La biographie de la célèbre sniper russe, Lioudmila Pavlitchenko, héroïne de l’Union Soviétique, vient de sortir en anglais aux éditions Greenhill Books « LADY DEATH THE MEMOIRS OF STALIN’S SNIPER ». Ceux qui ne lisent pas encore le russe mais l’anglais vont pouvoir se régaler en lisant la biographie de la célèbre sniper. Lioudmila Pavlitchenko, née à côté de Kiev, scolarisée et étudiante à Kiev, a tué plus de 500 soldats et officiers ennemis (des Allemands et des Roumains). 309 ont été officiellement reconnus sur sa longue liste de sniper « au nom de sa patrie » comme elle aimait à le dire car Lioudmila Pavlitchenko a donné sa vie et sa jeunesse à sa patrie pour chasser l’occupant.
Cette jeune et jolie femme que les journalistes étrangers avaient surnommé Lady Death s’est vu consacrer des chansons et des films. Son portrait a été imprimé à deux reprises sur des timbres. La célèbre et romantique chanson Kukuchka (Coucou) du chanteur soviétique du groupe Kino, Viktor Tsoï, aujourd’hui enterré au cimetière de Saint-Petersbourg (une tombe très fleurie), a été utilisée pour mettre en image la vie de la sniper dans La bataille de Sébastopol (Битва за Севастополь), film époustouflant sorti sur les écrans en 2015.
Lioudmila Pavlitchenko parle dans sa biographie de la Grande Guerre patriotique, de cette guerre sacrée où les soldats dans les tranchées au front chantaient des chansons patriotiques pour se donner du courage.
Viser entre les deux yeux
Lioudmila Pavlitchenko, cette Russe née en Ukraine, formée au métier de sniper en Ukraine, d’une famille dévouée à l’Union Soviétique, raconte dans sa biographie son engagement militaire et politique pour sauver la patrie soviétique en danger. On ressent, à la lecture de la biographie, d’ailleurs, la force patriotique russe qui secoua tout le peuple pour détruire l’ennemi. Dans le livre en anglais intitulé « Lady Death » Lioudmila Pavlitchenko nous fait découvrir ses techniques de combat et que toutes ses cibles, quand elle en avait le temps, recevaient une balle entre les deux yeux qu’ils soient de simples soldats ou des officiers de haut rang. Lioudmila Pavlitchenko allait en première ligne en s’infiltrant camouflée souvent la nuit pour se positionner et attendre durant de longues heures sa ou ses cibles. On apprend qu’elle utilisa les techniques des snipers finlandais qui montaient dans les arbres de la forêt en Carélie. Durant des heures la tireur d’élite restait dans un arbre à attendre ses cibles. Mais les forêts dans les territoires d’Odessa n’étaient pas aussi denses que celles de Carélie, s’amuse-t-elle à écrire. Lioudmila Pavlitchenko témoigne aussi à de nombreuses reprises du courage de ses camarades. Elle vit à de nombreuses reprises des soldats russes se lancer avec des mines et des grenades sur les chars ennemis en donnant leur vie. La biographie, au-delà de la prouesse humaine de la sniper, montre le courage de tout un peuple qui s’est sacrifié pour sauver son pays mais aussi l’Europe.
Lioudmila Pavlitchenko avait entamé des études d’Histoire et était passionnée par l’archéologie. Elle termina d’ailleurs ses études après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La guerre en Espagne avait marqué son engagement politique et déjà militaire contre les fascistes. Lisant souvent la Pravda, elle vivait les combats des pilotes volontaires russes engagés en Espagne contre la division Condor. Lioudmila Pavlitchenko commença pour la première fois à tirer à l’école de snipers de Kiev avec un TOZ-8 pour passer au Mosin qui équipait les troupes de l’Armée rouge. Mais dans les premiers combats les glorieux soldats de l’Armée rouge n’avaient pas tous un fusil. Les soldats russes allaient au combat sans un fusil ! Lioudmila Pavlitchenko raconte qu’elle fut envoyée, comme les autres soldats, au front avec une grenade et une pelle ! et qu’elle dut attendre la mort d’un soldat pour avoir le droit de prendre son fusil. « Le soldat qui se trouvait à côté de moi venait d’être sérieusement touché par les bombardements. Il me tendit son fusil. C’est ainsi que j’obtins mon premier fusil au combat ». Plusieurs fois blessée, Lioudmila Pavlitchenko a toujours vécu durant sa vie avec les souffrances physiques immenses. Le 19 août 1941 elle fut notamment ensevelie par plusieurs mètres cubes de terre quand un obus de mortier explosa devant sa tranchée. Ses camarades retirèrent la terre et, blessée, elle resta avec d’autres camarades à l’hôpital plusieurs jours à Odessa dans une chambre qui donnait sur la mer. Dès la fin du mois d’août Lioudmila Pavlitchenko retourna au front en première ligne. Pour oublier la douleur- elle souffrait en silence de blessures à la colonne vertébrale-, Lioudmila Pavlitchenko se mit a boire. Sur le champ de bataille, elle rencontra son mari mais qui mourut au combat. Ayant mené ses missions à des niveaux surhumains Lioudmila Pavlitchenko n’a jamais oublié son mari et l’amour pour sa patrie. Lioudmila Pavlitchenko l’écrit à plusieurs reprises dans sa biographie « c’est pour l’Union Soviétique que j’ai tué et combattu contre les facistes ! » ; « Je n’ai jamais regretté d’avoir tué les fascistes ! »
La vie d’un sniper au front ne dure pas longtemps normalement
Lioudmila Pavlitchenko a tenu de 1941 à 1942 et étant blessée à plusieurs reprises, elle commença une nouvelle carrière de communicante pour l’Union Soviétique. Lors de son arrivée aux Etats-Unis où la femme de Roosevelt fut admirative pour la femme sniper si courageuse, Lioudmila Pavlitchenko en profita pour dénoncer la non intervention américaine et pour demander aux Etats-Unis d’ouvrir un second front pour aider l’Union Soviétique. Elle dit à cette occasion lors d’une rencontre avec la presse « Gentlemen ! J’ai 25 ans et j’ai tué 309 fascistes. Vous ne pensez pas que vous avez assez passé votre temps à vous planquer derrière mon dos ? » ; « Tous les Allemands, qui restent en vie, vont tuer avec facilité des femmes, des enfants et des personnes âgées. Des Allemands morts sont inoffensifs. Par conséquent si je tue un Allemand je sauve des vies », expliquait Lioudmila Pavlitchenko. En parallèle de ses activités de communicante, Lioudmila Pavlitchenko formait des snipers.
Olivier Renault