Breizh-info : L’immigration est-elle un problème pour la Bulgarie ?
Kostadin Kostadinov : Oui, car des migrants pénètrent à travers nos frontières et traversent la Bulgarie. La bonne nouvelle pour nous est que ces migrants ne souhaitent pas rester en Bulgarie. Leur but est de rejoindre l’Europe de l’Ouest. Chaque jour, environ 1.000 personnes franchissent la frontière bulgare. Nous désirons arrêter ce phénomène et nous le ferons dès que nous gérerons le pays.
Breizh-info : Quels sont les autres grands problèmes qui se posent à la Bulgarie et quelles sont les solutions prônées par le parti ?
Kostadin Kostadinov : Au-delà de la catastrophe démographique, le problème de la démilitarisation de la Bulgarie se pose. La capacité de l’armée bulgare a été fortement réduite au cours des dernières décennies. De plus, préserver la souveraineté financière est un problème très actuel. Afin de protéger cette dernière, nous avons récolté 604.000 signatures de personnes qui désirent préserver la devise nationale, le lev. La loi bulgare prévoit que lorsque 400.000 signatures sont récoltées, un référendum doit avoir lieu. Pourtant, le gouvernement bulgare a refusé d’organiser ce référendum et, actuellement, nous avons introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle bulgare. En effet, le gouvernement bulgare, en violant la loi, nous indique quasi qu’il ne désire pas respecter les règles démocratiques et qu’il est conscient du fait que 80 % des personnes ne désirent pas le remplacement de la monnaie nationale par l’euro. En ce qui concerne le problème de la défense nationale, nous avons actuellement sur notre territoire quatre bases des États-Unis et nous désirons les fermer. Nous avons été forcés de diminuer fortement la capacité de l’armée bulgare avec l’explication que les forces américaines nous protègent. Mais la Constitution dit clairement que l’unique armée qui peut et doit garder la Bulgarie est l’armée bulgare. Le pays connaît également d’autres crises : sanitaire, d’éducation, sociale, économique. Pour chacune de celles-ci, nous avons nos solutions.
Breizh-info : Vous êtes opposés à l’euro, mais quelle est votre position par rapport à l’Union Européenne ?
Kostadin Kostadinov : Dans son état actuel, l’Union Européenne constitue un danger politique pour la civilisation européenne. Si elle poursuit dans sa volonté de se transformer en État unique européen, cela détruira cette dernière. Pour cette raison, l’Union Européenne doit être réformée. Rappelons les paroles de l’ancien président français Charles de Gaulle prétendant que l’Europe doit être celle des nations et pas des élites supranationales.
Breizh-info : Quelle est votre position par rapport à la guerre en Ukraine ?
Kostadin Kostadinov : La guerre a été provoquée par les États-Unis et toute personne normale en Europe qui s’intéresse à ce sujet peut le comprendre. L’objectif de cette guerre est d’affaiblir la Russie et aussi le potentiel économique de l’Europe. La politique des USA envers l’Europe est extrêmement négative.
Breizh-info : Êtes-vous favorables à l’Intermarium ou Initiative des trois mers ?
Kostadin Kostadinov : Catégoriquement, non ! Nous y sommes opposés. Il s’agit d’une répétition de la politique orientée contre l’Union soviétique, une seconde édition. C’est l’idée du polonais Józef Piłsudski (1867-1935) de créer un cordon sanitaire face à l’Union soviétique, de la mer Baltique à la mer Noire. Le premier Intermarium a conduit à la Deuxième Guerre mondiale. Le deuxième Internarium pourrait mener à la Troisième Guerre mondiale. Nous devons arrêter cela. La Russie appartient à la civilisation européenne et plus la Russie sera intégrée dans l’Europe, plus cette dernière sera forte.
Comme je suis historien, je vais donner un exemple. Les tentatives actuelles d‘isoler la Russie de l’Europe ressemblent à celles qui ont existé après l’ère de Napoléon en vue d’essayer d’isoler la France du reste de l’Europe, après le congrès de Vienne en 1815. Mais, il a finalement fallu admettre que, sans la France, l’Europe n’existe pas. Sans la Russie, l’Europe n’existe pas.
Breizh-info : Quelle est votre position par rapport à la Macédoine du Nord ?
Kostadin Kostadinov : Elle est actuellement le deuxième État bulgare. Elle est peuplée par une population qui parle le bulgare et est d’origine bulgare. Pour que les lecteurs francophones comprennent bien la situation, la différence entre le peuple de la Bulgarie et celui de la Macédoine du Nord est comme celle existant entre le peuple de Bourgogne et celui d’Occitanie. Nous sommes le même peuple. Nous désirons l’unification des deux Bulgaries, comme cela est arrivé avec l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est en 1990. Nous appelons la Macédoine du Nord la Bulgarie de l’Ouest.
Breizh-info : Quel groupe le parti Renaissance rejoindra-t-il à l’issue des élections européennes de juin 2024 ?
Kostadin Kostadinov : Actuellement, nous disposons de deux options. La première est de travailler avec Identité et Démocratie (ID) et la deuxième est de créer un nouveau groupe. L’objectif est d’avoir au sein du même groupe tous les partis qui désirent une Europe unie libérée des influences étrangères. Toutes ces formations politiques doivent former un groupe qui devrait être le troisième groupe patriotique au sein du Parlement européen, aux côtés des Conservateurs et réformistes européens (ECR) et d’Identité et Démocratie (ID).
Breizh-info : En Bulgarie, outre ce qui est arrivé avec le possible référendum dont nous avons parlé, Renaissance subit-il, en tant que parti d’opposition, des discriminations, notamment médiatiques ?
Kostadin Kostadinov : Oui, bien sûr. Le parti a dû faire face à une procédure judiciaire d’interdiction, mais celle-ci n’a pas abouti. Nous avons gagné juridiquement. J’ai ensuite été arrêté et mis en prison, à Sofia, pour 24 heures. Puis, nous avons été officiellement surveillés par les services secrets bulgares, qui ont placé nos téléphones sur écoute. Mon téléphone est encore contrôlé par les services secrets bulgares. Des médias américains conduisent régulièrement des campagnes de propagande contre nous. De plus, le parti qui gouverne actuellement l’État bulgare désire tenter, à nouveau, de nous interdire et le Premier ministre bulgare a ouvertement appelé à ce que je sois arrêté une deuxième fois. Donc, vous voyez qu’en Bulgarie le fascisme se développe très rapidement. Pratiquement, notre État est gouverné par une dictature fasciste sous gouvernance américaine.
Breizh-info : Désirez-vous ajouter un élément ?
Kostadin Kostadinov : Longue vie à la Bulgarie !
Propos recueillis par Lionel Baland
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