Sans doute moins couche-tôt que notre Léon, la jeune Camille Jedrzejewski, médaillée d’argent en tir à 25 m, a dû sacrifier au rituel de France 2 et affronter les médaillés d’or du ricanement et de l’autosatisfaction.
Il se trouve que les épreuves de tir sportif se déroulaient à Châteauroux, préfecture de l’Indre de 43.000 habitants, au cœur du Berry, certes plus proche du Marais poitevin que du Marais parisien. Alors ? Face à la jeune Picarde médaillée d’argent, ça ricane, forcément.
Quels abrutis !
C’est Laurent Muyat qui démarre : « On avait une question, d’autant plus que la compétition, c’était à Châteauroux », lâche-t-il avec son petit sourire narquois. « Et comment, à Châteauroux, on vit ces Jeux olympiques ? »
Camille Jedrzejewski commence à vouloir répondre, mais il la coupe : « C’est loin de Paris. » Pas besoin d’en dire plus, on comprend qu’on est là chez les bouseux. Les JO, c’est Paris, tout Paris et rien que Paris.
C’est alors l’ineffable Paul de Saint-Sernin - celui qui, il y a peu, se payait de façon éhontée le physique de Marion Maréchal - qui surenchérit : « Déjà, tu peux pas la fêter. » Il répète : « Déjà, quand tu gagnes une médaille à Châteauroux, tu peux pas la fêter. » Ah bon, et il a vu ça où, ce gommeux qui ne sait assurément pas situer Châteauroux sur la carte de France ?
« C’est peut-être ce que tu as pensé, lui répond la jeune athlète, mais moi, j’ai vécu quelque chose de différent. C’est incroyable, ce que le public était proche de nous. J’ai rapidement été emmenée au Club France et je crois que j’ai fêté la médaille avec un public vraiment magique. »
Ben oui, dans Le Loir-et-Cher, l’Indre, le fin fond de la Sarthe ou les confins de l’Allier, on vit, on rit, on pleure et on se réjouit d’une médaille française. C’est bête, hein !
Survivre à l'abandon des élites
Les abrutis, ce ne sont pas les Français de province qui luttent pour survivre à l’abandon de nos pseudo-élites, ce sont tous ces ricaneurs professionnels, tous ces bouffis prétentieux qui n’existent plus hors de leurs cercles parisiens. Des petits marquis et marquises qui supportent mal la critique et pleurnichent, comme Laurent Luyat qui n’apprécie pas les sévères critiques sur sa consœur Léa Salamé. « À un moment donné, c’est du bashing un peu dégueulasse, quand même », dit-il à Ouest-France.
Ce qui est « dégueulasse », c’est le mépris non dissimulé de toutes ces stars de l’audiovisuel public. Quant à Gil Avérous, le maire de Châteauroux, il rêve que ces Jeux apportent un peu de notoriété à sa ville qui ne mérite pas le mépris dont on l’affuble : « On connaît ce regard moqueur, on peine à s'habituer », confie-t-il à France Bleu. « Ces Jeux olympiques ont permis de faire connaitre, de faire apprécier Châteauroux, son agglomération, le département dans son ensemble. »
Châteauroux, c’est la France. La vraie. Celle qui se bat pour survivre aux promesses jamais suivies d’effet : les Chinois Huawei et Sanei avaient promis, en 2014, d’y investir 200 millions d’euros, puis ont renoncé en 2020. Tout comme l’investisseur saoudien qui a revendu, en janvier dernier, le club de foot acheté trois ans plus tôt. Châteauroux n’est pas dans les tuyaux de la start-up nation chère à Macron. Trop loin. Trop pauvre.
Raison pour laquelle, sans doute, le RN est passé de 16,85 %, aux législatives de 2022, à 35,54 % ,au scrutin de juin dernier.
Marie Delarue
https://www.bvoltaire.fr/quels-jeux-lemission-qui-se-vautre-dans-le-parisianisme/