05/07/2024
Discrètement publiées ce 4 juillet, les dernières données produites par le ministère de l’Intérieur avant le scrutin législatif ponctuent une séquence bien difficile.
D’emblée, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) précise que, «suite à un problème informatique, un nombre significatif d’infractions enregistrées par les services de la police nationale entre le 20 mai et la date de (cette) publication (…) est absent à tort du système d’information statistique des forces de sécurité intérieure ».
N’y retrouvera-t-on que partiellement ce qui a pu, par exemple, se passer en Nouvelle-Calédonie , archipel frappé par des heurts tragiques et des destructions massives ? Ils ont justifié, rappelons-le, l’envoi d’un dispositif sans précédent de 35 forces mobiles sur place, pour tenter de rétablir la paix publique… qui n’est toujours pas revenue. […]
Le tableau général de tous ces crimes et délits est contrasté. D’un côté, la délinquance d’appropriation, les vols principalement, tend à diminuer structurellement. Ainsi, «le nombre de vols violents sans arme enregistrés reste nettement inférieur au niveau d’avant le premier confinement », observent les statisticiens. Sur les douze mois écoulés, ces faits ont diminué significativement (-8 %).
De leur côté, les vols avec armes (à feu, armes blanches ou par destination) sont «sur une tendance stable depuis début 2021, avec de fortes fluctuations certains mois », affirme le SSMSI. Selon lui, «en juin 2024, le nombre de vols avec armes enregistrés reste inférieur au niveau d’avant le premier confinement ».
Toutefois, l’outre-mer pèse lourd dans ce bilan en représentant 25 % du total des vols avec arme sur le dernier trimestre. Ces infractions sont globalement en hausse (+6 %) sur les 12 derniers mois, ce qui représente une moyenne de 24 faits par jour, soit un vol avec arme toutes les heures.
Les cambriolages de logements remontent également sur un an (+4 %), avec 224.000 faits déclarés aux autorités. Soit plus de 600 cambriolages par jour. Policiers et gendarmes affirment que bien des villes sont écumées par des gangs spécialisés, venus d’Europe de l’Est notamment. […]
On apprenait dans ce document sur les homicides commis par ces groupes criminels, que «les protagonistes sont jeunes : en grande partie âgés de 15 à 25 ans. Plus d’un tiers des victimes et des mis en cause sont mineurs. Un quart des victimes sont étrangères (25%), un peu moins chez les mis en cause (20%). »
C’est une France en souffrance, chahutée et fracturée, que le ministre de toutes les polices du prochain gouvernement sorti des législatives, découvrira ou redécouvrira.
À l’heure des JO, plus exposées que jamais, les forces de l’ordre réclament de la clarté dans les ordres et un soutien sans faille, y compris de la justice. «La fermeté judiciaire n’avait pas peu compté dans l’arrêt des émeutes de l’été 2023 », estime un commissaire de police issu du terrain. Une leçon à méditer.