D’emblée, dès les premières pages, Marie-Claude Feltes-Strigler rappelle les liens entre la France et les Indiens Osages. En effet, lorsqu’il y avait encore une Amérique française, les Osages étaient les alliés des Français. Quand Napoléon a vendu la Louisiane aux Américains, les Français se sont désinvestis de la colonie. Les Osages ont regretté leur départ. Ils parlaient leur langue et beaucoup d’Osages de l’époque avaient adopté la foi catholique. Six Osages ont d’ailleurs traversé les mers en 1827 pour voir “la Grande Montagne”, nom indien donné au roi de France. Deux ans plus tard, ils avaient pu rentrer chez eux grâce à l’évêque de Montauban, Monseigneur Dubourg, et à la générosité des Montalbanais et des Toulousains. Les liens furent renoués en 1989 avec la création de l’association Oklahoma-Occitania.
Les Indiens Osages sont environ 23.000 aujourd’hui, dont la moitié vit en Oklahoma. A son apogée, la nation osage comptait jusqu’à 200.000 membres.
La première mention écrite des Osages date de 1673, qui les situe le long de la rivière Osage. Le peuple osage régnait sur une vaste région qui comprenait ce qui est désormais l’Illinois, le Missouri, l’Arkansas, le Kansas et l’Oklahoma. Au moment des premiers contacts avec les Européens en 1673, les Osages vivaient dans des villages permanents de wigwams le long de cours d’eau. Ils tiraient leurs ressources de l’horticulture et de la cueillette. Les femmes cultivaient le maïs, les haricots et les courges ; les hommes chassaient le bison, l’élan, l’ours et du petit gibier. Suivant les saisons, les Osages récoltaient des plantes comestibles sauvages, des racines, des baies, des fruits, des noix et des tubercules, avec une prédilection pour les racines de nénuphars et les kakis. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle, après que les Osages eurent acquis des chevaux, qu’ils commencèrent leurs grandes expéditions dans les plaines à l’automne et l’hiver, pour chasser le bison.
Bien que les Osages fussent une nation de braves guerriers, fréquemment en guerre avec d’autres peuples indiens, ils eurent généralement de bonnes relations avec les Blancs, grâce à l’influence des négociants français qui commerçaient avec eux dès 1693.
Le début du dix-neuvième siècle scella le sort des Indiens qui furent progressivement dépossédés de leurs terres et conduits dans des réserves.
Le lecteur européen sera probablement surpris d’apprendre que, peu avant la guerre de Sécession, les cinq tribus dites civilisées (Cherokee, Chocraw, Chikasaw, Creek et Seminole) qui bordaient la réserve osage au sud, devenues des fermiers prospères, avaient des esclaves noirs. Beaucoup de guerriers de ces tribus s’engagèrent dans l’armée confédérée durant la guerre de Sécession et élurent des délégués au Congrès confédéré. Les Osages se tinrent plutôt à l’écart de ce conflit. Peu de temps avant que n’éclate la guerre de Sécession, les Osages avaient commencé à élaborer un projet de gouvernement tribal, avec une constitution écrite. Quelques vingt ans plus tard, ils se réunirent en un conseil général en 1881, dans le but de s’accorder sur une Constitution. Cette Constitution de 1881 établit les paramètres d’une Nation osage autonome, déterminée et imaginée par elle-même.
Au début du XXe siècle, on s’aperçut que ces mauvais terres arides accordées aux Osages recouvraient des nappes de gaz et de pétrole. Ce qui enrichit les Osages au-delà de toute imagination. En quelques années, leur changement de vie fut total. Beaucoup de familles se sont mises à vivre dans de spacieuses maisons modernes et à rouler dans des limousines, à voyager et passer deux mois d’été à Colorado Springs avec leur chauffeur et des serviteurs.
Cela n’empêcha pas les Osages – et cela reste une fierté – d’envoyer de nombreux guerriers se porter volontaires durant la Première Guerre mondiale. Ils furent souvent utilisés par l’armée américaine comme Code Talkers pour transmettre des messages en langues indiennes avec des codes incompréhensibles pour l’ennemi. Durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 44.000 Indiens s’engagèrent dans l’armée et servirent sur tous les fronts.
Aujourd’hui, les Osages tirent aussi d’importants revenus des casinos. Et tentent de transmettre à leurs descendants quelques traditions malgré les multiples tentatives d’acculturation.
Les Indiens Osages, Marie-Claude Feltes-Strigler, éditions du Rocher, collection Nuage rouge, 288 pages, 21,90 euros
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