Une communication à outrance
« Il y a une baisse très importante de la délinquance dans les Bouches-du-Rhône et à Marseille, en particulier depuis le 1er janvier de cette année. » Le 7 août dernier, en visite à Marseille après les Jeux olympiques, Gérald Darmanin s’auto-félicitait de son bilan contre l’insécurité marseillaise et soulignait même le recrutement de « 350 policiers et gendarmes de plus ». Le lendemain, celui qui était encore ministre de l’Intérieur saluait à nouveau la hausse des effectifs des forces de l’ordre dans la cité phocéenne et assurait que « les promesses du président de la République de renforcer considérablement les moyens de la police nationale à Marseille sont tenues ». Déjà en 2021, lors du lancement du plan « Marseille en grand », Gérald Darmanin usait des mêmes éléments de langage et se réjouissait de l’arrivée de « 300 policiers en plus, dont 100 en 2021 ». Au total, au terme de plus d’une trentaine de déplacements dans les Bouches-du-Rhône, Gérald Darmanin n’aura eu de cesse de multiplier les annonces sur le recrutement de nouveaux effectifs dans les rangs des forces de l’ordre à Marseille. Mais quelques semaines après son départ du ministère de l’Intérieur, la Cour des comptes, chiffres à l’appui, vient donc détruire cette communication à outrance.
Des renforts insuffisants
Oui, notent les magistrats, il y a bel et bien des recrutements de policiers et les chiffres avancés par Gérald Darmanin sont exacts. Les recrutements, depuis 2021, ont bien existé. Mais ce qu’oublie de préciser le député du Nord, c’est que ces recrutements, entamés en 2021, n’ont pour le moment pas permis de compenser les très nombreux départs. « Le différentiel entre entrées et sorties au sein des effectifs marseillais fait apparaître une nette dégradation du nombre de policiers affectés à Marseille entre 2016 et 2020, toutes filières confondues », note ainsi la Cour des comptes. Les sages montrent ainsi que les « effectifs [sont] en baisse constante jusqu’en 2020 ». À compter de 2021, des recrutements ont bel et bien été effectués, mais ceux-ci restent largement insuffisants face à la situation sécuritaire « hors normes » de Marseille et aux départs massifs.
Pire : ces recrutements ne permettent même pas de retrouver les niveaux d’effectifs de 2016. Comme le montre le rapport de la Cour des comptes, Marseille pouvait compter sur 4.232 agents, tous services confondus, en 2016 ; sur 3.953 en 2020 ; et sur seulement 4.064 agents en 2023. Par ailleurs, en 2023, sur les 310 agents de sécurité publique recrutés, 139 (soit près d’un sur deux) sort tout juste sortis d’école et n’ont donc quasiment aucune expérience de terrain. « Ces renforts ne sont pas suffisants pour permettre au schéma d’emploi d’évoluer favorablement », analyse la Cour des comptes, qui déplore aujourd’hui que seules les trois compagnies de CRS déployées « permettent de montrer à la population que la présence sur le terrain a été renforcée ». La vitrine façonnée par Gérald Darmanin se brise et l’insécurité demeure. Bruno Retailleau s’emploiera-t-il vraiment à lutter contre l’ultra-délinquance marseillaise ? Il y a urgence, les forces de l'ordre y sont menacées, agressées et lynchées, les homicides liés au trafic de stupéfiants explosent et le trafic de drogue gangrène la ville.
Clémence de Longraye
https://www.bvoltaire.fr/la-cour-des-comptes-etrille-son-bilan-gerald-darmanin-crie-au-mensonge/