L’enfant roi dans toute sa splendeur
Il n’a pas démérité les sifflets dirigés contre lui lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Les deux derniers mois constituent une nouvelle séquence politique où le résident de l’Elysée a étalé son arbitraire à un niveau peu commun, dans le seul souci de ses intérêts. Voilà en effet un homme qui a accéléré au délà du raisonnable l’agenda politique avant de décréter unilatéralement une trêve.
Bien sûr, ce qu’a décidé Macron respecte à peu près la Constitution, encore qu’il y avait débat sur le trop court délai entre la date de dissolution et la date des élections. Mais la séquence des dernières semaines démontre à nouveau un profond irrespect pour l’esprit de nos institutions, et un comportement qui s’apparente davantage à celui d’un sale gosse capricieux qui se prend pour ce qu’il n’est pas. Il est tout de même sacrément culotté de commencer par accélérer à ce point l’agenda politique, et refuser de donner un temps de campagne suffisant pour une élection législative si importante, réduite à seulement trois petites semaines, tout en prenant bien son temps à la suite de la nouvelle défaite électorale de son camp, au nom des Jeux Olympiques. Les JO étaient prévus bien avant les élections législatives, et si la stabilité politique était si importante à ce moment, alors, il fallait simplement dissoudre après leur organisation.
Quel ridicule aussi d’évoquer le caractère prétendument gaulliste de l’appel au peuple qu’est la dissolution, comme l’a fait Darmanin, quand Macron se comporte de manière si peu gaulliste après ! Il est évident qu’après un tel revers, le Général aurait démissionné, lui. La dissolution était un coup politique peu glorieux, entre réaction d’orgueil et calcul dont il refuse pour l’instant d’assumer les conséquences, cinq longues semaines après le second tour, alors même qu’il a laissé moins de temps aux Français pour se décider. Là encore, il est clair que s’il devait y avoir dissolution, elle devait avoir lieu à la rentrée, après les JO, pour permettre un débat clair, en laissant un peu plus de temps pour organiser un débat si important. Mais ce président n’aime pas la démocratie. Au passif de ses mandats, restera son refus du débat et ses basses manœuvres pour l’éviter le plus possible, y compris en saturant l’espace médiatique.
C’est ce qu’il avait fait lors des Gilets Jaunes, avec ces pseudo-débats, qui étaient surtout l’occasion de monologues à la Chavez, où les autres interventions étaient surtout des prétextes pour permettre à Macron de parler, dans une asymétrie de la parole qui n’avait rien du débat. De même, en 2022, pour sa réélection, il a fui le débat autant que possible, utilisant de la manière la plus cynique la guerre en Ukraine pour éviter les questions sur son bilan. Macron est le spécialiste des campagnes tronquées, bien aidé par des journalistes sélectionnés pour leur complaisance, qui oublient toujours de le questionner sur les questions qui fâchent, du niveau réel du chômage bien plus élevé que les sondages qui nous servent désormais de baromètre, à la très préoccupante explosion de la violence et de l’insécurité dans notre pays. Macron est tout aussi vindicatif et sûr de lui en apparence que fuyant à l’égard de la démocratie.
Bien sûr, la conclusion de cette élection législative est complexe. Le premier bloc structuré, le NFP a obtenu à peine plus de 30% des sièges et un peu moins de 30% des voix, ce qui ne lui donne pas vraiment les moyens de gouverner alors qu’il refuse tout rapprochement avec le camp présidentiel. Les injonctions à la nomination d’un Premier ministre issu de ses rangs se révèlent d’autant plus présomptueuses que ce bloc avait dénoncé la majorité relative pourtant bien plus confortable obtenue par le président en 2022. Même s’il ne repose pas sur une alliance en bonne et due forme, la configuration actuelle de l’Assemblée fait que c’est plutôt le bloc Renaissance-LR qui est en position de gouverner, avec ou sans alliance formelle. Après tout, ils se sont désistés l’un pour l’autre au second tour des législatives, se sont entendus pour réélire Yaël Braun-Pivet et sont assez proches intellectuellement et programmatiquement.
Macron pouvait parfaitement nommer Xavier Bertrand rapidement pour prendre en compte le vote des Français. Ce dernier avait fait acte de candidature et il incarne une ligne LR-Macron compatible. Si la trop grande proximité des JO ne permettait pas de changer l’équipe gouvernementale avant, alors, il ne fallait pas dissoudre en juin… Et voir le président en appeler à un rassemblement allant du PS à LR au nom des choix du second tour est assez ridicule : cela revient à vouloir imposer à des personnes opposées à la dissolution d’assumer les conséquences de son choix solitaire et jupitérien, dont il se lave les mains en repoussant encore une fois les décisions difficiles. Que fait-il, lui, pour sortir notre pays de la crise politique qu’il a lui-même déclenché ? N’est-il pas effarant que son agenda ne semble pas affecter par cette crise, entre sommets internationaux et participation en touriste aux Jeux Olympiques.
Les sifflets du 26 juillet, trop peu mentionnés, étaient donc bien mérités. Macron continue à se comporter comme un enfant mal élevé, seulement préoccupé par son petit confort, qui profite de sa place sans jamais se soucier du bien commun, jouant avec les institutions et les Français. Ce n’est pas un président, c’est un mauvais joueur, irresponsable et capricieux, qui semble n’avoir rien appris depuis 2017.