Dans leurs petits souliers, le préfet en ouverture et la fonctionnaire, représentant le ministère de la Transition écologique en clôture, auront eu un aperçu de l’énergie produite par le caractère vendéen quand il sonne la révolte. En cause, un débat public truqué et tronqué ces dernières semaines, au cours duquel les élus auront été conviés le matin pour le midi à une réunion de concertation sur les zones propices à l’implantation de nouveaux champs d’éoliennes au large. Un débat public dont la macronie a fait sa spécialité, mais conclu trois jours plus tard, au mépris de tout débat donc, par l’imposition d’une carte dévoilant une implantation possible… à 15 km de la côte vendéenne, barrant le paysage, poignardant la pêche et s’ajoutant au parc déjà en construction entre les îles d’Yeu et de Noirmoutier…
Pavé dans la mare
C’en était trop pour les Vendéens, décrits en ces termes par José Jouneau, le patron de la pêche locale : « On vous prévient, ici, on est en Vendée : on ne gesticule pas. Quand on dit que ça ne va pas, c’est que ça ne va pas. Pour le moment, on n’a pas bougé, mais on bougera. Et on ne fait pas de promesses qu’on ne sait pas tenir. » Un avertissement repris en chœur par les élus mobilisés. Tel Bruno Retailleau annonçant déposer pour le mois de juin une proposition de loi, pour exiger de l’État un débat sur la programmation énergétique.
Une obligation sur laquelle s’assied notre président jupitérien, décidé à déployer 45 GW supplémentaires d’éolien sur les côtes françaises ! Un non-sens pour l’enseignant chercheur bruxellois Samuel Furfari, qui décrit par le menu les impostures de la COP 28, actant le développement exponentiel des énergies fossiles dans le monde, qui jette ce pavé dans la mare : « Les éoliennes, plus on en pose, plus l’électricité coûte cher ! » et qui présente l’erreur stratégique de l’abandon du nucléaire français, la dépendance énergétique d’une Europe vertueuse pour la planète, au prix d’un dumping économique mortel de la Chine ou de l’Inde.
À 100 km des côtes ?
Des propos appuyés par Cyrille Poirier Coutansais, directeur du centre de recherche de la Marine, attestant que la Chine est engagée dans une OPA hostile de l’ensemble du marché éolien, cassant les prix et faisant fermer les usines européennes, comme elle l’a fait précédemment sur les panneaux solaires.
On en ressort éclairé, et décidé à faire entendre une conclusion lucide, résumée par le maire des Sables d’Olonne : il est urgent d’attendre qu’arrive à maturité une filière française et européenne proposant notamment des éoliennes flottantes éloignées à 100 km des côtes, inoffensives pour les paysages et les pêcheurs, renforçant le mix énergétique français plutôt que de mettre à genoux notre indépendance stratégique, notre puissance énergétique et une action écologique véritablement efficace…
Revenir sur Terre plutôt que sur Jupiter : un enjeu des prochaines européennes ?
Iris Bridier
https://www.bvoltaire.fr/vendee-vent-de-fronde-sur-les-eoliennes-en-mer/