Depuis le mois d’août 1999 et le démontage à Millau d’un restaurant en construction appartenant à la firme MacDonald’s, José Bové a acquis une notoriété internationale. Le porte-parole du syndicat agricole français, la Confédération paysanne, le doit à quelques actions habilement médiatisées : démolition d’un restaurant à une période de l’année où les journalistes estiment que l’actualité tourne au ralenti, arrachage des plants d’organismes génétiquement modifiés (O.G.M.), lever devant les photographes ses mains menottées... Ce formidable communicateur a réussi son pari. L’immense succès de Larzac 2003 qui se tint les 8, 9 et 10 août dernier en a administré une nouvelle preuve.
José Bové a un physique sympathique. Son abondante moustache en fait un moderne Gaulois en lutte contre l’impérialisme marchand. Ce n’est pas un intellectuel germanopratin qui ne connaît le paysan qu’à travers une vision édulcorée et des clichées propres au mythe du « bon sauvage ». Bové vit de son travail sur le Larzac en produisant du fromage. Détenteur d’aucun mandat électoral, il n’appartient pas aux élites pensantes et dirigeantes de l’Hexagone. Il provient vraiment de la « France d’en-bas ».
Dans les années 1970, le Larzac fut le lieu de convergence de toutes les protestations sorties de Mai 68. Opposés à l’extension du terrain militaire situé sur le plateau, les derniers paysans reçurent - d’abord inquiets et stupéfaits - l’appui des gauchistes, des régionalistes, des écologistes, des pacifistes et des antimilitaristes. Élu président de la République, François Mitterrand annula le projet. Le plateau continua à s’agiter en soutenant les manifestants antinucléaires ou les Kanaks de Nouvelle-Calédonie. À l’instar de José Bové, des militants de sensibilité libertaire s’installèrent sur le causse où, conseillés par leurs amis paysans, ils devinrent des néo-ruraux.
Les combats de José Bové
En 1999, quand les États-Unis décident, en rétorsion à une mesure de la Commission de Bruxelles, de relever de 100 % les droits de douane sur certains produits européens, dont le roquefort des Causses, Bové et ses amis réagissent de la manière que l’on sait. Les O.G.M. et l’O.M.C. (Organisation mondiale du commerce) constituent dès lors des cibles prioritaires.
Alors que son propre père, scientifique de son état, est favorable aux O.G.M., José Bové les rejette avec virulence au nom du principe de précaution. Il accuse les industries agro-alimentaires de taille mondiale telles que Monsanto, de favoriser la dépendance des paysans. Pour pouvoir semer et obtenir une récolte, ceux-ci devront sous peu leur verser une redevance et se servir uniquement auprès d’eux, propriétaires des brevets sur les gènes des graines. La Confédération paysanne a fait de la lutte contre les O.G.M. l’un de ses chevaux de bataille. Mais l’antériorité du combat ne lui revient pas. Tout comme pour l’O.M.C., un autre syndicat agricole français, la Coordination rurale, contesta, dès 1992, les O.G.M. et en appela à la vigilance de l’opinion publique.
Le refus d’une innovation biotechnologique surprend de la part d’un homme aux convictions anarcho-syndicalistes affirmées. Il a appris pendant sa jeunesse à douter de la technique. Aux débuts de la décennie 1970, le jeune Bové arrive à Bordeaux pour faire hypokhâgne. Il délaisse vite l’aridité des études pour fréquenter les cénacles libertaires. En leur compagnie, il fait la connaissance d’un universitaire, spécialiste de droit public et de philosophie politique, en particulier du marxisme, bien qu’il ne soit pas lui-même communiste, qui publie des ouvrages confidentiels analysant la technique : Jacques Ellul. L’enseignement de l’auteur de La technique, l’enjeu du siècle est déterminante pour Bové. Il en retire que la prise du pouvoir de style révolutionnaire est vaine, que l’action politique électorale corrompt les convictions et que seules des revendications locales peuvent durablement gripper la Machine. On retrouve là la discrète influence du compère d’Ellul, Bernard Charbonneau.
José Bové et son syndicat réclament la souveraineté alimentaire pour chaque peuple. Chaque nation doit être auto-suffisante. C’est une dénonciation des principes libéraux ricardiens de libre-échange. Or l’O.M.C. a pour vocation d’imposer le maximum de fluidité commerciale entre ses États membres. Contre les États récalcitrants ou protectionnistes, elle dispose d’un tribunal des litiges qui a le pouvoir de les sanctionner. Institution où les hauts fonctionnaires sont libéraux, l’O.M.C. promeut la libéralisation quasi-totale de toutes les activités économiques. Ainsi, l’A.G.C.S. (Accord général sur le commerce des services) propose la soumission de l’enseignement ou de la médecine aux lois du marché.
Le mouvement altermondialiste
L’opposition de José Bové à la marchandisation du monde a suscité la cristallisation d’un mouvement aux contours mal définis qu’on a d’abord appelé l’« anti-mondialisme » avant de le renommer, avec raison, l’« altermondialisme ». En effet, les altermondialistes ne sont pas anti-mondialistes. Qui sont-ils au juste ?
En France, à part la Confédération paysanne, on trouve A.T.T.A.C. (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens). À l’origine, en 1998, il s’agissait de faire pression sur les gouvernements des États développés afin qu’ils instaurent une taxe de 0,1 à 0,25 % sur les transactions monétaires (opérations de change d’une monnaie à une autre). A.T.T.A.C. s’appropriait une proposition émise en 1978 par James Tobin (1918 - 2002), prix Nobel d’économie en 1981. Cependant, peu de temps avant de décéder, Tobin récusa son idée et il condamna l’altermondialisme naissant. Bien qu’officiellement apolitique, A.T.T.A.C. rassemble surtout les militants des différentes gauches installées. Son président-fondateur, Bernard Cassen, est proche des souverainistes républicains. Son nouveau président, Jacques Nikonoff, adhère au P.C.F. Bénéficiant d’une audience croissante et à l’origine d’A.T.T.A.C., le mensuel Le Monde diplomatique d’Ignacio Ramonet diffuse dans l’opinion les mots d’ordre altermondialistes. Autour de ces deux piliers s’agrègent Les Verts, l’extrême gauche trotskyste d’origine pabliste (1) (la Ligue communiste révolutionnaire), les courants critiques des partis communiste et socialiste, et toute une kyrielle d’associations d’action catégorielle (les sans-papiers, les banlieues, les sans-logis, les chômeurs...). À leur périphérie gravitent enfin des noyaux incontrôlés et incontrôlables, responsables d’actions violentes : les Autonomes.
Tous sont contre la mondialisation libérale, mais ils ne repoussent pas l’idée de mondialisation en soi, d’où de sévères contradictions. Souverainistes en agriculture, les altermondialistes se méfient de la souveraineté politique. Ils condamnent la circulation des capitaux tout en exigeant l’abolition de toutes les frontières et la circulation sans contraintes des êtres humains. À « l’horreur économique » du libéralisme, ils préconisent une « mondialisation heureuse ». Au-delà d’un comportement qui se veut rebelle et protestataire, l’altermondialisme n’incarne en fait qu’une attitude réformiste exaltée. La taxe Tobin est l’exemple même de la fausse bonne idée : une mesure qui ne limerait que les dents du capitalisme, selon la remarque pertinente d’Arlette Laguiller. La mise en place de cette taxe supposerait en outre l’établissement d’une bureaucratie internationale, rouage supplémentaire à l’édification d’un État mondial.
Des commentaires aberrantes
Les opposants habituels de l’altermondialisme et de José Bové auraient pu se focaliser sur ces quelques contradictions. Ils se contentent d’ânnoner des oukases et de proférer des lieux communs. Le député de l’Essonne et secrétaire exécutif du conseil de développement durable de l’U.M.P. (qui en aurait besoin ?), Nathalie Kosciusko-Morizet, déclare au Figaro (11 août 2003) que « parler de la France réelle, comme le fait Bové, a des relents d’idéologie maurrassienne ». Oh, l’horrible comparaison disqualifiante ! Quand on ne sait pas répondre à de bonnes questions, on sort Maurras en attendant peut-être Céline et Gobineau ! Que sait Mme Kosciusko-Morizet de la pensée de Charles Maurras, à part quelques balivernes crachées en Sciences Po ? A-t-elle au moins lu un seul de ses ouvrages ? Parler de la France réelle serait-il l’indication du caractère fasciste de l’interlocuteur (alors que Maurras ne le fut pas) ? Historiquement datée, la pensée maurrassienne mérite un examen approfondi mieux qu’une sentence péremptoire. Le député de l’Essonne préférait-il évoquer la France irréelle, hypothétique, abstraite ? Si c’est le cas, ses électeurs apprécieront. On comprend pourquoi les Français préfèrent se confier aux représentants du monde social plutôt qu’aux politiciens, fussent-ils en jupon. Autre exemple de sottise lancée à l’encontre de Bové et des altermondialistes. Dans Le Figaro Magazine (16 août 2003), Joseph Macé-Scaron considère qu’« il est [...] significatif de voir qu’en trente ans les contestataires du Larzac n’ont produit aucune idée neuve, n’ont émis aucune proposition originale, n’ont construit aucune alternative crédible. Terre stérile. Hasard ? Ils n’ont pas davantage participé aux consultations démocratiques. Excepté en 1988, quand certains d’entre eux se mirent dans la tête de lancer Coluche dans un tour de piste présidentiel... » L’assertion est fausse parce que le comique Coluche décéda en 1986 ! Spécialiste pour supermarchés de Montaigne, Macé-Scaron se trompe dans les dates. Coluche voulut se présenter en 1981 et sa candidature reçut l’appui du show biz et du cinéma français, pas celui des futurs altermondialistes. Cet éditorialiste montre sa parfaite méconnaissance du phénomène altermondialiste.
José Bové mérite malgré cela d’être contredit, d’une manière sérieuse et intelligente. Et celui qui peut le mieux montrer l’impasse de l’altermondialisme n’est autre que René Riesel. Inconnu du public, Riesel a déjà fait parlé de lui. C’était en 1968 à l’université de Nanterre. Chef de file des « Enragés », il porta à son paroxysme la contestation étudiante. Membre de l’Internationale situationniste de Guy Debord avant d’en être exclu, Riesel a été longtemps un proche de Bové (2). Secrétaire général de la Confédération paysanne, il participe à l’arrachage d’O.G.M., ce qui lui vaut une lourde condamnation pénale. En 1999, il démissionne de son poste et rompt avec ses amis.
La radicalité absolue de Riesel
Qu’est-ce qui est à l’origine de la rupture ? C’est la médiatisation des coups d’éclat. En situationniste, Riesel refuse toute récupération par le système. Or il constate que Bové accepte, sciemment ou non, de se faire instrumentaliser par la « vieille gauche », c’est-à-dire l’extrême gauche et la gauche institutionnelles. Il accuse « une pseudo-contestation qui en appelle à l’État interventionniste pour tenir et moraliser les marchés, assurer l’existence des agriculteurs ». Il pourfend la « gauche citoyenniste » qui n’est que « la tentative de restauration du parti des vaincus historiques, c’est-à-dire des partisans de l’État, vaincu à leurs propres yeux - la souveraineté des États s’effrite, etc. -, mais ne désespérant pas d’en refonder un qui serait, cette fois, “vraiment citoyen” » (Libération, 3-4 février 2001). « Ils n’ont rien à dire sur l’aliénation, parce que ça ne les intéresse pas : ils ne sont que d’anciens gauchistes, d’anciens staliniens, qui modernisent un peu leur discours » (Le Monde, 23 novembre 2002).
Intransigeant, Riesel vomit les réformistes forcenés de l’« autre mondialisation (heureuse celle-là) ». Pis, il n’hésite pas à ferrailler contre l’idéologie du progrès. « La radicalité, c’est littéralement, “prendre les choses à la racine”. [...] C’est critiquer les bases techno-scientifiques de la société moderne, comprendre la parenté idéologique profonde entre le progressisme politique et social (c’est-à-dire la “mentalité de gauche” telle que la définit Theodore Kaczynski) et le progressisme scientifique. L’industrialisation est depuis la “révolution industrielle” en Angleterre une rupture fondamentale avec l’essentiel du processus d’humanisation. Sans civilisation paysanne, c’est la civilisation tout court qui se défait, on le constate aujourd’hui. Et la signification historique de l’industrialisation, sa vérité profonde devenue manifeste au XXe siècle, c’est la destruction : avec Auschwitz et Hiroshima, on a les deux fonts baptismaux sur lesquels a été portée l’époque contemporaine. » (Libération, op. cit.). Le transgénisme et le commerce mondial ne sont que des purulences de ce phénomène global qu’est le « système technicien ».
Contestation de la contestation
René Riesel ne mène pas un combat solitaire. Il bénéficie de l’aide d’une mouvance ultra-ellulienne et néo-luddite (3), qui s’exprime depuis 1984 par l’intermédiaire d’une revue à la parution irrégulière, L’Encyclopédie des nuisances, d’une maison d’édition qui publie George Orwell et Bernard Charbonneau (4), les Éditions de L’Encyclopédie des nuisances, et la Société contre l’obscurantisme scientiste et le terrorisme industriel. On dénonce le Progrès, la croissance économique, la course à la vitesse (automobile, T.G.V., transports aériens), la nucléocratie, la technologisation de la vie quotidienne. Ce discours sans concessions dérange les nombreux altermondialistes qui, menant une vie petite-bourgeoise, participent en fait au système honni. N’est-ce pas paradoxal de venir au Larzac en voiture ? Malgré la sécheresse et le risque constant de pénurie d’eau, certains participants continuèrent à prendre leur douche quotidienne... Les paysans du plateau ne collaborent-ils pas avec le productivisme, dénigrés par ailleurs, en utilisant des machines à traire mécaniques ?
Le mouvement altermondialiste français risque de connaître à son tour l’évolution désastreuse des Grünen. Au milieu des années 1990, les Verts allemands ont amendé leur programme et renoncé à blâmer l’automobile afin d’élargir leur électorat potentiel aux nouvelles classes moyennes favorisées, les futurs « bo-bo » (bourgeois bohèmes). Le processus a dès à présent commencé puisque sur le Larzac, les altermondialistes se sont liés à la plupart des mouvements sociaux du printemps et de l’été (les enseignants, les intermittents du spectacle, les postiers). Or la majorité des revendications exprimées témoigne d’une appréhension « conservatrice » et individualiste des problèmes. Fabrice Nicolino l’a très bien compris. Qu’a-t-il écrit de si grave dans Politis (8 mai 2003) pour devoir ensuite démissionner de cette revue dont il était l’un des journalistes les plus anciens ? « Nous sommes, écrit-il, - grosso modo 500 millions d’habitants du Nord - les classes moyennes du monde réel. Nous consommons infiniment trop, et précipitons la crise écologique, jusqu’à la rendre peut-être - probablement - incontrôlable. Tandis que quatre à cinq milliards de ceux du Sud tiennent vaille que vaille avec deux ou trois euros par jour, nous vivons de plus en plus vieux, et ne travaillons pour de vrai qu’à partir de 23 ou 25 ans. La conclusion s’impose : ne touchons surtout à rien ! [...] Le syndicalisme, fût-il d’extrême gauche ou prétendument tel, est devenu réactionnaire. Où trouve-t-on la moindre critique de la prolifération d’objets inutiles et de l’hyperconsommation chère à tant de retraités ? [...] Je ne serai plus jamais solidaire avec ceux qui, ayant “conquis” la télé, la voiture individuelle, le magnétoscope, la chaîne hi-fi, le téléphone portable et le lecteur D.V.D., se préparent à de nouvelles campagnes d’hyperconsommation. [...] Ceux qui se battent pour le maintien de leur situation personnelle, souvent privilégiée sur le plan personnel, sans remettre en cause nos manières concrètes de vivre et de gaspiller ont tort. » La juste colère de Nicolino s’inscrit dans le sillage des réflexions de Riesel et de L’Encyclopédie des nuisances. Ils savent que le petit confort sophistiqué des « bo-bo » d’Occident se construit sur l’essor incessant de la technoscience et le détournement des ressources naturelles de la Terre.
Insuffisances et naïvetés de la technophobie
Les appels de Riesel (5), Nicolino et autres expriment de salutaires mises en garde. Toutefois, ils comportent en eux une technophobie difficilement acceptable. Il serait certes agréable de vivre comme Riesel dans une bergerie de Lozère. Mais, en cas de grave maladie, combien parmi ces anti-techniciens suivraient-ils l’exemple d’Ivan Illich qui, le visage défiguré par un virus, refusa de se faire soigner ? Les néo-luddites oublient que la technique est plus que jamais un enjeu et un facteur de puissance. La rejeter, l’exclure ou l’ignorer signifierait accepter en dernière analyse la domination de tous ceux qui auraient fait le choix de la valoriser. Un monde paisible est irénique, sauf si une instance mondiale pourchasse et éradique la technique sur tous les continents. Ce serait alors la réalisation d’un nouveau totalitarisme de portée planétaire. Qu’on le veuille ou non, la technique influe sur notre vie ; elle appartient à notre milieu. Il faut s’en servir avec précaution, sagesse et circonspection.
Formidable « attrape-bo-bo », l’altermondialisme est aussi une variante modifiée, redoutable par sa séduction, du mondialisme. La mondialisation n’est pourtant pas une fatalité. L’expansion indéfinie de la sphère marchande à tous les domaines de la vie n’est pas l’avenir du genre humain. Elle n’est pas la loi de la gravitation universelle ou le cycle des jours et des nuits. On peut s’y opposer. Les échanges entre pays et continents ont de tout temps existé. Leur justification théorique résulte d’une révision complète de la conception du monde des Européens entre la fin du Moyen Âge et le milieu du XVIIe siècle.
Si rien n’est entrepris, du fait de sa complexification croissante, la mondialisation parviendra le moment venu à demander - et obtenir - sa régulation par une entité globale issue des blocs régionaux. On ne peut, on ne doit pas souscrire à cette conception, car, en attendant la découverte (hypothétique) de formes intelligentes hors de notre planète, l’échelle continentale marque le stade ultime de la souveraineté. Non pas qu’une souveraineté mondiale soit impossible, elle serait indubitablement tyrannique.
Contrer la mondialisation, l’Europe apparaît - au même titre que les autres ensembles régionaux supranationaux - comme le moyen le plus apte à résister à cette funeste tendance. Il faudrait nonobstant qu’elle se libère au préalable du carcan mondialiste que lui ont tricoté ses dirigeants. Une Europe souveraine solidement appuyée sur des communautés locales florissantes et s’orientant résolument sur une politique de relocalisation de l’économie, parviendrait à rendre la mondialisation négligeable. Denis de Rougemont l’avait pressenti. Contre le globalitaire (expression de Paul Virillo forgée à partir de global et de totalitaire), l’entente entre le continental et le local est incontournable. Une nouvelle alliance est vitale. Faisons-là sans tarder !
Notes
1 : Après la Seconde Guerre mondiale, une tendance trotskyste animée par Michel Raptis dit « Pablo » entreprend une politique d’entrisme au sein des partis communistes pro-soviétiques en vue de constituer à terme une faction liée à la IVe Internationale.
2 : Sur l’activisme de Riesel en 1968 et sa participation à l’Internationale situationniste (I.S.), on se référera avec profit à René Viénet, Enragés et Situationnistes dans le mouvement des occupations, Gallimard, 1968, et à Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord (1931 - 1994), Plon, collection « Agora », 1999, pp. 341-409. Admis vers juin 1968 à l’I.S., Riesel en est exclu en septembre 1971.
3 : Les luddites désignent des bandes d’ouvriers anglais qui, à la suite de Ned Ludd, détruisèrent entre 1811 et 1816, les machines accusées de leur voler le travail. Ce fut une réaction populaire violente au machinisme.
4 : Les Éditions de l’Encyclopédie des nuisances (80, rue de Menilmontant, 75020 Paris) ont publié Relation de l’empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de syndrome de l’huile toxique (1994) par Jacques Philipponneau, L’âge de l’ersatz et autres textes contre la civilisation moderne (1996) par William Morris, La société industrielle et son avenir (1998) par Theodore Kaczynski - le fameux Unabomber -, Après l’effondrement : notes sur l’utopie néotechnologique (2000) par Jean-Marc Mandosio, L’obsolescence de l’homme (2002) par Günther Anders, Le jardin de Babylone (réédition, 2002) par Bernard Charbonneau.
5 : Les essais de René Riesel parus aux Éditions de l’Encyclopédie des nuisances sont : Déclaration sur l’agriculture transgénique et ceux qui prétendent s’y opposer (2001), Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au C.I.R.A.D. le 5 juin 1999 (2001), Du progrès dans la domestication (2003).