« Grande nouvelle, lance-t-elle. C’est un moment historique ! […] Nous l’avons fait ! Nous avons un accord sur l’ensemble du Pacte asile et migration. » À l’entendre, une ère nouvelle se lève : « Je suis si fière aujourd’hui, nous l’avons fait ! » Ylva Johansson n'a jamais caché ses opinions : c'est elle qui réclamait plus de migrants et encourageait à « un discours positif sur l'immigration ». Pour la macroniste Fabienne Keller (Renew Europe), c’est « une grande victoire européenne » qui respecte « les valeurs humanistes ». L’extrême gauche, elle, parle de honte et de texte inhumain…
Toujours le même ton, celui de la compassion
Une telle euphorie chez les européistes qui ne brillent pas par leur respect des peuples a de quoi inquiéter. En effet, une fois de plus, le spectacle au sein du Parlement français a masqué l’essentiel : les manœuvres de l’Europe supranationale qui imposera à tous, en France comme ailleurs, droite, gauche et centre confondus, sa politique migratoire. Le communiqué officiel du Parlement ne s’en cache nullement. « L’Europe disposera désormais d’un cadre législatif solide identique dans tous les États membres. » France comprise, donc.
Le préambule du communiqué officiel donne le ton, toujours le même : celui de la compassion. Selon le communiqué officiel du Parlement européen, l'accord revendique « une approche qui fonctionne et qui protège, une approche humaine et juste pour ceux qui demandent protection, ferme avec ceux qui ne sont pas éligibles, forte face à ceux qui exploitent les plus vulnérables ». Pour la fermeté et la force, on demande à voir…
Commençons par les mesures dites « dures » par les associations immigrationnistes. La réforme « permettra d’identifier plus efficacement ceux qui arrivent sur le territoire de l’UE ». Concrètement, les pays dans lesquels les migrants arriveront en Europe disposeront de photos des impétrants, en plus des empreintes digitales, « y compris pour les enfants à partir de l’âge de six ans ». En quoi ce système sera-t-il beaucoup plus efficace que le précédent ? Poser la question, c’est y répondre.
L’accord « établit une procédure commune dans l’ensemble de l’UE pour accorder ou retirer une protection internationale (c’est-à-dire l’asile), remplaçant différentes procédures nationales ». Encore une liberté ultra-sensible arrachée aux élus de la nation France à nos députés.
Coûteuse solidarité
Mais l’objectif de tout ce déploiement, l’essentiel, c’est bien cette « solidarité obligatoire avec les pays de l’UE dont il est reconnu qu’ils sont soumis à une forte pression migratoire ». Elle permet, cette solidarité, « aux autres États membres de choisir entre la relocalisation des demandeurs d’asile sur leur territoire et le versement de contributions financières ». En clair, les États européens s’engagent à prendre en charge au moins 30.000 personnes par an ou à payer une compensation financière de 20.000 euros par demandeur non relocalisé. Chaque année, les mêmes États membres annonceront leurs engagements. Le nouveau règlement fixe le seuil minimal de relocalisation à 30.000 demandeurs et la contribution financière à 600 millions d’euros. Côté migrant, pour échapper au voyage de retour, l’éventail des moyens s’élargit : un diplôme obtenu après un an d’étude dans un pays membre suffira à justifier une demande d’asile. L’aide juridictionnelle sera gratuite à tous les stades de la procédure, financée par l’Europe, etc. « Pour lutter contre l'immigration illégale, l'UE la transforme en immigration légale », résume la députée européenne RN Patricia Chagnon.
Bien sûr, rien dans les textes sur l’obligation de demander l’asile hors de l’Europe, dans le pays d’origine. Rien sur la suspension des aides européennes aux pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants immigrés illégaux et leurs OQTF. Comment pousser plus loin le cynisme ? Avec l’Europe, on n’est jamais déçu : « La migration était la principale préoccupation des citoyens dans l’ensemble de l’Union lors des élections de 2019, constate le communiqué officiel du Parlement. La réalisation de ce paquet avant la fin de l’année est un énorme succès pour le centre pro-européen constructif avant le début d’une année électorale en Europe. » Autrement dit, les peuples européens sont saturés d’immigration et la refusent, dépêchons-nous de rendre son accélération irréversible avant les prochaines échéances électorales. En tout respect de la démocratie, bien sûr ! Mais si cela fait plaisir à Mme Johansson...