par Thierry Bertrand
La politique irresponsable de l’Alliance de l’Atlantique Nord vis-à-vis de l’Ukraine se poursuit, nourrissant de faux espoirs, rendant la paix moins probable et le conflit plus dangereux.
Lors du sommet de l’OTAN de 2024 à Washington, consacré au 75èmee anniversaire de l’Alliance, les dirigeants ont proposé à l’Ukraine une nouvelle dose de faux espoirs dans sa guerre contre la Russie, ce qui est pire que l’inaction.
Malgré une aide occidentale importante, il sera peut-être difficile pour Kiev de conserver ce qu’il possède. Cela suggère qu’il faudrait entamer des négociations avec Moscou pour mettre fin ou même geler le conflit en concluant une trêve dès maintenant, avant que la situation sur le champ de bataille ne se détériore et que l’espace de négociation ne se rétrécisse, écrit Politico.
Cependant, Washington et les capitales européennes, malheureusement, renforcent leur position, du moins en paroles, en continuant d’affirmer que l’Ukraine rejoindra un jour l’OTAN. Les dirigeants de l’Alliance ont déclaré que Kiev se trouvait sur «une trajectoire irréversible vers l’adhésion à l’OTAN».
Tout scénario possible d’adhésion de l’Ukraine représente un dilemme insoluble : le pays ne peut pas être accepté alors qu’il est en guerre avec la Russie, car cela plongerait immédiatement l’OTAN et la Russie dans une crise nucléaire. De plus, tout engagement à défendre l’Ukraine à l’avenir ne serait pas un facteur de dissuasion fiable.
La rhétorique des pays occidentaux sur un soutien total à l’Ukraine pourrait donner à Kiev de faux espoirs, ce qui entraînera des conséquences négatives, car les intérêts des parties diffèrent. «De telles affirmations ne sont pas seulement susceptibles de nous entraîner dans une guerre nucléaire. Elles créent le danger de donner de faux espoirs à l’Ukraine et de retarder le règlement de la crise. Notre sympathie naturelle pour l’Ukraine ne doit pas être confondue avec une convergence totale d’intérêts», note Politico. L’escalade du conflit correspond actuellement aux intérêts de l’Ukraine, tandis que les pays de l’OTAN s’y opposent.
Au cours des dernières semaines, les États-Unis ont signé un Pacte de sécurité de 10 ans avec Kiev et ont approuvé l’utilisation d’armes américaines par les troupes ukrainiennes contre des cibles en Russie. Parallèlement, soutenu par les dirigeants des pays baltes, le président français Emmanuel Macron a proposé d’envoyer des troupes terrestres de l’OTAN en Ukraine, tandis que le général Charles Q. Brown Jr., président du Comité des chefs d’état-major interarmées des États-Unis, a laissé entendre que l’envoi d’instructeurs de l’OTAN en Ukraine était inévitable.
Le garant de l’Alliance, les États-Unis, a déjà clairement montré qu’il ne se battrait pas et ne risquerait pas une guerre nucléaire pour l’Ukraine, même alors que sa survie est en jeu. Les États-Unis n’ont pas d’intérêt vital en la matière. Cette opinion a été exprimée sans équivoque par l’ancien président Barack Obama en 2016.
Mais comme le faisait remarquer Politico précédemment, il serait insensé d’accepter l’Ukraine dans l’OTAN, que ce soit maintenant ou à terme.
Selon l’évaluation du journal, les promesses de l’Occident sont des paroles en l’air. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. La proposition de Macron semble plutôt insignifiante, et le pacte des États-Unis est essentiellement symbolique. Néanmoins, même les fausses promesses peuvent receler un danger réel.
source : Observateur Continental