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Assemblée nationale : on a échappé au communiste… Revoilou Braun-Pivet !

braun pivet
Jamais sans doute, sous la Ve République, une élection au perchoir n’avait été aussi incertaine. Yaël Braun-Pivet a donc été réélue à la présidence de l’Assemblée nationale. Ce fut long, très long : ouverture de la séance à 15h00, ce jeudi 18 juillet, proclamation des résultats à 20h30 passées. L’accouchement fut pénible. Presque dans la douleur. Tout ça pour ça, allez-vous dire. Pas faux. Mais on ne va pas tourner autour du pot : on a échappé à l’élection d’un communiste, le communiste André Chassaigne. C’eût été une première dans toute l’histoire de la République. C’eût été une aberration, au XXIe siècle, malgré tout le capital sympathie que ce député chevronné a pu accumuler, à droite comme à gauche, durant ses 22 ans de vie parlementaire. C’eût été une incongruité, compte tenu de ce que représente ce parti aujourd’hui dans le paysage politique français : un peu comme si, en 1958, on avait élu au perchoir un monarchiste !

Des comportements de racaille dans l'Hémicycle

Cette élection s’est donc déroulée selon une liturgie patinée par deux siècles de parlementarisme. Ainsi, pour la seconde fois, le doyen d’âge, José Gonzalez, député RN des Bouches-du-Rhône, a présidé cette séance d’ouverture. L’occasion pour lui d’évoquer dans son discours les dérapages de la dernière législature en souhaitant que celle qui s’ouvre en soit préservée. De quoi donner de l’urticaire à l’extrême gauche. Une extrême gauche qui doit craindre autant l’urticaire que les punaises puisque une grande partie des députés du Nouveau Front populaire – les Panot, Guetté, Bompard, Rousseau et consorts - ont refusé de serrer la main des benjamins de l’Assemblée, le RN Flavien Termet (lire son Grand entretien dans BV), et la ciottiste Hanane Mansouri, chargés de garder l’urne dans laquelle étaient déposés les bulletins. D’où des contorsions grotesques de la part de ces grands démocrates du Nouveau Front populaire. Une mention spéciale pour le député de Marseille Delogu, démontrant que les comportements de racaille sont parfaitement compatibles avec un mandat de député. On notera que la toute nouvelle députée  macroniste Agnès Pannier-Runacher et encore ministre chargé des affaires courantes, a refusé, elle aussi, de serrer la main de Flavien Termet, à la différence de Gérald Darmanin, d’Aurore Bergé... Comme quoi la bêtise est équitablement répartie sur l’échiquier politique, avec, cependant, un léger avantage pour la gauche.

 

Les forces en présence

Six candidats à la présidence de l'Assemblée étaient donc en lice : l’inoxydable Charles-Amédée de Courson, du groupe LIOT, le communiste Chassaigne pour le Nouveau Front populaire, Braun-Pivet pour les macronistes sauf les philippistes d’Horizons qui soutenaient Naïma Moutchou, Philippe Juvin pour les LR de Wauquiez et Sébastien Chenu pour le RN et les LR de Ciotti. Un premier tour, histoire de mettre en place les forces en présences : 200 voix pour le NFP, 124 pour Braun-Pivet, 142 pour Chenu, 18 pour Courson, 38 pour Moutchou et 48 pour Juvin. Ces deux derniers étant là pour dire que… Puisqu’ils se sont immédiatement désistés. Normal pour Horizons ! Normal aussi pour les LR depuis que Wauquiez a évoqué un « pacte législatif », pour ne pas dire qu’il a fait un pacte avec la Macronie. Contre toute attente, Courson se maintient au deuxième tour. Pour la blague, diront les mauvaises langues. Quoique... Dans la salle des pas perdus, Sandrine Rousseau,  qui n’en perd pas une, estime que le « front républicain » doit se prolonger dans l’Hémicycle et qu’en conséquence, Braun-Pivet devrait se désister pour Chassaigne. Les ressources de cette femme sont inépuisables.

Deuxième tour : tout peut encore basculer

Deuxième tour. Chassaigne obtient 202 voix, Braun-Pivet 210 voix. Faites le compte : ses 124 voix obtenues au premier tour + 38 de Moutchou + 48 Juvin = 210. Une fois de plus, les LR sont au rendez-vous de l’histoire. Courson décide alors de se retirer et Chenu de se maintenir. Un député RN nous confie que ce maintien se justifie pleinement car le NFP comme la Macronie ont clairement dit qu’ils empêcheraient le RN d’obtenir des postes au bureau de l’Assemblée, vendredi et samedi. Pour quelle raison aurions-nous dû soutenir la Macronie, confirme la députée Edwige Diaz au micro de LCP, alors qu’ils veulent nous écarter et surtout exclure les onze millions d’électeurs qui ont mis un bulletin RN ou LR d’Éric Ciotti dans l’urne… De quel côté les douze voix du deuxième tour qui se sont portées sur Courson vont-elles pencher ? Le résultat final, à ce moment-là, est incertain. LIOT faiseur de roi ou de reine ?

Ces ministres démissionnaires qui ont voté...

Vient enfin le troisième tour. Pour être élu, il suffit alors d’avoir la majorité relative. Braun-Pivet l’emporte d'une courte avance avec 220 voix contre 207 voix pour Chassaigne, Chenu finissant à 141 voix. 13 voix séparent donc Braun-Pivet de Chassaigne. On discutera sans doute longtemps de la présence des 17 ministres démissionnaires du gouvernement, élus députés et qui ont participé au vote. Des constitutionnalistes affirment que c’est conforme à la Constitution et qu’il y a des précédents. D’autres disent le contraire. Darmanin, qui a réponse à tout, a trouvé la solution : il a enlevé sa cravate pour montrer qu’il n’est plus au gouvernement. Il la remettra sans doute pour l'ouverture des Jeux...

On reconnaîtra que Yaël Braun-Pivet a tenu du haut du perchoir un discours inaugural très consensuel faisant applaudir ses concurrents malheureux. Reste à voir si les actes suivront. Rendez-vous vendredi et samedi pour l’élection des membres du bureau et des présidents de commissions…

Georges Michel

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