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Migrants : le Sahara, une tombe à ciel ouvert peu rentable pour le discours immigrationniste

Migrants : le Sahara, une tombe à ciel ouvert peu rentable pour le discours immigrationniste (1/1)

La publication en juillet dernier d’un nouveau rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés sur les décès et les traitements infligés aux migrants sur les routes infra-africaines n’aura pas fait grand bruit dans la presse subventionnée. Pas plus qu’au sein des associations et autres ONG pro-migration : les noyés à nos portes seraient-ils plus rentables médiatiquement que les morts sur le continent africain ?

Un cimetière à ciel ouvert

Le rapport intitulé “Durant ce trajet, personne ne se soucie de savoir si vous vivez ou mourrez : Abus, protection et justice le long des routes entre l’Afrique orientale et occidentale et la côte méditerranéenne de l’Afrique” (1), fraîchement publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre mixte pour les migrations (CMM) est sans ambages : la traversée du Sahara est plus mortelle que celle de la Méditerranée. Si les chiffres sont donnés avec des pincettes tant la récolte d’informations en ces lieux est difficile, le nombre de décès dans le Sahara serait au moins deux fois plus élevé qu’en mer.

Les 31 500 témoignages provenant de 217 lieux différents recueillis font de plus état des atrocités que subissent les migrants sur les routes jusqu’au littoral méditerranéen :

“Crimes contre l’humanité (comme défini par l’ONU en 2023), décès, violences sexuelles et sexistes, tortures et violences physiques, enlèvements pour rançon, traites des personnes, vols, détentions arbitraires, expulsions collectives et refoulements; voilà la liste non exhaustive des « horreurs inimaginables » que les réfugiés et les migrants affrontent le long des routes qui s’étendent de l’est et de la corne de l’Afrique et de l’ouest de l’Afrique vers les rives de la Méditerranée et en direction de l’Europe.”

“Les témoignages recueillis par l’OIM, la MMC, le HCR et de nombreuses autres organisations humanitaires mettent en évidence les atrocités, violations et abus perpétrés par des criminels, des milices et des autorités de jure ou de facto gouvernementales. Les histoires de viols, de tortures pour extorquer des rançons aux familles et de longues périodes de détention arbitraire dans des conditions choquantes sont récurrentes. (…) Bien que de nombreuses personnes en déplacement semblent être conscientes des risques liés à la migration irrégulière, elles continuent de prendre le risque (OIM, 2023a), surestimant les chances d’atteindre le pays de destination prévu (OIM, 2023b).”

Sélections médiatiques

Ces voyages cauchemardesques – c’est peu dire – sont pourtant peu évoqués dans les grands médias. On s’émeut des femmes enceintes et des nouveaux-nés rescapés ou engloutis par la mer, tout en feignant d’ignorer qu’il s’agit, dans la grande majorité des cas, du fruit de viols ou de prostitution forcée durant la traversée. On s’étonne de la surreprésentation de déséquilibrés parmi les clandestins parvenus en Europe, comme si ce qu’ils ont vécu sur ces routes pouvaient disparaître une fois parqués dans quelques centres de réfugiés. On pleure les morts en Méditerranée mais on passe sous silence ceux du Sahara.

Des considérations humanitaires à géométrie variable et des raisonnements superficiels qui ne s’attachent jamais aux causes incommodes des phénomènes. Et dont la solution toute trouvée est toujours et seulement celle d’ouvrir encore plus nos portes et de donner plus. Puis tant pis si l’Afrique est le continent le plus riche en ressources naturelles… Les Africains ne sont pas sommés de prendre leur destin en main parce qu’on considère qu’ils n’en sont pas capables. Un jugement un tantinet raciste, qui vient nous rappeler que la colonisation fut une entreprise de gauche basée sur la même idéologie. Les époques et les conjonctures changent, mais c’est toujours à l’homme blanc de sauver l’home noir !

Alterophilie et rhétorique accusatoire

En appeler à la distance dans cette omission des décès et des tortures sur les routes infra-africaines n’est pas très pertinent puisque pour les nobles âmes altérophiles européennes, plus c’est loin, et plus c’est digne de leur pitié. L’éloignement n’entre donc pas en compte, qui plus est car il s’agit des même individus, ces migrants subsahariens qui quittent leur pays pour venir dans les nôtres.

Mais la Méditerranée, elle, a cela de bien qu’elle sert à nous accuser, les noyades se produisant à nos portes. Occulter les morts en Afrique permet en outre, de jeter le voile sur les exactions commises par des Africains contre des Africains, histoire que le prix de la méchanceté et du sadisme demeure l’apanage du seul homme Blanc. Le discours victimaire du continent noir est ainsi parfaitement entretenu.

C’est tout un système absolument inhumain qu’il faut mettre à bas. Et cela ne pourra commencer qu’en renversant le narratif actuel fait d’accusation des Européens et de victimisation de l’Africain.

Audrey D’Aguanno

(1) “On this journey no one cares if you live or die, Abuse, Protection and Justice along Routes between East and West Africa and Africa’s Mediterranean Coast

Photo d’illustration : Capture rapport ON THIS JOURNEY NO ONE CARES IF YOU LIVE OR DIE. Abuse, Protection and Justice along Routes between East and West Africa and Africa’s Mediterranean Coast, https://www.unhcr.org/media/journey-no-one-cares-if-you-live-or-die-abuse-protection-and-justice-along-routes-between-1

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