Une fondation espagnole problématique
Outre l’obsession de la Commission pour la lutte contre l’islamophobie, la confiance renouvelée des institutions européennes à la fondation Al Fanar interpelle, elle aussi. En effet, cette fondation espagnole, qui a bénéficié depuis 2018 de 220.000 euros de subventions européennes, a participé à de nombreuses campagnes lancées par Bruxelles. On retrouve ainsi Al Fanar impliquée dans le projet MAGIC lancé en 2021 pour lutter contre « l’islamophobie genrée » dans les médias. Pour rappel, les conclusions de ce projet accusaient la France « d’institutionnaliser l’islamophobie » de façon « particulièrement grave ». En 2019, la fondation espagnole proposait, en partenariat avec l’Union européenne, une campagne de promotion du hijab. L’année suivante, on retrouvait cette même fondation engagée dans une campagne, toujours financée par la Commission européenne, de lutte contre la haine, et plus particulièrement contre l’islamophobie.
Or, la fondation Al Fanar entretient une certaine proximité avec des réseaux islamistes ou fréristes. Ainsi, en 2020, aux côtés d’autres collectifs, la fondation espagnole apportait son soutien au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), dissout par l’exécutif français après l’assassinat de Samuel Paty. Al Fanar se tient également aux côtés du FEMYSO (forum européen qui rassemble des étudiants musulmans), accusé par la France d’être le « faux nez de l’islamisme ».
Spécialité européenne
Ce projet, qui court jusqu’au mois d’octobre 2024, à l’instar de la campagne européenne en faveur du hijab ou du soutien de Bruxelles au FEMYSO, montre bien que la lutte contre l’islamophobie est devenue une spécialité de la Commission européenne. Or, pour Florence Bergeaud-Blacker, s’il peut exister des discriminations contre les musulmans, « l’islamophobie » est loin d’être un concept neutre. Comme l’écrit la chercheuse au CNRS dans son ouvrage Le Frérisme et ses réseaux (Éd. Odile Jacob), « l’islamophobie vise deux choses : d’une part, l’instauration d’un délit de blasphème et, d’autre part, l’affirmation d’une identité spécifique ». Autrement dit, l’islamophobie est « un instrument de promotion de l’islam fondamentaliste ».
Ainsi, en organisant des conférences sur l’islamophobie dans son enceinte, en finançant des projets de lutte contre l’islamophobie et en soutenant des associations proches des réseaux fréristes, la Commission européenne encourage la stratégie victimaire des Frères musulmans et joue le jeu de leur prosélytisme. Mais Bruxelles n’est sans doute pas la seule institution internationale influencée par les réseaux fréristes. La récente désapprobation, par l’ONU, de l’interdiction du voile pour la délégation française aux Jeux olympiques de Paris montre bien que les Nations unies sont, elles aussi, aveugles face à l’islamisme.
Clémence de Longraye