Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Tribune] L’insoutenable soutien de Meloni à von der Leyen

On avait loué la manière dont elle avait pris le pouvoir en Italie, après les dernières élections législatives. Son élection avait fait naître des espoirs chez certains responsables des droites européennes. La fermeté de Mme Meloni sur les sujets sociétaux et les questions migratoires, couplée à sa capacité d’accéder aux responsabilités, promettait des répliques ailleurs en Europe et des lendemains qui chantent pour les conservateurs.

Mais l’état désastreux des finances italiennes a placé rapidement le gouvernement de Mme Meloni dans la perspective de subir le fameux « mouvement européen de stabilité », autrement dit la purge à la grecque réservée aux pays endettés : la tutelle et la ruine. Voulant éviter cela à tout prix, Mme Meloni a accepté d’assouplir sa politique migratoire par rapport à ses déclarations de campagne en échange du maintien des aides européennes. Jusque-là, rien, au fond, que de très réaliste, et on comprend bien que dans certaines circonstances, nécessité fasse loi.

Les récents développements des relations entre Mme Meloni et les autorités de Bruxelles ont pris une tournure bien plus inquiétante. Le Premier ministre italien s’est à ce point rapproché de la présidente de la Commission que tout le monde s’attend à ce qu’elle soutienne la candidature de Mme von der Leyen à sa réélection à la tête de la Commission de Bruxelles. Tout cela dans l’espoir d’obtenir pour l’Italie des exceptions qui pourraient alléger le poids de l’Union européenne sur son pays. On dira que c’est également signe d’intelligence politique, et après tout, qui peut reprocher à un dirigeant de défendre les intérêts de son pays ?

Malheureusement, la perspective est à la fois plus large et plus « dépitante ». Le soutien désormais probable de Mme Meloni et de ses amis à la présidente de la Commission sonnerait le glas de toute volonté de faire évoluer la politique de l’Union de l’intérieur en s’appuyant sur le groupe des conservateurs pour faire pression sur l’exécutif européen. D’ailleurs, ce groupe ECR (Conservateurs et Réformateurs européens) serait fortement menacé de fracture, puisque les conservateurs polonais y sont aujourd’hui majoritaires : compte tenu de ce que la Commission de Bruxelles fait subir à la Pologne depuis cinq ans, il n’est pas question pour eux de soutenir Ursula von der Leyen.

Et puis, s’il n’y avait que cela, l’implication personnelle de Mme von der Leyen dans les scandales de la gestion européenne du Covid, sa volonté d’installer un commissaire européen de la défense et, donc, de raboter encore davantage la souveraineté des pays membres suffisent à refuser de soutenir sa candidature et un nouveau mandat. Elle représente tout ce que nous n’aimons pas de l’Union européenne, toutes les politiques publiques que nous rejetons. Elle a démontré qu’elle était l’ennemi de la souveraineté nationale et du respect des peuples. Elle est en cela un complice objectif du Président français qui, lui, devrait dissoudre l’Assemblée nationale mais préfère continuer de dissoudre la France. Elle est donc insoutenable. Stricto sensu. Sans réserve.

Aujourd’hui, pour l’Union européenne, l’heure est à déployer des efforts pour parvenir à la paix en Ukraine, et certainement pas pour alimenter des fantasmes guerriers dont nous sommes les premières victimes. La complicité des gouvernants européens aux débordements intrusifs de la Commission n’a que trop duré. Celle-ci agit trop souvent en dehors des traités, sans véritable mandat, à part celui que lui confère la passivité des exécutifs des pays membres. Elle nous asphyxie. Elle nous ruine. Elle nous pousse vers la guerre contre la volonté des peuples et sans que nous ayons aucun moyen de la conduire. Elle prépare l’avènement d’un État européen tentaculaire qui accentuera l’étouffement de nos libertés. Au-delà de la capacité de changer ses orientations, soyons conscients de ceci : la question n’est plus seulement de savoir si nous voulons de cette Europe-là, mais de se demander si nous voulons y rester sans changement radical. Ou plutôt de le demander par référendum au peuple français. J’ai évoqué ce sujet dans un livre (La Voix du peuple, aux Éditions du Rocher) publié il y a un peu plus de trois ans. Il n’a jamais été autant d’actualité.

Jean-Frédéric Poisson

https://www.bvoltaire.fr/tribune-linsoutenable-soutien-de-meloni-a-von-der-leyen/

Les commentaires sont fermés.