De nombreux cadres de la nébuleuse du Nouveau Front populaire - LFI, le PS, le NPA, EELV et le PCF - prennent la parole pour remobiliser les troupes. L’on peut ainsi entendre Mélenchon expliquer sa vision de la France : « Être Français, ce n’est pas une religion, pas une couleur de peau, pas une langue, […] nous sommes un peuple inachevé dont la ligne d’horizon reculera sans cesse, et derrière laquelle nous devrons toujours courir en nous créolisant. »
Un langage fleuri
Les manifestants équipés de pancartes « J’aime la France sans le RN » ou « Ne laissons pas la France aux fachos » scandent « Ciao tutti antifascisti » [« Nous sommes tous des antifascistes », NDLR]. Peu subtils, des jeunes crient joyeusement « RN, RN, on t’enc*** » du haut du monument. Certains militants ne peuvent retenir des doigts ou des bras d’honneur pour manifester leur mécontentement. Les drapeaux arc-en-ciel, communistes, titrés « inverti.e.s » ou aux couleurs des partis LFI, des Jeunes Écologistes ou du Parti socialiste pavoisent la place. Les indépendantistes kanaks ont, eux aussi, leur drapeau, à l’instar des Palestiniens.
Une immense banderole s'élève sur le monument : « Pour Nahel, ni oubli, ni pardon ! » L’anniversaire de sa mort tombe le 27 juin 2023. Le slogan ACAB [« Tous les flics sont des salauds », NDLR] est scandé en écho aux graffitis ACAB, déjà inscrits sur le monument, il y a une semaine. Des manifestants ne peuvent s’empêcher de brailler « Tout le monde déteste la police » en chantant et en dansant en fin de soirée, jusque vers minuit.
La Palestine omniprésente
Plus tôt dans l’après-midi, vers 17h, le monument de la République est drapé aux couleurs de l’Algérie et de la Palestine. Des drapeaux palestiniens et des keffiehs sont vendus à la sortie du métro. « Qui sème le haagrah récolte l’intifada », crie une femme en hijab. La phrase est reprise par des manifestants nord-africains ou européens, le sourire aux lèvres. L’intifada, terme arabe, peut s’employer en référence aux Palestiniens occupés par les Israéliens. Ils promettent ainsi la répression à ceux qui s’en prendraient gratuitement à des innocents. Soudain, un autre chant, Résiste de France Gall, retentit, capté par nos confrères du Figaro.
Pas de manifestation de gauche sans saccages
La place de la République se vide progressivement après minuit, les manifestants se dispersent. Dans la foulée, des dégradations et des attaques sont constatées par nos confrères du Figaro et par le journaliste indépendant Clément Lanot. La vitrine du McDo, rue du Faubourg-du-Temple, est brisée, à 300 mètres de la place de la République. Des tirs de mortier sur la police et des gaz lacrymogènes sont envoyés à moins d’un kilomètre de la place, rue Parmentier, où une agence bancaire est aussi dégradée lors du passage d’un groupe de manifestants, selon Clément Lanot.
Le calme reviendra au milieu de la nuit, mais nous voilà avertis pour le dernier acte, dimanche 7 juillet. Si le camp national l’emporte, les nuits risquent d'être chaudes...
Gabriel Decroix
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