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Finances : heureusement que Bruno Le Maire était là !

Capture d'écran X
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Bruno Le Maire ne pouvait pas partir comme un voleur. Surtout lorsqu’on a tenu les cordons de la bourse pendant plus de sept ans. Et Bruno Le Maire ne pouvait pas non plus faire comme les autres. Les autres ? Ses collègues ministres qui, vraisemblablement, vont prendre leurs cliques et leurs claques dans quelques jours, qui pour rejoindre l’Assemblée nationale, qui pour aller voir ailleurs, qui pour, peut-être, revenir par la fenêtre d’un autre ministère. Donc, Bruno Le Maire a organisé, médiatisé, théâtralisé son départ de Bercy. Pas question, pour lui, d’être confondu avec le flot de ministres lambda qui refileront les clés de leur ministère la semaine prochaine devant des caméras qui ne sauront où donner de la perche. Bruno Le Maire ne pouvait pas faire comme les autres car il n’est pas n’importe qui. N’oublions pas que c’est tout de même l’homme qui fit 2,4 %, en 2016, à la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017. Derrière Nathalie Kosciusko-Morizet,- ce qui n’est tout de même pas rien. Que c’est l’homme qui fit trembler Vladimir Poutine en menaçant de détruire l’économie russe. Gérald Darmanin, qui se pousse du col pour « la suite », va donc devoir faire preuve d’imagination, la semaine prochaine, lorsqu’il quittera la place Beauvau pour tenter de faire mieux que son copain de Bercy. Bruno Le Maire a cité la chanson de Sardou Je vole. Le cabinet de Darmanin doit déjà être en train d'éplucher le répertoire de la chanson française.

On n'est jamais si bien servi que par soi-même

Donc, Bruno Le Maire, à mi-chemin entre le changement de locataire à Matignon et la grande valse du tout-venant, la semaine prochaine, s’est offert son show personnel qui a rassemblé pas moins de 1.200 personnes, entre fonctionnaires de Bercy, collaborateurs de cabinet, ministres et anciens ministres, parlementaires venus écouter le discours de l’écrivain-ministre. Un discours de remerciements. Mais si on écoute bien cette allocution, longue de trente minutes, qu’on la lit entre les lignes et pas seulement qu’entre les lignes, on comprend vite qu’il s’agissait de faire en toute simplicité le bilan de Bruno Le Maire. Normal. Après sept ans sans interruption à la tête du ministère de l’Économie et des Finances (un record !), c’est la moindre des choses.

La veille, Le Maire s’était livré au même exercice devant la commission des finances de l’Assemblée nationale, dans des conditions, disons, plus rugueuses. « J’avoue avoir du mal à trouver mes mots, à rester calme, face à une telle autosatisfaction »avait réagi le député RN Jean-Philippe Tanguy. Il faut bien reconnaître que Bruno Le Maire, en fin littéraire qu’il est, nous a offert une belle dissertation, bien construite, mais qui s’apparente plus à un splendide panégyrique qu’à un grisâtre rapport de contrôle de gestion. On n'est jamais si bien servi que par soi-même. Il nous a raconté une belle histoire sur la réindustrialisation de la France et refait le coup des trois temps de ces sept dernières années. Grand un : la réduction du déficit public ; grand deux : la crise du Covid qui a tout fichu en l’air ; grand trois : le rétablissement de l’équilibre des comptes. Une phase, paraît-il, dans laquelle nous nous trouverions actuellement, des fois qu'on ne s'en soit pas rendu compte. Faute de temps ou histoire de ne pas fatiguer son auditoire, Bruno Le Maire n’a pas évoqué les quelque 3.100 milliards de dettes de la France et encore moins une balance commerciale déficitaire de quelque 100 milliards d’euros en 2023. Certes, ça va mieux qu’en 2022 (162,7 milliards), mais pas de quoi claironner et faire péter le champagne sur le parvis de Bercy.

Le Moi n'est pas toujours haïssable

Sinon, dans ce discours, Bruno Le Maire a parlé d’un sujet qu’il connaît sur le bout des ongles, il faut bien le reconnaître : lui-même. Et de revenir sur sa démission de la fonction publique sur l’air « Moi, je l’ai fait, pas les autres, nananère ». « Dans la bonne République, disait Montesquieu, on dit "nous". Dans la bonne monarchie, on dit "moi". Alors apprenons à dire "nous" », lance Bruno Le Maire, à la fin de son discours. Comme un coup de griffe à celui qui en fit son ministre durant sept ans ? Avant de conclure en parlant de… lui-même. De sa carrière politique depuis 22 ans, de son prochain retour à ses premières amours, c’est-à-dire l’enseignement. « Il est temps pour moi de respirer un air différent de la politique », confesse-t-il, avant de conclure : « Et après ? Après, qui vivra verra… » Si vous voyez ce que je veux dire… Ça va vraiment être difficile de faire mieux, après Bruno Le Maire !

Georges Michel

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