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[L’été BV] Drapeau européen : Aurore Bergé en fait des caisses

Ils vous avaient peut-être échappé. Cet été, nous vous proposons de lire ou relire les meilleurs articles publiés cette année par BV.
Cet article a été publié le 26/03/2023.

Aurore Bergé est l'une de ces belles personnes comme le Macronistan en compte tant. Pugnace, les convictions chevillées au corps, celle qui fut durant ses primes années d'engagement politique un soutien de NKM, Sarkozy, Juppé, Pécresse, Fillon présidait le groupe Renaissance à l'Assemblée nationale depuis juin 2022 avant de décrocher - enfin ! - la timbale ministérielle en juillet dernier. Qu'est-ce qu'elle n'aura pas fait pour s'attirer les bonnes grâces du souverain du Macronistan ! Souvenons-nous de cette affaire du drapeau européen, en mars dernier.

Ils n’ont plus la main, alors il faut bien trouver des trucs pour faire croire qu’ils ont (encore ?) des idées et qu'ils ne subissent pas les événements. Ainsi, ce dimanche, dans le JDD, Olivier Véran déclarait, sans doute très content de lui : « La réforme des retraites ne signe pas la retraite des réformes. » Aurore Bergé, patronne du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, n'est pas en reste. Elle vient en effet de déposer une proposition de loi visant à rendre obligatoire le pavoisement des mairies avec le drapeau national et le drapeau européen. Les députés Renaissance nous expliquent que « compte tenu de l’importance de ces deux emblèmes dans notre Histoire collective et afin de renforcer l’unité de la pratique du pavoisement sur le territoire national, l’objet de la présente proposition de loi est de rendre leur pavoisement obligatoire sur le fronton de chacune de nos mairies ». Au moment où l’unité de la nation est malmenée comme jamais par Emmanuel Macron, Aurore Bergé et sa fine équipe envisagent de « renforcer l’unité »… non pas de la nation – ça, on avait compris depuis longtemps – mais de « la pratique du pavoisement ». Vous me direz que c’est un début et que parfois il faut commencer par les symboles.

L’exposé des motifs dénonce le fait qu’il n’existe « aucun texte réglementaire ou législatif » qui « fixe les règles de pavoisement dans notre pays ». Ce n’est pas tout à fait vrai. En effet, s’il n’existe pas de texte de loi, en revanche, les préfets, sur instruction du gouvernement, demandent aux maires par message de faire pavoiser les édifices communaux à l’occasion des journées commémoratives nationales annuelles (au nombre de 14 actuellement). Une réponse ministérielle à un sénateur, datant de 2005, précise ainsi les choses : « Les préfets sont chargés de veiller au respect de ces instructions [pavoisement] []. Il y a lieu de rappeler que le ministre de l’Intérieur dispose du pouvoir de suspendre les maires ou les adjoints qui méconnaissent les devoirs de leur charge (art. L.2122-16 du Code général des collectivités territoriales). » Ordonner de pavoiser n’étant pas contraire à la loi, les maires, représentants de l’État dans leur commune, sont donc bien tenus d’exécuter les ordres du préfet.

Mais là, on chicane. Revenons plutôt sur le fond de la proposition de loi. On voit venir Aurore Bergé avec ses gros sabots. En fait, elle va nous refaire le coup de la constitutionnalisation du droit à l’avortement. La majorité des Français et des parlementaires est favorable à l’avortement ? Oui. Donc, sanctuarisons la loi sur l’IVG en la constitutionnalisant. S’y opposer, c’est donc remettre en cause ce droit désormais qualifié de « fondamental ». Sauf que c’est un peu plus compliqué que ça, mais bon… Pour la proposition de loi sur le pavoisement, c’est pareil. La majorité des Français et des parlementaires est attachée au drapeau tricolore ? Bien sûr. Alors, faisons une loi. S’y opposer, c’est d’emblée s’exclure du camp patriote. Parce que, bien évidemment, Aurore Bergé et ses petits camarades sont de vrais patriotes, pas « les autres ». Sauf que… Sauf que dans cette proposition de loi, on intègre le drapeau européen. C’est pas grave, la rhétorique d'Aurore Bergé doit déjà être toute prête, quelque chose comme : « Vous ne voulez pas rendre obligatoire le pavoisement de nos mairies avec nos trois couleurs et vous vous dites patriotes ? », etc.

Mais qu’on se rassure, il est prévu de réserver la place d’honneur au drapeau national, « c’est-à-dire à droite du drapeau européen ». C’est trop d’honneur, fallait pas ! On a bien compris que, par cette proposition de loi, il s’agit de se servir du drapeau tricolore comme d’un paravent, pour ne pas dire d’un cache-sexe, pour institutionnaliser la bannière étoilée. En mars 2022, à l’occasion du sommet européen consacré à l’Ukraine et qui se tenait à Versailles, Emmanuel Macron avait fait pavoiser l’Arc de Triomphe aux seules couleurs européennes, récidivant ce qu'il avait ordonné le 1er janvier, lorsque la France avait pris la présidence du Conseil de l'Union européenne. Éric Zemmour avait alors tweeté : « Emmanuel Macron aime humilier la nation française. La preuve : il récidive. » Aurore Bergé, toujours chaussée de ses gros sabots, lui avait répondu : « Et on va même continuer. » Effectivement, on a vu ça…

Georges Michel

https://www.bvoltaire.fr/drapeau-europeen-aurore-berge-veut-elle-continuer-dhumilier-les-francais/

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