Pour les marxistes-léninistes et leurs émules, il est légitime de tuer « l’ennemi de classe », de l’humilier, d’en dégrader l’humanité. Lénine était d’une clarté absolue sur le sujet, lui qui réclamait « une impitoyable terreur de masse » et qui voulait « nettoyer la terre russe de tous les insectes nuisibles », « ces insectes qui se défendent en répandant un fluide nauséabond ». Dans une lettre au commissaire du peuple à la justice Koursky, il expose : « la justice ne doit pas supprimer la terreur mais la fonder et la légitimer en principe, clairement, sans faux-fuyants ni ornements ». En 1922, lors de la terrible famine qui fit six millions de morts, alors que le clergé orthodoxe tentait de secourir le peuple il écrit, dans une directive au politburo : « plus le nombre de représentants du clergé réactionnaire et de la bourgeoisie réactionnaire passés par les armes sera important, et mieux ce sera pour nous ». L’élimination de « l’ennemi de classe » est donc légitime, salutaire. Il s’inspire au demeurant de la terreur jacobine comme l’exprime un article de la Pravda (n°75) du 7 juin 1917 : « l’exemple des Jacobins est riche d’enseignements. Il n’a pas vieilli mais il faut l’appliquer à la classe révolutionnaire du XXème siècle, aux ouvriers et aux semi prolétaires ».
Ce rappel éclaire le mutisme de bien des ONG, de l’ONU et de ses agences sur les violences abjectes faites aux femmes israéliennes. Ces organismes sont imbibés de wokisme qui est devenu leur grille de lecture du monde. Or, au fond, qu’est-ce que le wokisme ? Le recyclage de la vieille dialectique marxiste léniniste de l’exploitant et de l’exploité, du dominant et du dominé augmentée de la haine de soi développée par certains idéologues occidentaux. Sur le plan interne ceux-ci ont trouvé dans les minorités un substitut à un prolétariat dont la force révolutionnaire était émoussée et sur le plan international les peuples du sud, notamment musulmans, qui seraient opprimés de façon systémique par l’occident.
Dès lors le conflit entre Israël et le Hamas n’est pas vu comme la lutte d’un État pour sa survie contre un mouvement terroriste qui veut sa destruction, mais de la lutte d’un peuple opprimé du sud contre son oppresseur occidental. Il s’agit donc d’une forme de guerre révolutionnaire et les Israéliens sont des « ennemis de classe », des « ennemis du peuple » palestinien. Au mieux les victimes du 7 octobre ne sont que la triste conséquence de la révolte légitime d’un peuple opprimé de façon « systémique », au pire ils ont mérité leur sort.
La critique du « deux poids, deux mesures » est vaine si l’on ne comprend pas qu’elle s’inscrit dans une logique idéologique et révolutionnaire dans laquelle il y a des victimes qui ne comptent pour rien, qu’il faut oublier car elles doivent disparaître dans les poubelles de l’Histoire : les « réactionnaires » et autres « oppresseurs systémiques ». Et les bonnes victimes qu’il faut magnifier : les martyrs de la révolution et de l’oppression. Ainsi les héros qui résistent aux tentatives révolutionnaires et totalitaires doivent-ils être discrédités ou tomber dans l’oubli mémoriel. Les Vendéens sont un bon exemple de cette volonté mémoricide et chacun aura noté que les 100 millions de victimes du marxisme-léninisme ne troublent guère le sommeil de la gauche intellectuelle et médiatique, qui fut souvent complice en esprit et parfois en action comme Georges Boudarel.
Le silence qui entoure le sort des femmes israéliennes et des otages est scandaleux mais s’inscrit dans la logique woke. Ne nous y trompons pas, la guerre qui se déroule actuellement au Moyen-Orient est plus qu’une guerre contre Israël. Rechercher une solution à deux États est louable mais ce n’est plus là l’enjeu d’un conflit qui est une guerre révolutionnaire de la barbarie contre la civilisation occidentale.
Stéphane Buffetaut
https://www.bvoltaire.fr/chronique-femmes-violees-par-le-hamas-un-assourdissant-silence/