des études de droit, à Saint-Pétersbourg, en 1893, et devint avocat. Comme son frère, il s'engagea, lui aussi, dans le mouvement révolutionnaire.
Vladimir Ilitch Oulianov devint Lénine. Accédant rapidement au statut de chef révolutionnaire grâce à son éloquence, il se rapprocha de l’idéologie marxiste, logique et claire, mais resta fasciné par l’aspect violent, dictatorial et déterminé du terrorisme. N’ayant plus rien à perdre, il fit de la cause révolutionnaire sa vocation et le but de toute sa vie. Son objectif : faire disparaître cette société pour que la nouvelle Russie dont il rêvait puisse apparaître. Au fil des années, il réussit à supprimer, parfois physiquement, tous les opposants à son projet d’unir les partis socialistes et prolétaires afin de lutter contre l’impérialisme tsariste. Pour cela, Lénine n'hésita pas à fomenter de nombreuses émeutes, rébellions et manifestations dans l’espoir d’un renversement du pouvoir au nom d’un prolétariat naissant dont il n’est même pas issu. Pourchassé par le pouvoir russe, il se réfugia en Suisse. Il lui fallut attendre 1917 et la disparition de l’Europe des empires pour qu’enfin, lui, Lénine, puisse imposer son système totalitaire à la Russie et, au-delà, au monde entier.
Cet héritage, disparu avec la chute de l’Empire soviétique, demeure cependant encore une réalité dans de nombreux pays du monde et un rêve dans l’esprit de certains hommes politiques de notre pays, qui chantent encore « l'Internationale », comme Jean-Luc Mélenchon jusqu’en 2016. Ce chant écrit en 1871, symbole de la gauche communiste, devint en 1922 l’hymne national du rêve sanglant de Lénine : l’URSS.
Eric de Mascureau
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