Nous avons interrogé Carlomanno Adinolfi, responsable culturel de Casapound Italie pour savoir de quoi il en ressort et quelles sont leurs positions sur le sujet.
Breizh-Info : Comment Casapound juge l’action du gouvernement en matière d’immigration ? Et quelles sont vos positions sur l’Union européenne ?
Le gouvernement Meloni paie sûrement les accords insensés signés par les précédents gouvernements de gauche qui avaient désigné l’Italie comme “port sûr” pour tous les débarquements, livrant de fait le pays aux trafiquants et aux exploiteurs d’esclaves. La situation actuelle est certainement complexe, la déstabilisation de l’Afrique inaugurée par les soulèvements qui ont entraîner le renversement des gouvernements en Libye et dans toute l’Afrique du Nord, jusqu’à l’actuelle situation du Niger ont permis l’ouverture des vannes au flux incontrôlé d’immigration à travers la Méditerranée. Or, cela ne peut être une excuse définitive : “la faute aux gouvernements précédents”, formule vulgarisée par Beppe Grillo, est devenue un véritable mantra en Italie. Ceux qui veulent gouverner ont le devoir de comprendre la situation et de programmer des contre-mesures pour tous les problèmes causés par l’incapacité, ou pire, par la mauvaise foi de leurs adversaires et prédécesseurs. Giorgia Meloni a raison de vouloir une coopération européenne pour résoudre le problème, c’est à aujourd’hui la seule façon d’y parvenir définitivement. Et c’est aussi la position de Casapound Italie, à condition que la solution européenne ne consiste pas en une redistribution des migrants dans tous les pays membres, mais bien en un bloc européen qui barrerait complètement la route aux trafiquants et arrêterait toutes les ONG qui collaborent à cette nouvelle traite d’esclaves. Cependant, on ne peut attendre la manne tombée du ciel en espérant que les appareils européens discutent et l’acceptent, on ne peut rester à la merci de la bureaucratie et, en cas de refus, blâmer une fois de plus l’extérieur. Ce qui se passe ces jours-ci à Lampedusa est intolérable et le gouvernement a le devoir d’agir clairement et fermement, d’être concret et d’aller au-delà des slogans pour ensuite se rendre aux tables de négociations européennes en position de force. Malheureusement, cela a toujours fait défaut aux gouvernements italiens.
En ce qui concerne l’Union européenne, après des années de propagande No Border prônant “l’accueil” et “l’intégration” – des mots derrière lesquels se cachent une politique et une idéologie clairement criminelles -, entendre enfin les dirigeants traiter du sujet avec inquiétude et affirmer que c’est à l’Europe de décider qui entre et qui non, et pas les trafiquants fut une agréable surprise. En ce qui concerne les 10 points proposés par l’U.E., certains d’entre eux sont très intéressants, comme les protocoles d’accord avec les pays africains, le renforcement de la surveillance des frontières, le renforcement des rapatriements et surtout la prévention des départs directement dans les pays d’où partent les navires. Il semblerait que l’Europe comprenne peu à peu qu’elle doit être autonome et déterminée et que son rôle n’est pas seulement de réguler les marchés intérieurs, d’organiser les voyages Erasmus et de regarder l’histoire en spectateur passif. C’est, en somme, un signal réconfortant par rapport aux années précédentes, même s’il est évident que les dirigeants européens ont encore peur de faire ce qui est juste, d’être trop volontaristes et de gêner les structures internationales auxquelles ils s’étaient jusqu’à présent asservis de manière obéissante et condescendante. Bref, le complexe de culpabilité engendré par des décennies de propagande sur les fautes des peuples européens est encore trop vivace. Ce n’est que lorsque ce sentiment sera finalement vaincu et que chaque gouvernement européen regardera les tabous imposés et la propagande visant à culpabiliser notre histoire, notre culture et notre identité avec mépris plutôt qu’avec honte qu’il pourra enfin y avoir une accélération dans la création d’une véritable puissance européenne autonome.
Breizh-Info : Certains prônent le recours à la force, comme l’envoi de forces spéciales sur les littoraux africains afin de liquider les passeurs, des pressions fortes sur les pays de départ, quelle en est votre opinion ? Que devrait faire concrètement l’Italie pour se soustraire à l’invasion en cours ?
Malheureusement, l’Europe perd de son influence en Afrique. Des années de matraquage sur la faute coloniale européenne et de culpabilisation de l’histoire européenne ont eu pour seul résultat d’abandonner le continent noir à d’autres puissances qui ne sont certainement pas des hérauts de la philanthropie ou de la libération des peuples africains ! Les États-Unis, la Russie, la Turquie, les pays de la péninsule arabique et la Chine commencent à prendre possession de l’Afrique pour en exploiter les ressources, substituant leurs propres intérêts à ceux de l’Europe démissionnaire et, ce faisant, ils provoquent aussi les flux migratoires auxquels nous assistons. L’Europe doit tout simplement redevenir un acteur majeur en Afrique. Nous avons besoin d’une coordination européenne, dirigée par l’Italie et la France, avec pour mission d’intervenir mais aussi de coopérer avec les gouvernements des pays africains pour créer la stabilité là où d’autres cherchent et fomentent l’instabilité et le chaos, comme cela a été démontré au cours de la dernière décennie. Créer la stabilité, mais aussi la richesse et l’autonomie des pays africains, afin que leur croissance et leur développement puissent mettre fin à cet exode qui ne fait qu’alimenter l’économie criminelle.
Breizh-Info : Face à la déferlante migratoire, les citoyens des différentes nations du continent se sentent de plus en plus menacés, mais aussi totalement impuissants. Vous avez lancé une campagne “blocus maritime maintenant” sur les réseaux sociaux, sera t’elle accompagnée d’autres initiatives ? Selon votre expérience de militance sur le terrain, les populations peuvent-elles encore avoir une incidence sur ce phénomène ?
La première chose que les peuples doivent comprendre est la leçon de Dominique Venner : il n’y a pas de fatalité, rien n’est inéluctable, il n’y a pas de mécanismes irréversibles. Il n’y a que la volonté d’agir dans l’histoire. Je ne crois évidemment pas à l’utopie des révolutions de masse où tout un peuple se rebelle, des révolutions similaires n’ont jamais existé et toutes celles qui ont été présentées de la sorte ont été en réalité tout autre. Mais les révolutions se font quand le terreau y est favorable : quand un peuple est déterminé, il est très difficile que des mécanismes tels que l’éradication des identités et le remplacement ethnique prennent ; ce qui est au contraire très facile quand on a affaire à un peuple résigné ou pire, indifférent. De là l’importance d’un engagement des citoyens, qui peut prendre différentes formes : militer dans une association, œuvrer pour contrecarrer la narration mensongère de quelque manière que ce soit.
En ce qui concerne les initiatives prévues autour de la question migratoire, je ne peux dire qu’une chose : stay tuned !
Propos recueillis pas Audrey D’Aguanno
Crédit photos : DR
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