Une réglementation déjà stricte
Il nous semblait que la chose, pourtant, était déjà bien encadrée. En effet, le texte régissant « l’éclairage nocturne des publicités, enseignes et bâtiments professionnels » oblige déjà à éteindre dans les locaux professionnels « une heure après la fin de leur occupation ». Le site du ministère est précis : « L'éclairage peut être rallumé à partir de 7 h du matin ou 1 heure avant le début de l'activité (si celle-ci commence plus tôt). » Horaires adaptables par le préfet pour « protéger la faune et la flore sensibles à cette lumière ». Dans le cas où « l'entreprise maintient son éclairage nocturne au-delà de ce délai, elle doit alors payer une astreinte de 200 € par jour et par dispositif (publicité, enseigne, vitrine, etc.) ». Le stade suivant, c’est le pénal, où « l'entreprise encourt également une amende de 1.500 € ».
Et voilà la nouveauté, comme l’a annoncé Mme Pannier-Runacher au micro de Jean-Jacques Bourdin, sur Sud Radio : avec l’horaire plus restrictif, « nous modifions aussi le système d’amende pour que les maires puissent prononcer très facilement des sanctions administratives. Un peu comme un PV lorsque vous êtes mal garé alors qu’avant, il fallait passer devant le juge. » Le montant de l’amende reste donc inchangé, mais désormais, elle tombera directement.
Il paraît que tout cela va nous permettre de réaliser de substantielles économies d’énergie. La mère Fouettarde sera vigilante, comme elle le fut l’hiver dernier en nous menaçant de 150 € d’amende si, d’aventure, il faisait plus de 19° à la maison. Mme Pannier-Runacher ne nous demande pas (encore) de baisser le thermostat, mais elle enjoint les communes à réduire « de 30 à 50 % l’intensité lumineuse des éclairages publics ».
La notion de « sobriété subie »
Les commerçants vont mal. Les gens n’achètent plus, ne sortent plus, et s’il leur faut maintenant raser les murs, le soir venu, et s’éclairer les pieds à la lampe frontale, ils sortiront encore moins. À l’époque où elle était secrétaire d'État auprès de Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher avait préfacé un ouvrage d’anticipation : Vers la renaissance industrielle. Bilan : 287 exemplaires écoulés… À la hauteur du bilan.
Ayant changé de casquette pour s’occuper de la Transition écologique, elle s’inquiétait, voilà un an tout juste, du sort de ces Français « en état de sobriété subie ». À qui songeait-elle ? Aux commerçants déjà, aux boulangers peut-être ? On en doute. Car les économies, qu’elles soient d’énergie ou financières, c’est toujours pour le citoyen de base. Le Français qui se lève tôt, celui qui paie ses impôts et ses factures, se prend des PV parce qu’il faut rouler à 70 à l’heure sur une route déserte ou éteindre sa vitrine au coup de sifflet. Pas pour l’État obèse et pas pour le Président qui, se prenant pour le phare du monde, fait le tour de la planète trois fois par an.
Marie Delarue
https://www.bvoltaire.fr/ecologie-punitive-eteignez-la-lumiere/