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Ah, si Vincent Bolloré n'existait pas !

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Vincent Bolloré est bien réel. On le sait, principalement par ses succès et les attaques qu'il subit mais qui le laissent apparemment impavide.

Mais on parle tellement de lui, son nom, son pouvoir, ses croyances, son influence, ses pensées conservatrices, sont tellement mis à toutes les sauces et pour n'importe quoi qu'il en devient presque un mythe, un personnage fantasmé qui planerait sur les esprits et les consciences et serait, pour les uns, une référence absolue, pour d'autres, un repoussoir si commode que s'en priver serait un déchirement.

À vrai dire, si on lui prête beaucoup sur les plans intellectuel et politique, si on préjuge ses idées, ses dénonciations et ses convictions, on est bien obligé de reconnaître qu'on ne sait rien avec une absolue certitude. Il s'exprime peu et personne n'est assuré de ce qu'il lui fait penser ou vouloir. Paradoxalement les éléments les plus fiables qu'on a rapportés résultent de portraits ou d'analyses qui, ayant l'ambition de le discréditer, renforçaient au contraire son aura.

Ainsi, quand Libération consacre une double page critique, voire malveillante, à Mathieu Bock-Côté, ce quotidien éprouve le besoin de préciser qu'il s'agit du "portrait du polémiste préféré de Bolloré". Qu'en sait-on ? Hier on nous annonçait qu'Eric Zemmour était l'élu. Peut-être ces deux dilections sont-elles exactes mais j'insiste sur le fait qu'on les présume.

Ce qui est sûr en revanche est que Vincent Bolloré, sur le plan du caractère, de la constance et de la solidarité, est un homme qui n'a pas peur et que la mousse et les humeurs politico-médiatiques ne perturbent absolument pas.

Cet être en réalité secret, même si on croit avoir débusqué tout ce qu'il est en le constituant, selon chacun, pour un modèle ou un contre-exemple, permet à beaucoup de se sentir dans la peau de révolutionnaires virtuels, de travailleurs en péril. Le thème de ce billet m'est venu après avoir lu dans Le Monde que "les écrivains (présents à la Foire du livre de Brive) espèrent que la reprise en main idéologique de Vincent Bolloré constatée dans les médias ne sera pas dupliquée dans l’édition".

On ne peut s'empêcher de sourire face à cet article qui montre la diversité des réactions au regard de la présence menaçante (selon certains) de Vincent Bolloré rachetant Hachette.

Quelques-uns n'étaient même pas au courant : Bertrand Périer et Dominique Besnehard.

D'autres demeurent dans une grande prudence, un attentisme précautionneux et vont laisser leur éditeur, au sein d'Hachette, décider pour eux.

Plus drôle: la sorte d'espérance à la fois craintive et audacieuse d'une minorité impatiente d'être brimée et qui sera infiniment déçue quand évidemment elle ne le sera pas... Une comparaison absurde est faite avec la reprise en main éditoriale qui "serait criante dans les télévisions de Vivendi - du boulevard médiatique tracé à Eric Zemmour sur CNews à la diffusion des messes..."

Sur le premier point, cela date. Sur le second, les regarde qui veut.

Il est clair que Vincent Bolloré est surtout à usage externe : il est fondamental pour tous ceux qui ont besoin de s'imaginer héros sans l'être, résistants sans motifs et intrépides pour rien. Il y a des personnalités qui à bon compte justifient les combats en chambre et les libelles confortables. Celui qu'on vise et qu'on cible ne répondra pas. N'est-ce pas, Erik Orsenna ("Histoire d'un ogre") ?

L'ennui, pour tous les adversaires compulsifs de Vincent Bolloré, est qu'il n'est pas seul. Parce qu'une personnalité est singulière, unique, on souhaiterait qu'elle ne représentât qu'elle-même. Mais je regrette d'avoir à formuler cette évidence : si Vincent Bolloré est conservateur, nous sommes nombreux à l'être avec lui.

J'anticipe: je n'ai jamais rencontré Vincent Bolloré. Qu'on se rassure donc : ce post m'est inspiré seulement par une sorte de compassion à l'égard de tous ceux qui seraient si malheureux "si Vincent Bolloré n'existait pas".

Ils l'inventeraient.

https://www.philippebilger.com/blog/2023/11/ah-si-vincent-bollor%C3%A9-nexistait-pas-.html

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