Des mois - et même des années - que l’extrême gauche diabolise Bolloré. « Là ou Vincent Bolloré passe, le journalisme trépasse » persiflait Christophe Deloire, le tristement célèbre patron de Reporters sans frontières. Attila, rien que ça.
Cette commission d’enquête devait être le point d’orgue de ce procès en sorcellerie. Mais La France insoumise devrait savoir que les Torquemada suscitent rarement l’empathie. La commission est revenue comme un boomerang dans les dents de ses initiateurs.
Les auditions des dirigeants de CNews, celle de Vincent Bolloré puis, enfin, de Cyril Hanouna n’ont rien montré d'autre que le sectarisme de La France insoumise, avec une mention particulière pour le député Saintoul, dont le nom commence comme Saint-Just, « l’archange de la Terreur ». Mais elles ont eu cette vertu de forcer Vincent Bolloré à sortir de son habituelle discrétion, et ceux qui suivaient en direct son audition ont découvert un homme aux reparties tranquilles.
Dès le début, se présentant, il a revendiqué avec panache sa naissance dans « une famille catholique, bretonne, riche et célèbre » pouvant s’enorgueillir de compter deux des 177 Français ayant débarqué en 1944.
Enracinement, fierté, mais aussi pierre (et quelle pierre !) à l’édifice familial : il n’était pas, en principe, le mieux placé pour reprendre l’entreprise familiale, explique-t-il, mais quand celle-ci a donné des signes de faiblesse, c’est lui qui a eu l’idée du sachet de thé en papier pour remplacer le produit « papier de cigarette à rouler » et « papier carbone » vieillissant. Il a passé 40 ans dans l’entreprise. De 800, le nombre de salariés est passé à 80.000, faisant de l’entreprise l’un des 500 premiers groupes mondiaux. Recevoir (un peu ou beaucoup) et transmettre encore plus. C'est la définition, en bon français, du mérite.
Il n’élude aucune question, mais répond plus particulièrement à certaines avec esprit - qu’a-t-il dit à Isabelle Saporta sur le cardinal Sarah aux obsèques du père de Nicolas Sarkozy ? Rien : « Quand je suis dans une église, je ne parle pas. Je suis en présence du Christ » -, ironie feutrée - Sophie Binet, patronne de la CGT, est rentrée en croisade contre CNews et le raconte dans un livre édité chez Grasset… qui lui appartient - ou émotion : interrogé sur la fameuse émission En quête d’esprit, sur CNews, dédiée à l’IVG qui a fait couler tant d'encre, il répond avoir vécu personnellement ce drame, l’ayant laissé faire « par faiblesse », et confie y penser tous les jours de sa vie.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires élogieux pleuvent : « Quel moment délicieux ! », « Je ne connaissais pas Monsieur Bolloré, mais en écoutant les extraits que Cnews nous a montrés, j’ai adoré ce Monsieur. C’est un grand monsieur. Respect », « Vous et surtout écouter l’homme change tout », « Monsieur Bolloré, c’est la grande classe française. Heureusement qu’il y a encore des gens comme lui dans notre pays », etc. Au point que monte même, quelques heures après la fin de la diffusion en direct, le hashtag #Bollorepresident : « #bollorepresident ça aurait de la gueule » écrit ainsi, sur X, Pierre Sautarel du site Fdesouche, liké près de 700 fois.
La France insoumise, avec sa commission d’enquête, aura été le faire-valoir et l’idiot utile de Bolloré. Ce n’était pas l’objectif, mais c’est le résultat. La gauche la plus bête du monde...
Gabrielle Cluzel