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La voie totalitaire… à moins que…

Il ne faut pas attendre du président qu’il nomme un premier Ministre de sitôt. L’épisode Lucie Castets est le révélateur des gens qui pensent encore que la machine institutionnelle doit fonctionner de manière logique, avec des commentateurs qui raisonnent en constitutionnalistes aguerris. Et pourtant rien ne se passe comme prévu et probablement rien ne se passera comme cela devrait normalement se passer. La raison en est le profil psychologique extrêmement particulier du président, qui a pourtant habitué les éditorialistes à sa manière de toujours interpréter les textes pour mieux s’en passer.

On ne va pas lui donner tort pour Lucie Castets. On ne voit pas en quoi la tenue des finances parisiennes et plus largement, la conduite des affaires de Paris, ferait que l’on nomme une haute fonctionnaire co-responsable du fatras parisien à la tête du gouvernement. Pour une fois, on ne va pas blâmer le président qui a balayé cette candidature d’un revers de main, elle était évidemment, calamiteuse. Cependant, cette femme de caractère aurait aussi risqué de lui tenir tête. Mais il faut bien voir le fond de l’affaire : les premiers Ministres passés ont été des hommes de paille, à l’évidence. Philippe, Castex, Borne et Attal, n’ont été que les faire valoir du président qui commande réellement et qui ne veut comme Premiers Ministres, que des exécutants zélés. Cela s’est vu lors des tous les épisodes dramatiques que nous avons traversés, des Gilets Jaunes, aux Jeux Olympiques, en passant par la dette, le Covid et l’Ukraine, au cours desquels le président exige une fenêtre télévisée, quand il veut, comme il veut, palabre et demande au gouvernement de mettre en musique une fois qu’il a parlé. Il a aussi présidé des conseils de crise, des conseils scientifiques, où il impose ses idées. Il y place des gens à lui. Il mène des débats seul face à des dizaines d’interlocuteurs, une manière bien connue de se mettre en vedette et d’être finalement, le seul à parler.

Il faut bien se rendre à l’évidence puisque c’est là sous notre nez, Macron veut exercer le pouvoir tout seul, se passer de ses Ministres, se passer de conseillers éclairés en cas de crise, comme de Raoult par exemple, se passer en fait de toute personne susceptible de lui faire de l’ombre et surtout de ne pas se positionner à la fois comme admirateur et exécutant. L’histoire est tellement évidente et toujours la même, qu’elle a continué. Il a perdu sa majorité à l’assemblée, qu’importe, il a continué à forcer les institutions et a fait passer ses commandements au 49.3. Pour l’Ukraine, il n’a demandé l’avis de personne, alors même que la voix du parlement aurait été nécessaire. Un problème ? Fabius avalise, légalise ce qui ne l’est pas, blanchit les écarts. Les journalistes ? Pas de problème, ils ont des ordres et les « aides » financières à la presse n’ont jamais été aussi rondelettes, les rédactions en dépendent carrément pour leur survie. En réalité, tout a été corseté pour que la voix du président et peut-être d’une poignée de collaborateurs, s’impose à une nation qui a dit, par les urnes, à deux reprises, qu’elle n’en voulait plus.

Quelle solution a-t-il donc maintenant, alors que les désaveux se sont enchaînés sans la moindre ambiguïté ? Les gens logiques estiment qu’il devrait nommer un Premier Ministre issu des rangs de la représentation majoritaire, il n’y en a pas. En siège, la gauche est majoritaire, en voix populaires, c’est le RN qui est majoritaire et le centre ne peut pas non plus gouverner. Le président utilise les Jeux Olympiques comme prétexte pour ne nommer personne, mais nous n’avons pas à faire à quelqu’un de logique, au sens politique où nous l’entendons, c’est bien pour cela qu’à chaque fois il se passe quelque chose que personne de logique n’avait prévu. Le chemin le plus probable, puisque c’est son profil psychologique et sa manière de faire, est qu’il s’oriente vers une forme de gouvernance dans laquelle il pourra se passer à la fois de ce peuple qu’il déteste, il l’a montré à maintes reprises et de ces parlementaires qui à son sens, l’empêchent de faire ce qu’il veut. La solution, puisque la Constitution ne mentionne pas de délai pour nommer un Premier Ministre, sera probablement de gouverner de manière autocratique, avec des relais dans la haute administration, des décrets, les uns derrière les autres, appliqués par la machine administrative. Plusieurs commentateurs ont d’ailleurs commencé à imaginer cette forme d’issue.

Ce ne sera pas très constitutionnel, mais ce ne sera pas la première fois. Sera-t-il assez gonflé pour oser le faire ? Sans aucun doute, sa personnalité le lui permet et il aurait tort de s’en priver, puisque tout passe, là où un autre aurait été arrêté sans problème, par son surmoi et les contre pouvoirs en place. Avec lui, les contre pouvoirs ne bougent pas. Les Conseils d’État et Constitutionnel ? Ils regardent tout passer. Les oppositions à l’assemblée ? Elles ne s’opposent pas. La presse ? Muselée par la subvention. Que reste-il ? Le peuple ? Il doit travailler dur pour payer ses crédits, la dette, nourrir ses enfants et les cohortes de parasites accueillis à tour de bras, en résumé : survivre. Tous les ingrédients sont donc bien réunis pour qu’un président désireux de commander seul, puisse se passer, selon un mode correspondant à celui d’une machine à cliquets, enclenchée depuis 2017, de l’ensemble des usages démocratiques et il ne faut pas imaginer un seul instant que sa grande amie européenne, Von-der-Leyen, y trouverait quelque chose à redire. On peut espérer que quelques-uns, disposant encore le leviers, sortent de leur torpeur et se mettent à penser et agir, à la fin des JO et à leur retour de vacances…

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Pierre Duriot : porte parole du Rassemblement du Peuple Français.

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