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Souvenons-nous des années Covid

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Les cas réapparaissant à bas bruit, on recommence à parler du Covid. On le fait désormais dans des termes heureusement différents. Héraclite le disait déjà : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. »

Commençons par mettre les mains dans le cambouis des chiffrages.

Les, les évaluations statistiques les moins biaisées et les plus significatives doivent partir du nombre global de morts dans une population donnée, toutes cause confondues.

On attribue au Covid-19 la responsabilité de 100 000 morts, nombre arrêté en avril 2021. C'est certes beaucoup, presque autant que la Russie avec 103 000, plus que l'Allemagne 79 000.

Or, à titre indicatif, et pour nous en tenir à la France métropolitaine la surmortalité de l'année 2022, par rapport aux années antérieures à la pandémie, était encore évaluée à hauteur de 53 800.

Au total, en effet, la mortalité des deux années de pandémie de Covid, avait été respectivement de 668 900 décès en 2020, puis 661 600 morts en 2021. Mais en 2022 le nombre total était passé à 675 000 décès, pour retomber à 622 000 l'année suivante, comptabilisés l'année dernière entre le 1er janvier et le 24 décembre. Si l'on ajoute 1 800 morts par jour pour la dernière semaine de 2023, on peut estimer la baisse à 5,6 % alors même que le Covid était réapparu, de façon certes moins grave et moins violente.

En bref nous ne sommes pas en face d'une certitude mathématique.

Or, l'erreur constante de nos technocrates aura été de croire dans cette affaire, comme dans tant d'autres : 1° qu'il existe une vérité et une seule, découlant de leurs statistiques ; et 2° que l'État supposé rationnel et scientifique peut et doit en toutes circonstances se substituer aux individus et à leur bon sens.

Après deux années de pandémie de Covid, les experts de l'Insee s'attendaient donc à voir le nombre de décès retrouver son niveau habituel dès 2022. Or, cette année-là l'Insee estima, à juste titre, que les décès en surnombre étaient dus à d’autres causes que le Covid-19. L'organe officiel de statistique mentionnait ainsi, en décembre 2022, les deux épidémies de grippe, en mars-avril et aussi les fortes chaleurs de l’été 2022.

En fait, l’épidémie de Covid-19 a entraîné de toute évidence depuis 2020 une hausse des décès en raison d’effets indirects de toutes natures. Ceux-ci se sont révélés plus durables que la pandémie elle-même au gré des reports d’opérations ou des baisses de dépistage ou de traitement d’autres maladies, le cas du cancer cause majeure de mortalité sautant aux yeux, mais aussi la désorganisation accrue des services de soins, aggravée elle-même par la centralité de l'hôpital public, etc.

Au bout du compte, sans que les pouvoirs publics et les médias en aient encore tiré les conséquences, la société française a sourdement fait le dos rond et surmonté le choc. Elle tourne le dos au discours officiel, comme ces usagers du métro qui pendant des mois ont entendu en boucle « ne perdons pas les bonnes habitudes », c'est-à-dire : conservons les masques... que plus personne ne portait plus, ce scepticisme lui-même comme la résistance au vaccin devant être considéré comme une conséquence négative de l'absurdité de nos Docteur Tant-Pis.

Le fait est que nous ne nous pensons plus en présence de quelque chose comme la peste bubonique venue de Mongolie au XIVe siècle. Plus personne n'attend des pouvoirs publics, ni ne supporterait sans doute, qu'ils imposent le confinement, qu'ils sanctionnent les non-vaccinés ou, encore moins qu'ils déclarent le guerre au virus comme prétendit le faire, en France, le président de la république.

Son discours du 16 mars 2020 martelait la formule fameuse « quoiqu'il en coûte ». Elle passera sans doute à la postérité à égalité avec son incorrigible « en même temps ».

On peut signaler certes d'abord la nuisance sociale qui résulta de mesures sanitaires ubuesques et excessives. Elles se révélaient injustes pour les jeunes étudiants enfermés dans leurs chambres de services, pour les familles mal logées, contraintes de demeurer enfermées dans des appartements exigus. Elles étaient pénalisantes pour les commerces maintenus ouverts parce que réputés essentiels mais privés de clientèle. Et par-dessus tout inhumaines pour les vieilles personnes et les malades hospitalisés à qui on interdisait les visites de leurs proches. Tout ceci sera compté au Jour du Jugement à tous les glorieux des plateaux de télévision.

Mais en surcroît de l'écœurement moral, on doit signaler le désastre économique qui en est résulté. Chose rassurante : on peut estimer que toute velléité d'y revenir sera paralysée, par les quelques éléments rationnels qui subsistent à la tête de l'État, par la trace du coût qui s'est retrouvé dans toute l'économie. Y compris en termes de hausse des prix, puisque l'on a très artificiellement augmenté la masse monétaire en payant les gens à ne rien faire : l'inflation c'est d'abord cela.

En Angleterre, d'intéressantes études rétrospectives de la pandémie remontent depuis plusieurs mois : elles concluent que les mesures, de toute nature, prises sous prétexte de lutter contre le Covid ont fait plus de mal que la maladie elle-même.

En Allemagne, dès novembre 2020 paraissait dans l’hebdomadaire Die Zeit, un article terrible de la correspondante du journal dans l’Hexagone Annika Joeres. Tout en soulignant positionnement quasi monarchique d’Emmanuel Macron, elle dénonçait l’importance prise par le conseil de défense aux dépens du Parlement, citant les incohérences des mesures sanitaires mises en place. Le lecteur d'Outre-Rhin découvrait ainsi : les tergiversations ayant entouré l’interdiction de la vente des produits jugés non-essentiels en grande surface ; les couvre-feux ; les restrictions de déplacement ; la transformation des opposants au vaccin en opposants politiques ; et enfin, l’obligation faite aux Français de remplir eux-mêmes une attestation pour tout déplacement, même de proximité.

Quatre jours après la parution de l'article, interrogée par BFMTV le 16 novembre elle y dénonçait « la limite d’un kilomètre de déplacement imposée aux gens, les auto-attestations pour acheter une baguette ou aller chercher ses enfants à l’école, on ne voit ça nulle part ailleurs ». Or, remarquait-elle, « ces décisions sont prises sans consulter les citoyens ». Elle citait ainsi un cas exemplaire, celui « d’une petite dame âgée de 93 ans à Biarritz qui voulait nager pour soigner la maladie douloureuse des jambes dont elle souffre et qui en a été empêchée par 4 policiers ».Et elle concluait son intervention par une crainte que « ces mesures absurdes diminuent la confiance dans des mesures nécessaires quant à elles ». Ainsi, le port du masque devait-il être rappelé aux voyageurs français dans les trains lorsqu'ils franchissaient la frontière franco-allemande.

Laissant, durablement, l’Allemagne perplexe, la France, avait basculé selon elle dès les premiers mois de 2020 – sa formule allait faire école – dans « un Absurdistan autoritaire ».

En est-elle sortie ?

PS Je m'efforcerai dans une prochaine chronique de consoler nos amis lecteurs en évoquant le cas, le « modèle » de la Chine communiste.

JG Malliarakis 

https://www.insolent.fr/2024/01/souvenons-nous-des-annees-covid.html

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