Incohérence, d’abord, parce que cette procédure de destitution n’a aucune chance d’aboutir. Il faudrait pour cela rassembler lors d’un vote plus de deux élus sur trois des deux chambres, soit 67% des députés et 67% des sénateurs. Or, comme le rappelle le sénateur des Hauts de Seine et ancien ministre Roger Karoutchi, « le Nouveau Front Populaire dispose de 30% des députés et 28% des sénateurs… si tant est que tous votent la destitution ». Peu de chances que les troupes de Mélenchon et Panot se rendent en chemise et la corde au cou au siège du RN pour réclamer l'appui du seul groupe qui donnerait une chance à leur initiative. Autant dire qu’on est davantage dans le numéro d’illusionniste fort en gueule que dans la noblesse de la politique. Demander en hurlant ce qu’on ne peut obtenir tient du comportement prépubère… risqué.
Du reste, la gauche s’empresse de laisser Mélenchon se dépatouiller seul dans ses aventures promotionnelles. Le patron du PS Olivier Faure s’est empressé de préciser qu’il n’applaudissait pas cette trouvaille. « Cette tribune n’est signée que par les dirigeants de LFI. Elle n’engage que leur mouvement. La réponse à une nomination d’un PM (Premier ministre) qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine, est la censure », écrit le Premier secrétaire du Parti socialiste sur le réseau X.
Lucie Castets reçue vendredi à l'Elysée
Comme le raconte La Fontaine, la grenouille LFI qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf « s'enfla si bien qu'elle creva ». A force de monter la barre de ses ambitions, Mélenchon démontre avec force son impuissance. Il prouve à ceux qui en doutaient encore que le NFP n’est qu’une coalition boiteuse montée pour remplir les caisses des partis qui la composent et donner l'illusion d'une puissance introuvable, rien de plus. Une mouvement ultra-minoritaire dans le pays qui rêve d’obtenir par la force ce que les urnes lui refusent.
Enfin, dernière incohérence, le même NFP piloté par Mélenchon impose à Macron, qui recevra vendredi les chefs de partis, de rencontrer sa candidate à Matignon Lucie Castets. Ce qui irrite Marine Le Pen, non sans raison : « À quel titre Lucie Castets prétend participer à la réunion de vendredi à l’Élysée concernant les chefs de parti et les présidents des groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Elle n’est ni députée, ni chef de parti, ni présidente de groupe. Elle est imposée par la coalition minoritaire du NFP. C’est une décision qui s’apparente à un coup de force », conclut Marine Le Pen.
Se débarrasser de Macron qui affaiblit la France, oui. Constater qu’il se jette dans une impasse qui ressemble chaque jour davantage à Fort Chabrol, évidemment. Mais se laisser prendre dans les prestations d’agitateur de Mélenchon – le même qui accusera demain la droite de tentation autoritaire -, il y a un pas. Les clowns tristes du NFP croient-ils eux-mêmes à leur numéro ?
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/les-clowneries-du-nfp-meilleure-animation-de-lete/