Pour célébrer cette victoire en carton, appel aux mânes des deux Simone - Veil et Beauvoir -, larmes de crocodile, émotion en toc et déclarations ampoulées.
La palme du féminisme sirupeux et surjoué revient à Gabriel Attal, avec son anaphore « l’homme que je suis », et à Claude Malhuret. N’en faites pas trop, les gars, vos postures de fayot ne feront pas oublier qu’il est bien des IVG contraintes : par des hommes ne voulant surtout pas assumer l’enfant que leur compagne voudrait garder.
Gabriel Attal voit à ce Congrès une portée « universelle ». Il y a quelques jours, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot déclarait, sur le plateau de CNews : « Le 4 mars 2024 va être une date historique pour notre pays et pour les femmes du monde entier. » Et pourquoi pas de la planète, comme dirait Christophe Béchu. Hélas, impossible de demander l'avis des 63 millions de filles manquant à l'appel en Inde aujourd’hui, selon un rapport présenté devant le Parlement indien, en janvier 2018. Et, plus généralement, aux 142 millions de femmes non nées à travers le monde depuis 1970 (selon un rapport du FNUAP, Fonds des Nations unies pour la population, publié en 2020). Car l’IVG sexe-sélectif, qui est un féminicide, sévit aussi en en Chine, au Pakistan, au Bangladesh, au Vietnam, en Azerbaïdjan, en Arménie, en Géorgie, en Tunisie, en Albanie, au Monténégro… Quand l'échographie montre qu'elles attendent une fille, nombre de jeunes femmes subissent là-bas une énorme pression familiale et sociale pour avorter. Faut-il être un Occidental tout tourné vers son nombril et ignorant du reste du monde pour prétendre que l’IVG est une libération universelle pour les femmes.
La palme du « jyfoutou » indigeste est décernée à Laurence Rossignol, qui déclare vouloir « continuer [continuer quoi ? Quelle sera l’étape suivante ? On gravera « ivégé » sur le fronton des mairies à la place de la trop virile fraternité ?] pour celles qui résistent à Trump, à Bolsonaro, à Orbán, à Milei, à Poutine, à Giorgia Meloni […] aux mollahs, aux dictatures théocratiques ». L’apposition ne choque personne, le ci-devant ministre de François Hollande est applaudi, comme s’il était entendu pour tout le monde que le sort des Italiennes était tout à fait comparable à celui des Iraniennes. Meloni et Khomeini, même combat. Cela saute tout de suite aux yeux, quand on connaît Rome et Téhéran.
uite aux yeux, quand on connaît Rome et Téhéran.
Et ce n'est pas fini. Emmanuel Macron, qui goûte la séquence et ne voudrait pas qu'elle se termine trop vite, a décidé d'être absent au Congrès. Il annonce, en revanche, une cérémonie pour le 8 mars. Il invite les Français à une « cérémonie de scellement ». Du Panthéon au château de Versailles, son costume de maître de cérémonie est celui qui lui sied le mieux. Et le lieu historique dans lequel il a choisi de promener, cette fois, les Français pour cette nouvelle pantalonnade est la place Vendôme.
Tout est factice, sauf le goût amer que laisse la laborieuse séquence. Oui, Emmanuel Macron a gagné. Pas tant par cette inscription absurde dans la Constitution que par l’édulcoration magnifiquement réussie de son principal opposant : à force de redouter la diabolisation, le RN semble avoir choisi la voie de la « LRisation ». Celle de la soumission au magistère sociétal progressiste. La bête immonde s'est muée en caniche.