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La gauche britannique s’attaque à l’immigration

Capture écran X Keir Starmer
Capture écran X Keir Starmer
« Réduire la dépendance à l’égard des travailleurs étrangers ». Ce 22 juillet, depuis le salon aéronautique de Farnborough, au sud de l’Angleterre, Keir Starmer, le tout nouveau Premier ministre britannique, issu des rangs du Parti travailliste, a présenté son plan pour relancer la croissance et l’emploi tout en donnant un coup d’arrêt à l’immigration. Avec Skills England, une nouvelle agence qui devrait voir le jour d’ici neuf à douze mois, le nouveau locataire du 10 Downing Street espère ainsi favoriser la formation des jeunes britanniques pour répondre aux besoins des entreprises locales. L’objectif affiché : ne plus dépendre de la main-d’œuvre étrangère dans de nombreux secteurs tels que la santé ou le bâtiment.

 

Se passer de la main-d’œuvre étrangère

Promesse de campagne en cours de réalisation. Quelques semaines avant l’élection, Keir Starmer promettait : « Le Royaume-Uni doit être moins dépendant de l’immigration en formant des travailleurs britanniques ». Moins de vingt jours après s’être vu confié par le roi Charles III la mission de former un gouvernement en son nom, le leader du Parti travailliste était donc en déplacement dans le sud du pays afin d’annoncer la création et le lancement de l’agence Skills England (Compétences Angleterre, en français). Cette agence, qui travaillera en collaboration avec les services chargés de l’immigration, aura pour mission, sous l’égide du ministère de l’Éducation, d’identifier les actuelles, potentielles et futures pénuries de main-d'œuvre, et de préparer et mettre en œuvre des plans de formation, permettant aux jeunes britanniques de développer les compétences recherchées dans leur région, et ainsi être embauchés. « Nous allons stimuler la formation de tous les travailleurs britanniques […] et ce faisant, nous stimulerons la croissance parce que s’il y a une chose qui stimulera l’innovation et la accélèrera la productivité, c’est d’avoir des travailleurs qualifiés » a ainsi déclaré Keir Starmer en marge de son déplacement.

Mais loin d’être un simple plan de formation et de relance de l’emploi, Keir Starmer espère que cette agence permettra également de réduire les entrées sur le sol britannique. Lors de son déplacement, le Premier ministre britannique a ainsi établi un lien entre le manque de compétences dans certains domaines au sein de la population britannique et l’immigration incontrôlée. « Bien trop souvent », la jeunesse « n’a pas eu accès à de bonnes opportunités ou formations » ce qui engendre « une sur-dépendance de notre économie à des niveaux d’immigration de plus en plus élevés ». Il espère donc que Skills England permette de mettre « en place le cadre nécessaire pour atteindre cet objectif tout en réduisant notre dépendance à l’égard des travailleurs étrangers ». Et ainsi « tourner la page » du recours « facile » à « l’importation de compétences ».

Pour l’heure, Keir Starmer n’a pas fixé de calendrier pour le développement de l’agence ni d'objectifs précis, tant pour les embauches que les réductions du nombre d’entrées.

Niveaux records d’immigration

Cette proposition venue de la gauche britannique trouve un fort écho outre-Manche. Car au-delà de l’emploi, il existe, au sein de la population britannique, une forte pression pour réduire les niveaux d’immigration qui atteignent des sommets ces dernières années. En effet, malgré le Brexit, les conservateurs ont échoué à endiguer les entrées sur le sol britannique. En 2023, le Royaume-Uni constatait ainsi en immigration nette, 685.000 entrées. Un chiffre certes en légère diminution par rapport à l’année 2022 - année record avec 745.000 entrées - mais qui reste toujours largement supérieur au niveau d’avant la sortie de l’Union européenne.

Clémence de Longraye

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