Mélenchon face à Marine : le scénario idéal pour Marine Le Pen !
Il avait failli y croire. Le soir du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les médias avaient annoncé sans contestation possible l’accession de Marine Le Pen et Emmanuel Macron au second tour, l’écart entre la candidate du RN et celui de LFI s’était considérablement réduit, au cours de la soirée. De quoi permettre à Mélenchon de lancer la séquence « Matignon » et inciter son électorat à propulser la NUPES (pour ne pas dire LFI) en tête des élections législatives pour forcer Macron à une cohabitation avec les forces de gauche. Peine perdue. Si la NUPES est arrivée première après la majorité, c’est uniquement grâce à la notion d’inter-groupe dont le bénéfice s’étiole au fur et à mesure des divergences qui agitent la gauche. D’ailleurs, les élections législatives ont été rudes, pour LFI, qui a vu ses duels avec le RN au second tour perdus « à plus de 70 % », se félicite un membre de l’entourage de la présidence du RN. Plus largement, dans les 59 oppositions entre NUPES et Rassemblement national, le RN s’est imposé 33 fois, contre 26 pour la NUPES. En d’autres termes, si la NUPES arrive à résister à la vague RN, LFI reste le maillon faible du barrage républicain à gauche. D’ailleurs, sur les 62 candidats Ensemble éliminés au profit d’un duel NUPES-RN, seuls 7 ont appelé clairement à faire barrage au RN.
L’arc républicain contre le front républicain
« Nous ne devons pas oublier notre naïveté. N’oublions pas, non plus, nos erreurs. La mienne et quelques-uns d’entre nous : d’avoir cru que la violence de la guérilla urbaine pouvait venir à bout d’un régime et que c’était une méthode qui pouvait avoir du succès. » En quelques mots, Jean-Luc Mélenchon a admis le naufrage de LFI pendant les émeutes et au-delà, un regret qui n’attire pas la sympathie du député Stéphane Vojetta (REN) : « Cette erreur avouée ne sera pas pardonnée. Lui et ces "quelques-uns d'entre nous" devront assumer d'avoir soufflé sur les braises de la violence. »
Au fond, Vojetta a confirmé la tendance des sondages. En rejetant massivement la NUPES et ses excès, la majorité a adoubé en quelque sorte le RN. Comme si on ne pouvait avoir plusieurs ennemis au risque de paraître minoritaire. Comme si, au fond, la stratégie de la cravate, aussi simple soit-elle, avait fonctionné au-delà des espérances du parti à la flamme. Tandis que Fabien Roussel, pourtant lucide quant à la réalité du vote RN, a incité ses troupes à « envahir les préfectures », le RN savoure le bien-fondé de sa stratégie. « Ne faites pas mentir les sondages, envahissez les bureaux de vote plutôt que les préfectures », s’est enthousiasmée, par téléphone, la porte-parole du groupe RN Laure Lavalette.
En bref, derrière le sondage laudatif concernant Marine Le Pen se cachent deux enseignements : La France insoumise va découvrir le poids du barrage républicain et le RN va devoir trouver une parade au phénomène Édouard Philippe. Un sondage pas simple pour le RN, catastrophique pour LFI.
Marc Eynaud
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