05/12/2023
Des documents confidentiels font état des tentatives répétées du Qatar, du Maroc et de la Mauritanie d’influencer des décisions de Strasbourg. Et mentionnent les sommes d’argent reçues par des eurodéputés
On n’a pas fini d’entendre parler du Qatargate, affaire de corruption à ressorts venue ternir l’image du Parlement européen. Des centaines de documents issus de l’enquête policière ont pu être consultées par Politico. Les révélations contenues dans ces Qatar Files détaillent le lobbying actif du Qatar, mais aussi du Maroc et de la Mauritanie, pour tenter d’influencer certaines prises de décision à Strasbourg, avec la complicité d’eurodéputés séduits par les liasses de billets proposées. Plus de 300 tentatives présumées de «manipulation de la démocratie européenne» ont été recensées.
Les preuves issues de l’enquête pour corruption du Parlement européen font état de plus de 300 tentatives présumées de manipulation de la démocratie européenne.
Une vaste collection de documents divulgués lors de l’enquête policière sur la plus grande affaire de corruption ayant frappé l’UE depuis des décennies – consultée par POLITICO – révèle toute l’ampleur du scandale d’argent au Parlement européen.
Pendant quatre ans, les dossiers suggèrent que des suspects clés, dont l’ancien député européen Pier Antonio Panzeri et son assistant Francesco Giorgi, ont méticuleusement tenté de corrompre le Parlement, l’organe démocratique le plus important de l’UE.
Leurs payeurs présumés au Qatar, au Maroc et en Mauritanie ont dépensé environ 4 millions d’euros pour ces travaux, selon les informations contenues dans les dossiers.
Parmi les actions enregistrées dans les documents, certaines ont eu un impact significatif sur le fonctionnement de l’Union européenne, comme la tentative de faire échouer six résolutions parlementaires condamnant le bilan du Qatar en matière de droits de l’homme. Mais les opérations pourraient aussi être mesquines : Giorgi a un jour noté que chaque exemplaire d’un livre peu flatteur sur le Qatar qui pouvait être trouvé au Parlement avait été soigneusement « détruit ».
01/09/2023
Les enquêteurs en charge du dossier du Qatargate ont mené des perquisitions, le 19 juillet dernier, dont une dans l’appartement bruxellois d’Ugo Lemaire, le fils de Marie Arena. Ils y ont découvert une somme d’un peu plus de 280.000 euros en liquide. L’appartement était attenant à celui de l’eurodéputée socialiste.
15/06/2023
Nouveau volet dans l’affaire du Qatargate ? Un logiciel espion a été découvert dans certains téléphones de policiers et magistrats belges. Le nombre exact d’appareils touchés n’est pas encore connu mais celui du juge d’instruction chargé de l’affaire de corruption au Parlement européen, Michel Claise, figurerait sur la liste.
C’est à la suite de soupçons d’espionnage que plusieurs appareils, de procureurs, juges d’instruction, policiers ou encore membres du personnel de justice, ont été confiés aux policiers fédéraux de la Computer crime unit (FCCU), spécialisés dans la cybercriminalité. Après plusieurs analyses, des traces d’un logiciel espion ont été trouvées sur certains téléphones.
27/05/23
L’eurodéputée grecque Eva Kaili, impliquée dans le scandale du “Qatargate”, prévoit de reprendre ses fonctions la semaine prochaine, suite à l’autorisation de retirer son bracelet électronique jeudi, a déclaré vendredi son avocat.
“La semaine prochaine, elle sera au Parlement européen pour exercer ses fonctions”, a affirmé l’avocat grec d’Eva Kaili, Michalis Dimitrakopoulos, à la chaîne de télévision grecque Skaï.
Elle demandera également au Parlement de déterminer si sa surveillance, son arrestation et son incarcération ont violé ses droits en tant que députée européenne, a ajouté Michalis Dimitrakopoulos.
Ancienne étoile montante du Parlement européen, Eva Kaili a été déchue de sa fonction de vice-présidente et exclue de son groupe au parlement des Socialistes et Démocrates (S&D).
17/01/23
Rebondissement spectaculaire dans le Qatargate : l’ex-eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, suspect clé actuellement écroué, a accepté mardi de collaborer avec la justice belge et de livrer ce qu’il sait sur ce scandale de corruption présumée au profit du Qatar.
Au terme de cet accord, l’ancien élu socialiste s’engage à informer les enquêteurs sur le modus operandi de la fraude, les arrangements financiers avec des États tiers, l’identité des personnes “qu’il admet avoir corrompues” et l’éventuelle implication de personnes “non encore connues dans le dossier”. Ses déclarations devront être “substantielles, révélatrices, sincères et complètes”, a précisé le parquet fédéral.
En échange de cette coopération, l’ex-député, devenu en 2019 dirigeant de l’ONG Fight Impunity établie à Bruxelles, sera condamné à une peine de prison ferme “limitée”.
Son avocat Laurent Kennes a précisé à l’AFP que cette peine négociée avec le parquet n’excéderait pas un an ferme. “Une peine de cinq ans sera prononcée, mais avec du sursis pour la partie excédant un an. Cela veut dire qu’il va subir un an en détention, dont une partie sous bracelet électronique”, a affirmé Me Kennes.
« Envie de déballer »
“Il a envie de déballer, il veut voir le bout du tunnel”, a ajouté l’avocat sur la chaîne francophone RTBF, soulignant que M. Panzeri avait “reconnu avoir été l’un des dirigeants d’une organisation criminelle (…) en lien avec le Qatar et le Maroc”. D’après la presse, le Maroc a utilisé le responsable italien comme point d’entrée pour appuyer ses intérêts au Parlement européen. Mais comme le Qatar, le royaume chérifien a fermement contesté ces allégations de corruption.
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