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L’union des droites est un outil mais ce n’est pas une fin en soi

L’union des droites est un outil mais ce n’est pas une fin en soi

Marion Maréchal a été interrogée dans Valeurs Actuelles cette semaine. Extraits :

[…] ​

L’ébauche de coalition amorcée lors des élections législatives restera comme la grande révolution politique de ces dernières années. Je parle d’une ébauche car elle s’est construite dans la précipitation du fait des circonstances imposées par la dissolution. Elle n’a donc pas pu être parfaitement pensée, structurée et organisée. Éric Ciotti a rompu le cordon sanitaire, mais cela n’est pas encore suffisant pour l’emporter. Il faut continuer à avancer, à renforcer et élargir cette coalition.

Comment peser efficacement dans cette coalition avec un poids politique qui, vous concernant, reste très faible par rapport à celui de vos partenaires ?

Les plus d’un million d’électeurs qui nous ont suivis au moment des élections législatives dans notre soutien à la coalition RN-Ciotti après avoir voté pour ma liste aux européennes représentent tout sauf un “poids politique faible”. Quand je regarde en arrière, je m’aperçois que cette question de l’efficacité, cette obsession de la victoire du camp national, ne m’a jamais quittée. Je garde toujours en mémoire les élections régionales de 2015. On termine avec le meilleur score jamais obtenu par le Front national [40,5 % au premier tour, 45,2 % au second, en région Paca avec Marion Maréchal tête de liste, NDLR]. Le parti y voit alors une immense source de satisfaction pour l’avenir. Moi, je le vis comme un point de bascule politique et même psychologique.

À ce moment-là, j’aurais très bien pu rester sagement au FN et gravir les échelons. Mais ce sentiment d’impasse m’a conduite à me mettre en retrait. Je me suis efforcée d’être efficace ailleurs, dans le privé et dans le combat culturel, avec la création de l’Issep. Puis arrive la candidature d’Éric Zemmour. Quand je le rejoins, en mars 2022, je sais en réalité qu’il ne sera pas élu président de la République. Je perçois, néanmoins, l’occasion d’en finir avec la malédiction mitterrandienne de la désunion des droites et, enfin, de pouvoir s’allier au Rassemblement national et permettre à son socle de s’élargir. C’est à mon sens l’orientation qu’aurait dû prendre le parti…

Les critiques virulentes d’Éric Zemmour contre Marine Le Pen ne montraient pas une grande volonté de sa part de s’allier avec le RN…

Vous avez raison : je me suis, de fait, heurtée à une nouvelle impasse. La direction de Reconquête ! s’est enfermée dans une logique qui empêchait toute alliance. Lors de la campagne des européennes, Éric Zemmour est allé jusqu’à m’expliquer que je souffrais du “syndrome de la femme battue” avec Jordan Bardella parce que je considérais que mon adversaire principal n’était pas le RN mais la gauche. […]

Éric Zemmour n’a pas été à la hauteur des événements, selon vous ?

La rancune est un sentiment qui m’est étranger. Je n’ai pas envie de relancer une guéguerre qui n’intéresse personne. J’ai fait le choix de ne pas répondre aux attaques diffamatoires qui consistent à salir ma réputation et mon honneur. Je trouve cela affligeant, et pour tout dire méprisable.

Une partie de votre électorat cible se pose tout de même des questions sur les raisons derrière votre départ de Reconquête !…​

Lorsque la dissolution survient, consciente que je suis la seule – pour des raisons évidentes -à pouvoir établir le dialogue, je prends l’initiative de rencontrer Marine Le Pen et Jordan Bardella pour tenter d’inclure Reconquête ! dans la grande union qui se prépare à droite. Le RN considère qu’Éric Zemmour est allé trop loin dans son hostilité pour qu’un accord entre les deux mouvements soit envisageable. Je suis bien obligée d’en prendre acte.

Deux solutions s’offrent alors à nous : soit on se braque et on décide de présenter coûte que coûte des candidats contre une coalition – et une opportunité – historique, soit on se range et on soutient l’union nationale RN-Ciotti face au risque de favoriser la victoire d’une extrême gauche unie et puissante. C’est ce second choix qui a été le mien. Notre vision opposée du rôle de Reconquête ! dans le camp national a marqué notre rupture avec Éric Zemmour.

Ne date-t-elle pas de bien plus tôt ? Il nous a beaucoup été dit que vous avez eu à subir une hostilité interne durant la campagne même.​

À l’intérieur de Reconquête !, il y avait clairement des gens qui ne souhaitaient pas mon succès. Sans doute parce qu’ils imaginaient que je puisse remettre en cause le leadership d’Éric Zemmour et craignaient pour leurs petites positions acquises. Cela a créé beaucoup de tensions. Les guerres de personnes, malheureusement, sont le lot commun en politique.

Avez-vous néanmoins songé à jeter l’éponge ?

J’ai vécu l’équivalent d’un véritable sabotage. On ne relayait pas auprès de nos adhérents certaines de mes émissions. On m’a privée, en le préemptant, d’une partie stratégique de mon temps de parole, jusqu’à la toute dernière émission de la campagne. On a tenté de me mettre la pression en arrêtant de verser les fonds de campagne. Imaginez la situation : à quelques mois du scrutin, je ne pouvais plus sortir de tracts ! Mais je n’ai jamais pensé abandonner. J’ai préféré taire la situation… et avancer.

Quel a été le rôle de Sarah Knafo dans ce sabotage ?​

Je ne vais pas commencer à régler mes comptes avec les uns et les autres. Les évidences s’imposent d’elles-mêmes…​

Comment interprétez-vous les réponses expéditives que Jordan Bardella formule dès qu’on lui pose une question sur vous et votre avenir ?​

J’ai des discussions régulières avec Jordan. Je suis face à quelqu’un qui comprend ce que je souhaite faire et qui se situe lui aussi dans une logique de coalition. Il me semble avoir tiré les leçons des élections législatives, d’une manière à la fois très humble et constructive. Avec Jordan, nous apprenons à nous connaître : je m’étais mise en retrait de la politique au moment où lui-même commençait à éclore.

Jordan Bardella semble se réclamer davantage de la droite, contrairement à Marine qui refuse ce clivage. Comment vous situez-vous ?

Je considère, en effet, que le clivage droite-gauche existe encore. Il s’agit pour moi d’une permanence idéologique qui continue d’irriguer la vie politique française, même si ses contours évoluent. Pendant longtemps, ce clivage s’est fait sur l’économie. Aujourd’hui, il s’opère sur l’identité.

[…]

Qu’est-ce que l’union des droites ?​

C’est un outil mais ce n’est pas une fin en soi. Je vous vois venir et je vais vous mettre très à l’aise : je ne suis pas là pour changer le Rassemblement national. Je ne suis pas là pour donner des leçons. Le Rassemblement national existe, a ses logiques propres et fait ses choix. Mon objectif, désormais, consiste à tracer notre voie à ses côtés, en autonomie mais en complémentarité. « Marcher séparément, frapper ensemble »,disait Trotski !​

​[…]​​

Qu’est-ce qui vous rend optimiste pour la droite ?​

Ce que j’observe au Parlement européen, par exemple. Je fais partie du groupe ECR, dont la figure de proue est Giorgia Meloni, un groupe pivot entre celui du RN et le PPE de centre droit. La semaine dernière, j’étais cosignataire d’une résolution sur l’Arménie dans laquelle on retrouve François-Xavier Bellamy, Valérie Hayer et même Raphaël Glucksmann. La position arbitrale de notre groupe fait que je n’ai pas été exclue de cette résolution. On peut être optimiste : les majorités changent, les opinions évoluent.​ […]

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