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[Chronique] Ursula von der Leyen : une femme inquiétante

Ursula von der Leyen s’est exprimée, comme il se doit, au dernier forum de Davos, rendez-vous annuel des oligarques mondiaux. Dans l’hiver suisse, les dirigeants des grandes firmes internationales côtoient des politiciens flattés de se trouver là et affinent leur travail d’influence. La connivence feutrée est la loi du genre et le discours de la présidente de la Commission n’y échappe pas : cher Klaus par-ci, cher Klaus par-là. À 85 ans, Klaus Schwab, l’homme de « la grande réinitialisation » (Covid-19 : La Grande Réinitialisation, Forum Publishing 2020), reste le maître des lieux, même s’il ne préside plus le Forum économique mondial.

Ursula a débuté son propos par une profession de foi mondialiste très typique de son style : « L’heure est plus que jamais à l’intensification de la collaboration internationale. » Pourtant, l’état du monde issu de la mondialisation n’est guère probant : guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, instabilité en Afrique, tension entre le Sud et le Nord, compétition toujours plus vive entre les États-Unis et la Chine, Union européenne vassalisée et désindustrialisée… les fruits de la mondialisation sont amers. On comprend que le thème choisi cette année ait été « Rétablir la confiance », sous-entendu : en l’oligarchie mondiale.

D’où l’affirmation selon laquelle le pire des risques réside dans « la désinformation et la mésinformation », et qu’il « est indéniable que nous sommes confrontés à la menace la plus importante contre l’ordre mondial de toute la période d’après-guerre » - rien que cela !

Derrière cette affirmation réside en fait la volonté de contrôler l’information et d’éliminer toute information ou opinion qui n’irait pas dans le sens de la doxa mondialiste officielle. En les taxant de complotisme voire de menace pour la démocratie et la sincérité des scrutins. Tout cela a un arrière-goût soviétique. N’est-il pas vrai que le grand organe de presse officiel de l’URSS se nommait La Pravda (en français, « La Vérité »). Comme le notait George Orwell, « le but de la propagande est d’obtenir des individus qu’ils renoncent à la contredire, qu’ils n’y songent même plus ».

La présidente de la Commission esquisse une nouvelle architecture mondiale qui consiste en l’abdication du politique entre les mains des grandes firmes mondialisées : « Bon nombre de solutions résident dans la collaboration entre pays, mais aussi et surtout dans la collaboration entre entreprises et gouvernements – entre entreprises et démocraties. » Elle efface les frontières entre l’action politique et les intérêts économiques. Faut-il rappeler que le but de l’action politique est le bien commun et que le but de l’entreprise est le profit et la rentabilité.

Mais Mme von der Leyen va plus loin, encore, dans l’abdication : « Même si les pouvoirs publics disposent d’une bonne partie des leviers nécessaires pour relever les grands défis actuels, ce sont les entreprises qui possèdent l’innovation, les technologies et les talents pour apporter les solutions nécessaires à la lutte contre les menaces telles que le changement climatique ou la désinformation à l’échelle industrielle. » L’autorité politique s’efface au profit des objectifs des grandes entreprises mondiales. Elle rejoint, là, David Rockefeller, fondateur du groupe Bilderberg, qui affirmait : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le monde des affaires me semble l’entité adéquate pour le faire » (Newsweek, février 1999). Cette femme est dangereuse pour la démocratie car, pour elle, les pouvoirs publics ne sont plus que les courroies de transmission des dirigeants économiques mondiaux.

En juin prochain auront lieu les élections européennes. Mme von der Leyen semble souhaiter se succéder à elle-même. Ce qui est en jeu, c’est la conception même de l’Union européenne, de la nature du pouvoir de la Commission et de la souveraineté nationale. Elle était la candidate du PPE. Les députés LR appartiennent à ce groupe au Parlement européen. Soutiendraient-ils une nouvelle candidature de Mme von der Leyen, agent zélé du mondialisme mercantile ? LR doit la clarté aux électeurs afin qu’ils puissent choisir en connaissance de cause entre ceux qui ne croient plus en la France en tant que nation souveraine et ceux qui y croient encore.

Contrairement à ce que croient beaucoup de souverainistes, le projet européen n’est même plus fédéraliste. Il s’agit de créer un pseudo-État supranational, succursale d’un gouvernement mondial au service de l’économie « globalisée ». Il est encore temps d’ouvrir les yeux et de réorienter en profondeur l’UE. Et, pour cela, dire la réalité des choses. « Dans ces temps de tromperies universelles, dire la vérité est un acte révolutionnaire » (George Orwell).

Stéphane Buffetaut

https://www.bvoltaire.fr/chronique-ursula-von-der-leyen-une-femme-inquietante/

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