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Lozère : LR et macronistes s’entendent. Modèle de la future majorité ?

assemblée nationale
Ce vendredi 9 août, un épiphénomène de la vie politique locale nous a peut-être donné une indication sur les contours de la future majorité, forcément relative, qui pourrait émerger dans les prochains jours à l'Assemblée nationale. Les dernières législatives, avec la loi interdisant le cumul des mandats, a en effet poussé plusieurs députés élus à quitter leurs fonctions quand ils étaient à la tête d'exécutifs locaux. C'est le cas de Sophie Pantel, présidente socialiste du conseil départemental de la Lozère depuis 2015, qui a cédé sa place à Laurent Suau, le maire de Mende. Ce dernier est un ex-socialiste, qui soutenait Sophie Pantel au conseil départemental. C'est même lui qui l'a poussée à se présenter aux législatives pour éviter un candidat NFP LFI trop repoussoir, d'après Le Huffpost.

Il l'aurait fait, prétend-il, en lui promettant de ne pas briguer sa succession à la tête du département et en échange de son engagement à procéder à des « changements dans l’organisation » du conseil départemental, comme il l'a déclaré vendredi à l’AFP. Prétextant que le compte n'y était pas, il s'est présenté, à la surprise de tous, et a été élu, à la plus grande surprise de tous, par le renfort des voix des élus de droite du conseil. Au premier tour, Laurent Suau a obtenu 7 voix, contre 10 au candidat de la gauche, Jean-Louis Brun, et neuf à Jean-Paul Pourquier, le président UMP du département de 2004 à 2015. Après un « appel à l’ouverture et aux bonnes volontés » de Laurent Suau, Jean-Paul Pourquier s’est désisté à son profit au second tour et le maire de Mende a obtenu 16 voix sur 26, faisant basculer la majorité vers une alliance du centre et de la droite.

Une alliance Attal-Wauquiez et un modèle sur le plan national ?

Tout cela peut s'apparenter à de la mauvaise cuisine électorale ou préfigurer une majorité qui donnerait satisfaction aux macronistes et à la droite LR. On serait même tenté d'y voir une nouvelle conséquence de l'entente entre Gabriel Attal et Laurent Wauquiez pour la répartition des postes du bureau de l'Assemblée nationale. En effet, la Lozère n'est guère loin de la Haute-Loire, le fief de Wauquiez, et on voit mal le chef du groupe LDR et présidentiable avoué ne pas avoir donné son aval à ce coup anti-NFP. En tout cas, Laurent Suau a explicitement placé sa victoire surprise sous le signe de cette stratégie en déclarant à l'AFP : « C’est un nouvel équilibre, qui devrait aussi pouvoir s’appliquer au niveau national ».

Vers un nouveau front républicain anti-NFP ?

Qu'il faille éviter à la France un gouvernement NFP est une évidence pour les macronistes, LR, mais aussi pour le RN, électeurs et cadres compris. Le RN aurait tout à gagner à assumer cette ligne. Ce faisant, il continuerait son parcours de responsabilisation, et, vu le rapport de force face à LR, s'érigerait en grand parti de droite. Sans voter la confiance à un tel gouvernement macronistes-LR mais en évitant de mêler ses voix à celles de la gauche pour le censurer, en votant même les lois qui iraient dans le bon sens, il pourrait devenir le grand gagnant de la période incertaine qui va s'ouvrir. Ne l'oublions pas : en Lozère, département rural et modéré, le RN a fait jeu égal avec la gauche au premier tour, tout en dépassant le député sortant LR. Alors, la Lozère, laboratoire pour la France ? Oui, mais peut-être pas exactement comme macronistes et LR l'envisagent.

Frédéric Sirgant

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