Christopher Gérard est un homme de goût. Ce dandy païen ne se contente pas de l’élégance de ses célèbres costumes trois-pièces sur mesure et consacre une certaine idée de la littérature dans ses textes. Il vient de publier aux éditions de la Nouvelle Librairie un recueil de notes de lecture Les Nobles Voyageurs, au programme, éloge du style, de la liberté et de la littérature européenne.
Paru initialement sous le nom de Quolibets aux éditions L’Age d’Homme il y a dix ans, ce carnet de lectures comportait soixante-huit entrées, il en est composé dorénavant de cent vingt-deux. Cette encyclopédie contient des portraits et des notes publiés ci et là (Livr’Arbitres, Service Littéraire, blog Archaïon) dans lesquels le lecteur-auteur chante le talent des écrivains qu’il admire. Le lecteur n’y trouvera pas les « stars » de la littérature francophone mais un panthéon d’irréguliers, Les Nobles Voyageurs est constitué par les goûts de Christopher Gérard, en totale subjectivité. Il célèbre leur œuvre avec justesse et énergie sans verser dans l’éloge convenu.
Ce bruxellois natif de New York consacre une partie de son journal à ses compatriotes belges, en rendant hommage à ses maitres Robert Poulet et Pol Vandromme, mais sa patrie est l’Europe. Attaché à la mémoire européenne, il dialogue avec ses confrères écrivains, bien connus des lecteurs de la revue Eléments, antidotes à la négation de notre héritage européen : Ernst Jünger, Dominique Venner, Alain de Benoist, Michel Déon ou Jean Mabire – pour n’en citer que quelques-uns.
La relève contemporaine
Ce qui fait la particularité et l’immense intérêt de ce journal de lectures c’est qu’il laisse une très large part aux écrivains contemporains. On y retrouve les plumes talentueuses, vaillantes, courageuses de l’immense styliste Patrice Jean, du maître du polar rural Pierrick Guittaut, de l’hénaurme Olivier Maulin, du polémiste de race Bruno Lafourcade, ou encore du chroniqueur de notre modernité finissante Thomas Clavel. Virtuoses de la narration, stylistes impeccables, orfèvres du maniement de l’humour et de l’ironie, ils ont choisi le camp de la liberté, à contre-courant de la mièvrerie actuelle. Ils sont aujourd’hui les hérauts d’une littérature francophone plus que jamais vivante, dont assurément Christopher Gérard fait partie.
On ne saurait que trop recommander à nos lecteurs de se laisser entrainer dans la bibliothèque de Christopher Gérard, de flâner dans cette promenade littéraire roborative et passionnante et de découvrir l’ordre des nobles voyageurs.