Des mains de travailleuse
Pas d’appartement de fonction ni de rémunération spécifique ou d’année sabbatique, c’est un engagement bien plus authentique, correspondant parfaitement au tempérament de cette jeune femme enracinée qui ne quitterait pour rien au monde ses brebis et ses montagnes : « Cela n’a pas de prix ! ». Échangerait-elle sa place avec celle de Miss France ? Notre jolie éleveuse hésite un instant « pour les jolies robes, peut-être », mais se ressaisit et nous répond préférer rester dans son monde agricole. Elle se dit « tellement contente et reconnaissante de pouvoir monter au Salon de l’agriculture et au Sommet de l’élevage, c'est quand même un coût ». Une Miss bien en prise avec la réalité, soulignant qu'il n'y a rien d'incompatible à être coquette et éleveuse : « Cela ne m’empêche pas d’être aux bêtes, de conduire le tracteur ou de tenir la fourche. » Au téléphone, elle s’amuse d’elle-même : « On m’a fait remarquer que j’avais des mains qui représentaient le travail, et c’est vrai, je n’aime pas me faire les ongles car je n’arrive pas à travailler avec du vernis ! »
Défendre « la plus belle agriculture du monde »
Elle s’est présentée à ce concours pour « promouvoir [notre] métier de manière amusante », nous dit-elle. Lou-Anne s’est fixé comme « ligne de conduite numéro 1 la défense du terroir, encore plus ariégeois », dont elle est issue, mais aussi la défense de « l’agriculture française qui est la plus belle du monde ».
Diplômée d’une licence de droit, celle qui s'est réorientée vers la terre est surnommée par ses amis Brigitte Bardot parce qu'elle « récupère à peu près tous les animaux [qu’elle] peut sauver ». Ainsi cohabitent dans sa ferme des chats, des chiens, des poules, des oies, des lapins et une vingtaine de brebis. Qu'on ne vienne pas l'accuser de maltraitance animale ! En complément de son élevage « qui est de taille très réduite » qu’elle démarre, elle travaille comme salariée dans une exploitation et s’occupe de vaches de Gascogne. Elle doit sa passion pour les bêtes à un autre éleveur qu’elle a eu « la chance de rencontrer » et qui lui a offert ses premières brebis à treize ans.
« On travaille toujours dans la terre, avec la terre et pour elle »
Et autant dire qu’elle fera une excellente porte-parole de ce monde paysan, avec son béret rouge orné de la croix occitane qu’elle « aime beaucoup ». Et pas seulement pour son charme incontestable, mais pour son éloquence évidente. Aux écolos qui appellent à consommer moins de viande pour sauver la planète, elle répond, droite dans ses bottes : « Nous sommes les meilleurs écolos tout simplement parce qu’on travaille toujours dans la terre, avec la terre et pour elle. On fait très attention parce que derrière, c’est notre rendement qui sera impacté. La terre, c’est notre boulot, nos animaux sont notre passion. Nous sommes parfaitement conscients du réchauffement climatique, car lorsqu’il y a de la sécheresse, nous avons des récoltes de foin misérables et nous sommes impactés tout au long de l’année. »
Elle martèle l’importance de consommer français. « Nous répondons à de nombreuses normes et en important des produits venant hors du territoire, on importe des produits qui ne répondent pas à ces normes. » Enfin, pour redorer le blason de sa profession qui souffre d'une image négative, notre Miss au tempérament bien trempé ne se démonte pas et rappelle qu’« aujourd’hui, nous avons des agricultures raisonnées, biologiques, il ne faut pas nous montrer du doigt et mettre tout le monde dans le même panier ». À bon entendeur !
Iris Bridier