Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Accords de libre-échange : l’Union européenne, pire ennemie de nos paysans

L’Union européenne est une pieuvre dont les tentacules se glissent partout. Entre les règlementations absurdes comme la taille des cages à poules ou la catastrophe du marché européen de l’énergie, l’UE régit tout, ou presque. Appliquant un droit à la concurrence stricte, l’Union européenne s’est également engagée dans de nombreux traités de libre-échange contre lesquels nos agriculteurs battent le pavé.

Dernier en date, le traité UE-Mercosur inquiète la France, et en particulier nos agriculteurs. Au-delà des opérations coup de poing anti-produits importés dans les supermarchés, cultivateurs comme éleveurs s’opposent fermement à l’accord UE-Mercosur. Bien qu’Emmanuel Macron se soit opposé publiquement à la signature d’un tel traité, le chef du cabinet du commissaire au commerce de l’UE, interrogé par Politico, lui, reste ferme : « Nous n’allons pas déchirer d’un coup nos papiers pour rentrer chez nous et nous allonger dans un transat. Certainement pas. » De son côté, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire a promis un « bras de fer » pour que l’accord UE-Mercosur « tel qu’il est aujourd’hui ne soit pas signé ». Pris dans la tourmente du mouvement des agriculteurs, le Premier ministre, Gabriel Attal, a quant à lui réaffirmé, sur X, l’opposition de la France au Mercosur.

 

UE-Mercosur : un accord déloyal ?

Dans leur rapport sur le bilan des accords de libre-échange, daté du 25 octobre 2023, le députés RN Thomas Ménagé et la députée Renaissance Lysiane Métayer pointent le très grand nombre d’accords commerciaux dans lesquels l’UE est impliquée. Signataire de quarante-deux accords de libre-échange avec soixante-quatorze États partenaires, l’Union européenne est « de très loin [...] la puissance ayant conclu le plus grand nombre d’accords de libre-échange au monde ». Tout cela pour que l’UE se retrouve avec une balance commerciale négative. En 2022, les exportations de biens ont représenté un peu plus de 2.500 milliards d’euros, contre 3.000 milliards d’euros pour les imports. Face à cela, les députés recommandent de « mieux identifier et exploiter les intérêts offensifs de nos filières exportatrices dans un contexte de balance commerciale en constante dégradation ».

Outre ces multiplicités d’accords, l’Union européenne impose aux producteurs de biens comestibles une lourde réglementation que ne respectent pas les étrangers. Inquiète de ce phénomène de concurrence déloyale, le rapport souligne que l’UE est très stricte en matière sanitaire pour les producteurs intracommunautaires, et qu'elle doit également « s’assurer que les partenaires se conforment bel et bien aux normes prévues dans les accords de libre-échange et que les produits importés obéissent aux règles arrêtées ». En effet, « l’Union commerce en général, si ce n’est essentiellement, avec des partenaires dont les exigences en matière de normes sanitaires sont moindres ».

Autre accord, autre scandale

Outre le Mercosur, d’autres accords – effectifs – représentent un danger pour nos agriculteurs. En août 2017, l’actuelle députée écologiste Delphine Batho s’inquiétait de la signature d’un accord commercial UE-Canada (voté par le Parlement français en juillet 2019) et de ses conséquences sur la filière bovine en France, auprès de nos confrères de Challenges : « Nos éleveurs se retrouvent déjà en grande difficulté pour vendre leur production au prix le plus digne. » Malgré les inquiétudes, l’accord avait été signé d’un trait de plume. Une concurrence d’autant plus injuste que le Canada connaît d’autres législations en matière d’élevage bovin. Comme le révélait Le Monde, le bœuf canadien est nourri à l’aide de farines de sang, de gras ou de gélatine bovine, un cannibalisme qu’interdit l’UE à nos agriculteurs.

Loin d’être le seul accord à poser problème, le CETA représente la partie immergée de l’iceberg. Moins cités, les accords de libre-échange avec le Vietnam et la Nouvelle-Zélande représentent tous deux un danger. Le premier permet l’importation de farines d’insectes transformées destinées aux consommateurs en remplacement de farine de blé dans certaines préparations alimentaires (concurrençant nos céréaliers). Le second inquiète les producteurs de lait français. Premier producteur de lait mondial, la Nouvelle-Zélande exporte massivement du lait en poudre. Tenu, par l’UE, à un quota de 15.000 tonnes par an, l’État néo-zélandais ne soumet pas ses producteurs laitiers aux mêmes conditions de productions que l’UE pour les éleveurs. « Cela renforce l'engagement de l'UE dans la région indopacifique, qui revêt une importance stratégique et économique », se défend toutefois la Commission européenne sur son site. Loin de faire la force, l’Union fait la faiblesse de nos agriculteurs.

Julien Tellier

Les commentaires sont fermés.