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Geadis Geadi : « Cinquante ans plus tard, les Chypriotes aspirent toujours à retrouver leurs maisons ancestrales »

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Source Breizh info cliquez ici

Chypre, une île située dans la Méditerranée orientale, a été divisée de facto depuis 1974. Cette année-là, un coup d’État soutenu par la Grèce, visant à rattacher Chypre à la Grèce, a conduit à une intervention militaire de la Turquie. En conséquence, l’île a été divisée en deux : le sud, contrôlé par la République de Chypre (reconnue internationalement), et le nord, sous contrôle turc.

La partie nord de l’île s’est déclarée indépendante en 1983 sous le nom de « République turque de Chypre du Nord » (RTCN). Cependant, cette entité n’est reconnue internationalement que par la Turquie. La majorité de la communauté internationale, y compris l’Union européenne (UE), considère toujours l’ensemble de l’île comme appartenant à la République de Chypre, même si la législation de l’UE est suspendue dans les zones contrôlées par la RTCN .

La division de l’île a des implications politiques et économiques majeures. Les Chypriotes turcs, bien que vivant dans un territoire contrôlé par la RTCN, sont techniquement citoyens de l’UE, puisqu’ils sont également citoyens de la République de Chypre. Cependant, la reconnaissance limitée de la RTCN crée des défis pour les relations internationales et le commerce.

Geadis Geadi est diplômé en sciences politiques de l’Université de Chypre et a été élu député européen pour le Front national populaire (Ethniko Laiko Metopo-ELAM) lors des élections européennes du 9 juin 2024. Notre confrère Álvaro Peñas l’a interviewé, traduction par nos soins, pour comprendre la situation sur place.

Le 20 juillet a marqué le 50e anniversaire de l’agression et de l’invasion turques du nord de l’île. Quelle est la situation à Chypre aujourd’hui ?

Geadis Geadi : Chypre est restée séparée et occupée depuis l’invasion turque de 1974, la République de Chypre, reconnue internationalement, n’étant pas en mesure de contrôler 37 % de son territoire. Mais la Turquie ne s’est pas arrêtée là : en 1983, dans une tentative de légitimer le transfert forcé de population et la sécession illégale, la Turquie a unilatéralement déclaré un pseudo-État appelé « République turque de Chypre du Nord ».

Cette déclaration arbitraire d’indépendance, sur un territoire militairement occupé, dépendant de la Turquie et contrôlé politiquement et économiquement par elle, a été faite en violation du droit international et n’a aucune substance ni reconnaissance.

Depuis lors, quelque 40 000 soldats turcs sont stationnés en permanence dans les territoires occupés, des milliers de Chypriotes vivent en tant que réfugiés sur l’île et ne peuvent pas rentrer chez eux, et des centaines de personnes sont toujours portées disparues. La Turquie refuse de coopérer sur cette question humanitaire cruciale, tandis que les efforts déployés pour modifier le caractère démographique de l’île se poursuivent avec l’envoi de colons turcs.

Cinquante ans plus tard, les Chypriotes aspirent toujours à retourner dans leurs foyers ancestraux, avec une vision de libération.

Le gouvernement Erdogan et sa politique « néo-ottomane » de récupération du passé ottoman ont-ils aggravé les tensions ?

Geadis Geadi : Les politiques « néo-ottomanes » du gouvernement Erdogan, qui mettent l’accent sur un retour à l’influence et au pouvoir ottomans, ont exacerbé les tensions dans la région. Ces politiques comprennent des positions affirmées en Méditerranée orientale, des différends frontaliers maritimes, des positions militaires et des assassinats de civils (1996), ce qui a encore compliqué la situation déjà fragile de Chypre.

La position de la Turquie sur la question chypriote reste intransigeante : en raison de sa position géopolitique, elle veut contrôler entièrement Chypre, ignorant les réalités historiques et démographiques de l’île. Dans les négociations et sur le terrain diplomatique, la Turquie intensifie malheureusement ses exigences afin d’accroître son influence sur l’île par le biais de compromis.

Au contraire, notre camp, depuis des décennies, fait des concessions à tort et adopte les positions turques dans le cadre d’une politique d’apaisement similaire à l’approche de Chamberlain avec Hitler, ce qui alimente l’intransigeance turque. Par exemple, la position actuelle des dirigeants politiques chypriotes, qui soutiennent une fédération bizonale et bicommunautaire, reflète une position turque antérieure.

Outre ce conflit, Chypre a été affectée par la guerre en cours à Gaza. Le Hezbollah a menacé Chypre d’une guerre si elle soutenait Israël et autorisait les avions israéliens à utiliser ses aéroports.

Geadis Geadi : En raison de sa position stratégique, Chypre ressent inévitablement l’impact des conflits régionaux tels que la guerre en cours à Gaza. Les menaces du Hezbollah sont prises au sérieux, car elles contribuent à l’atmosphère déjà volatile de la région. Si nous nous attachons à garantir notre sécurité nationale, nos actions sont guidées par les principes du droit international et par notre engagement en faveur de la stabilité régionale.

Outre la division de l’île, quels sont les principaux problèmes de Chypre ?

Geadis Geadi : Au-delà de la division de l’île, l’immigration clandestine constitue un défi majeur pour Chypre. Le pays connaît une augmentation significative du nombre de migrants illégaux et de demandeurs d’asile, ce qui exerce une pression sur les ressources et les infrastructures. En particulier, le ministre chypriote de la défense a déclaré dans une interview récente que le nombre de demandeurs d’asile avait dépassé 10 % de la population. Cette situation a intensifié les tensions sociales.

Dans le même temps, nous ne pouvons ignorer le fait que d’importants flux d’immigrants illégaux – dont beaucoup sont des fanatiques islamiques – arrivent à Chypre en provenance de Turquie, dans le but de déstabiliser l’île et d’en modifier la démographie.

Un autre problème crucial est le faible taux de natalité, qui contribue au vieillissement de la population et aux défis économiques et sociaux potentiels à long terme. C’est peut-être l’un des problèmes les plus importants, pour lequel une solution doit être trouvée immédiatement.

Nous ne pouvons pas laisser de côté les énormes défis économiques et les questions concernant les secteurs de la production primaire et secondaire. Je ne peux manquer de mentionner l’énergie, qui est également une question paneuropéenne, Chypre pouvant jouer un rôle très décisif. Pour ceux qui l’ignorent, d’énormes gisements de gaz naturel ont été découverts dans la zone économique exclusive de Chypre. Ceux-ci pourraient faire de Chypre un pilier énergétique alternatif de l’Europe. C’est pourquoi nous insistons sur la création du gazoduc East Med Natural Gas Pipeline, qui reliera Chypre à l’Europe. Malheureusement, la Turquie, en utilisant des menaces et des actions militaires illégales, bloque les travaux et l’extraction du gaz naturel, en se basant sur sa propre théorie selon laquelle les îles ne peuvent pas avoir de ZEE.

L’ELAM est entré au Parlement européen pour la première fois, devenant le troisième parti politique du pays en termes de voix. Quelle est la raison de la croissance de votre parti ?

Geadis Geadi : Le Front national populaire (ELAM) a gagné du terrain à Chypre, devenant le troisième parti politique en termes de voix. Il convient de noter que, depuis sa création en 2008, il a enregistré une augmentation du nombre de ses électeurs à chaque élection.

Plusieurs facteurs contribuent à cette progression. Les électeurs ont compris que, pour résoudre les problèmes auxquels Chypre est confrontée, ils doivent chercher des alternatives réalistes aux partis traditionnels. La position ferme du parti sur l’immigration trouve un écho auprès des groupes de population qui s’inquiètent du nombre croissant de migrants et de demandeurs d’asile. En outre, la rhétorique de l’ELAM et l’accent mis sur la protection des valeurs traditionnelles et de l’identité attirent les électeurs conservateurs.

ELAM est le parti politique chypriote qui tente de préserver l’identité et la souveraineté nationales, l’institution de la famille contre ceux qui veulent imposer l’agenda Woke, et l’identité religieuse chrétienne de notre peuple. C’est la force politique qui se tient aux côtés des citoyens et les soutient au quotidien, en essayant de trouver des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés – des problèmes de nature sociale et économique. C’est le parti politique qui a tenu tête aux banques lorsque celles-ci, avec l’accord d’autres partis, ont procédé au désinvestissement. ELAM est là par le peuple, pour le peuple.

Pourquoi l’ELAM a-t-il décidé de rejoindre le groupe ECR ?

Geadis Geadi : L’ELAM a décidé de rejoindre le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (ECR) au Parlement européen en raison de principes idéologiques communs. Le groupe ECR promeut les valeurs conservatrices, la souveraineté nationale et la réforme de l’Union européenne, ce qui correspond à la plate-forme de l’ELAM sur ces questions.

En rejoignant l’ECR, l’ELAM cherche à amplifier son influence au sein du Parlement européen et à collaborer avec des partis partageant les mêmes idées afin de promouvoir des politiques qui reflètent ses vues sur la souveraineté nationale, l’immigration et la réforme économique. Cette alliance stratégique permet à l’ELAM de participer plus efficacement à l’élaboration de la législation européenne et de défendre les intérêts de ses membres sur une scène européenne plus large. L’ELAM est d’accord avec les politiques migratoires de l’ECR, qui privilégient un contrôle et une régulation stricts des flux migratoires. En outre, en tant que traditionaliste, l’ELAM accorde de l’importance à la préservation de l’héritage culturel et des normes sociales, s’alignant ainsi sur la position conservatrice de l’ECR.

Source : Breizh-info.com - 14/08/2024

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