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De quoi l’antiracisme est-il le nom ?

De quoi l’antiracisme est-il le nom ?

Dans son dernier livre, Le dogme de l’antiracisme (Éditions Dominique Martin Morin, 278 pages), l’essayiste maurassien Pierre de Meuse propose une synthèse critique de l’idéologie antiraciste.

Racisme et altérité

Afin d’éviter tout malentendu, l’auteur précise qu’il refuse de « disserter sur le caractère absurde des théories qui furent développées depuis le XIXe siècle sur la hiérarchisation des races car ses critiques sont connues et même officielles ». Son propos est d’être « anti-antiraciste » sans pour autant défendre le racisme.

Dans la préface, l’historien Bernard Lugan décrit la doctrine antiraciste comme « une entreprise de soumission et de culpabilisation organisée à travers un juridisme devenu quasiment inquisitorial ». Son origine est à rechercher dans le messianisme universaliste de l’“indifférenciation”, « avatar de l’idée portée jadis par la gauche coloniale qui voyait dans les Africains des Européens pauvres à la peau noire » qu’il convenait d’éduquer afin de les faire accéder à la civilisation. Une conception opposée en tout point à celle d’un Lyautey qui considérait les peuples colonisés non comme « inférieurs » mais comme « autres »…

Un impératif catégorique depuis la chute du nazisme

Pierre de Meuse rappelle que le reconnaissance de la diversité des races et des peuples a longtemps été reconnue sans difficulté tant elle était censée reposer sur des critères objectifs. Les philosophes des Lumières qui dénonçaient la traite des Noirs l’admettaient comme une évidence, de même que l’Église catholique jusque dans les années 1960.

Le changement de paradigme en faveur de l’antiracisme comme valeur découle de « la défaite cataclysmique de l’hitlérisme », renforcé ultérieurement par la dénonciation des « crimes de la colonisation ». Les conceptions antérieures ont progressivement été « assimilées au Mal », « en remplaçant la culpabilité du sexe par celle de la race ».

Les impératifs moraux antiracistes sont pourtant contradictoires : apologie du métissage alors que les races n’existent pas selon les scientifiques, affirmation de l’égalité des droits conjuguée avec une « discrimination positive » plus ou moins avouée (que Nicolas Sarkozy voulait importer des États-Unis), etc.

Une convergence avec une idéologie née en Amérique

Le principe de non-discrimination est quant à lui apparu vers 1930 aux États-Unis, à partir de conceptions propres au droit commercial [un sympathisant communiste comme Franz Boas, considéré comme un des pères de l’anthropologie américaine, avait participé de longue date à la diffusion de ce courant d’idée]. Toute discrimination, pourtant originellement synonyme d’entendement et de bon sens, est considérée comme illégitime si elle est fondée sur la nation, la race, la religion et, plus récemment, le sexe ou les pratiques sexuelles — celles qui résultent des inégalités de fortune demeurant parfaitement licites.

Pierre de Meuse insiste sur la portée pratique de ce principe, contraire « aux règles de fonctionnement des “sociétés naturelles” telles qu’elles existent depuis l’aube de l’humanité » : « La conviction mystique, même en partie fictive, que les membres de la communauté sont liés par le sang ne peut disparaître tout à fait sans porter un coup mortel à l’affectio societatis qui unit les membres. »

Ces conséquences sont d’autant plus graves que le système économique néolibéral renforce la déliquescence des liens sociaux et culturels. Comme l’écrit Jean-Claude Michéa : « D’un côté, ils (les “libéraux-libertaires”) croient pouvoir défendre à la fois l’économie de marché et les “valeurs traditionnelles”. Mais de l’autre, il leur faut en permanence oublier que c’est précisément le développement continuel de l’économie de marché qui érode, chaque jour un peu plus, le socle anthropologique de ces valeurs traditionnelles. »

La répression pénale en France

En 1972, la « loi Pleven », votée à l’unanimité par l’Assemblée et le Sénat, a inauguré l’apparition de délits spécifiques contre le racisme dans le droit pénal. Par la suite, « une trentaine de lois sont venues bétonner l’injustice, dans l’indifférence générale et l’insistance de l’Union européenne ».

Désormais, une formulation considérée comme raciste n’est plus une opinion, mais un délit ou une circonstance aggravante, ce que ne manque pas de rappeler régulièrement une association subventionnées telle que SOS Racisme.

À l’instar de Maître Éric Delcroix (contributeur assidu de Polémia et auteur d’ouvrages de réflexion sur le sujet), l’auteur observe une dérive juridique qui mène de la répression d’un comportement raciste à celle d’une opinion, voire, comme le faisaient les inquisiteurs du temps jadis, à la recherche par le juge des convictions intimes des prévenus. « Cette dérive s’oppose de front à une maxime remontant au droit romain le plus ancien qui énonce que personne ne peut être condamné pour une pensée. »

Un autre principe du droit romain applicable en droit français, l’exception de vérité, n’est pas recevable par les tribunaux en cette matière. Ainsi, un justiciable qui dénoncerait le comportement pénalement punissable d’individus appartenant à un groupe humain donné pourrait être attaqué en justice pour diffamation par des membres de ce groupe, quand bien même il serait démontré que ledit comportement découlerait de la manière de vivre collective à laquelle les intéressés seraient soumis. « Le résultat est de rendre délictueuse, non seulement l’expression d’une opinion, par exemple sur l’immigration, mais encore la mise en lumière de faits précis. »

Enfin, la jurisprudence révèle que l’interprétation du droit par les juges contrevient parfois au principe de légalité criminelle interdisant de modifier le sens d’une loi pénale ou d’en étendre le domaine (sauf dans un sens favorable au prévenu).

« Pour la première fois, à rebours de toutes les sociétés humaines antérieures qui considéraient que le bien commun était d’abord la recherche d’un bien-être propre aux sujets de ces sociétés, une civilisation a inventé des lois destinées à défavoriser ses propres membres par rapport à ceux du dehors. »

De fait, l’ennemi principal qui menace la France n’est pas l’Islam, le peuple juif, les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, l’Angleterre, les immigrés, etc., mais le « système philosophico-législatif qui nous opprime comme un logiciel obstinément erroné ». « Il y a là toute la différence que les Romains faisaient entre l’Hostis, adversaire que l’on peut respecter, et l’Inimicus, l’ennemi de guerre civile. »

Qui sommes-nous ?

Dans la dernière partie du livre, riche de réflexions multiples, Pierre de Meuse cherche à définir ce qui fait l’identité de notre pays.

La proclamation d’une « France éternelle » lui semble douteuse :

« Nous savons bien que la France peut mourir, comme toutes les nations. (…) La croyance à sa pérennité rend frivoles et inutiles tous les efforts déployés pour sa contribution. »

L’identification de notre patrie au christianisme lui paraît également erronée, quand bien même des relations consubstantielles existent indiscutablement avec cette religion :

« Si être chrétien, c’est être français, non seulement c’est une négation des autres identités nationales, mais encore, soluble dans une croyance universelle, la France elle-même y perd son existence. »

De même, affirmer que la France est une « idée » constitue à ses yeux une erreur car il n’est, en cette matière, pas question de connaissance mais d’appartenance à une collectivité, « comme l’indique l’étymologie du mot, issue du radical indo-européen nas, qui évoque la naissance ».

Notre pays n’est pas non plus réductible à la langue française :

« Non seulement, en effet, les francophonistes intègrent dans la France (et sans leur accord) les cent vingt millions de francophones africains, au mépris de la réalité, mais ils appellent à combattre les langues régionales qui menaceraient la prééminence du français. (…) Du temps de nos rois, la majorité des Français ne parlaient pas le français. (…) La langue française est un véhicule inestimable, que nous devons entretenir et transmettre, mais elle ne résume pas notre combat. »

Enfin, l’auteur adopte un certain recul sur les proclamations visant à justifier le nationalisme ou le patriotisme par la qualité exceptionnelle de l’héritage culturel de la France : « Ce n’est pas parce qu’elle apporte à l’humanité une contribution irremplaçable qu’elle mérite (aux yeux de quel juge ?) de survivre, mais parce qu’elle est collectivement déterminée à persévérer dans l’être. »

« À force de ne voir dans la France qu’un principe, les Français finissent par oublier qui ils sont vraiment », au point d’en oublier de combattre une « idéologie de l’indifférenciation » issue d’« idées chrétiennes devenues folles »
Chesterton

Que faire ?

« Face à la maladie très grave que subit la Patrie », c’est donc l’« expression d’un vouloir-vivre collectif » qui demeure indispensable. Pierre de Meuse met ainsi en avant la nécessité du combat des idées, préalable à l’action politique efficace, par le biais de productions d’analyses adressées à un « public averti » composé d’universitaires, de juristes, d’administrateurs, d’intellectuels, de religieux, etc.

En outre, malgré « les privations de plus en plus lourdes de liberté qui en viennent aujourd’hui à sanctionner le rire », ce dernier reste « une arme meurtrière entre les mains de qui sait la manier ». « Déjà, de nombreux chansonniers se sont attaqués, de manière ambiguë, il est vrai, à l’antiracisme. Parmi nos amis, la dessinatrice Chard a multiplié les caricatures dont chacune est un discours plein de finesse, toxique pour les certitudes au pouvoir. »

Un programme que ne renierait certes pas Jean-Yves Le Gallou, initiateur des Bobards d’Or !

Johan Hardoy 19/09/2024

Pierre de Meuse, Le dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences. Préface de Bernard Lugan, DMM éditions, 278 pages, juillet 2024. ISBN : 978-2856524817

https://www.polemia.com/de-quoi-lantiracisme-est-il-le-nom/

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