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Attal à Matignon : le Fabius de 2070 ?

Enfin Gabriel Attal vint. Le suspense était devenu insoutenable. La France était à l’arrêt. Comme suspendue à la décision du souverain. Sur quel humble serviteur allait-il se pencher pour l’installer à Matignon où, sans nul doute, l’élu fera des merveilles ? Comme une sorte de supplice chinois, des noms étaient égrainés, ici et là : Le Maire, Lecornu, Denormandie, Béchu. Et même Élisabeth Borne, dans le genre « la surprise du chef sera qu’il n’y aura pas de surprise », avant qu'elle ne soit débranchée lundi soir. Faut avouer que ça doit être drôlement jouissif, pour le locataire de l’Élysée. Faut bien que la fonction offre quelques petits plaisirs.

 

Napoléon eut ses Marie-Louise, Macron aura donc son Gabriel Attal

Donc, Gabriel Attal. Très fort ! En tout cas, en termes de com’. D’abord pour le Livre des records. Emmanuel Macron aura été le plus jeune président de la Ve République : moins de 40 ans. Et voici qu’il nomme un Premier ministre qui fêtera ses 35 ans le 16 mars prochain. Laurent Fabius n’avait pas encore 38 ans lorsqu’il entra à Matignon en 1984. Pétain avait fait le don de sa personne à la France, Mitterrand, qui connaissait ses classiques et se la jouait monarque ancien style, n’avait pas hésité, lui, à parler de son petit prodige comme du « plus jeune Premier ministre que j’ai donné à la France ». Emmanuel Macron, du haut de ses 46 ans, nous offre Gabriel Attal. C’est cadeau. Comme des étrennes du Nouvel An. Très fort, effectivement ! Une sorte de coup de poker, le coup de rein de la dernière chance après des mois d’embourbement législatif et à cinq mois, tout juste, des élections européennes qui promettaient, si ça continuait à ce rythme, de se terminer en déroute (relative, certes) puisque, pour l’instant, le RN caracole à près de dix points devant le parti présidentiel. Donc, tenter le tout pour le tout. Jeter ce qu’il reste de forces vives dans la bataille. Napoléon eut ses Marie-Louise, Macron aura donc son Gabriel Attal.

Une tête de gondole à Matignon du gabarit de Jordan Bardella, figure de proue du RN

L’homme est talentueux, brillant même, et a fait un sans-faute jusqu’à présent. Venant de la gauche, il tient des propos de fermeté sur le port du voile, de l’abaya, et veut qu’on réapprenne à lire, compter et écrire à l’école. Tout cela est juste est bon. Mais tout cela, pour l’instant, ce sont des mots, il faut bien le reconnaître. On juge l’action d’un grand ministre sur la durée, notamment sur plusieurs exercices budgétaires : rappelons qu’Attal a été nommé à l’Éducation nationale il n’y a pas six mois. Le gouvernement de la France, quoi qu’on en pense, ne va pas au rythme d’un tweet. Mais la France penche à droite. Avec Attal qui donne des coups de menton et ne se mouche pas du coude, la droite va être aux anges. C’est donc plutôt malin. Enfin, du moins à première vue, voire à courte vue. Matignon est une machine à broyer et essorer les Premiers ministres. Dans quel état en sortira le petit prodige ? L’Histoire nous le dira. S’il échoue, il peut se préparer un destin à la Laurent Fabius - le sang contaminé en moins. À courte vue, disions-nous. Et il est vrai que depuis le début de ce second quinquennat - majorité relative oblige -, Emmanuel Macron pratique le cabotage en eaux troubles. Or, avec Gabriel Attal, le chef de l’État tient une tête de gondole du gabarit de Jordan Bardella qui, lui, vogue, comme nous le disions plus haut, vers une probable victoire aux européennes.

Gabriel Attal : le Premier ministre de la dernière chance pour un macronisme à bout de souffle et en manque de personnel politique d’envergure. Mais ce matin, avec un jeune homme pressé de 34 ans à Matignon, l'homme de l'Élysée prend un sacré coup de vieux. Comme ringardisé.

Georges Michel

https://www.bvoltaire.fr/attal-a-matignon-le-fabius-de-2070/

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