« La vérité apparaîtra plus tard ». Telles furent les dernières paroles de B. Le Maire, la pythie de Bercy, l’homme qui a liquidé nos finances publiques pendant 7 longues années.
On se croirait, pour ceux qui s’en souviennent encore, dans un épisode de la série américaine « X files», dont tous les épisodes commençaient par cette phrase énigmatique : « the truth is out there », mal traduite par « La vérité est ailleurs ».
Que Bruno Le Maire ne s’inquiète pas, nous avons bien compris. Lui et Macron, fidèles à l’engeance qu’ils représentent, se sont contentés de faire comme tous leurs prédécesseurs : de la dette publique. C’est hélas la seule chose qu’ils sont en mesure de produire en grande quantité, ils ont été formés pour cela.
La réalité des finances de la France fait peine à voir, et elle est mal illustrée par les 3200 milliards d’euros de dettes selon les critères de Maastricht, ni même dans les 4000 milliards de dette hors bilan que personne ne souhaite regarder en face. Ces chiffres dont on nous abreuve à longueur de temps n’ont aucune signification en eux-mêmes.
La bonne façon de considérer la dette de la France consiste à mettre en exergue le fait que nous ne couvrons, par nos taxes et impôts, que 60 % de nos dépenses. Les 40 % restants sont donc empruntés chaque année, soit environ 180 milliards d’euros, qui viennent ainsi se cumuler au stock existant.
De plus, la fraction de la dette arrivant chaque année à échéance n’est bien entendu pas remboursée, et nous devons donc la réemprunter, si bien que nous sommes contraints de lever chaque année environ 300 milliards d’euros sur les marchés financiers.
La montagne de dette est telle que nous en sommes au stade où nous générons de la nouvelle dette afin de rembourser les intérêts de l’ancienne.
Cette situation, qui perdure depuis des décennies, ne semblait inquiéter personne, jusqu’à aujourd’hui.
La situation financière de la France a-t-elle basculé soudainement ? Pas le moins du monde. Il suffit d’aller sur le site de la Banque de France, de télécharger la liste des émissions obligataires du Trésor, afin d’avoir une idée très claire de la trajectoire budgétaire de la France.
Macron et Le Maire n’ont rien fait de particulier, ils ont simplement procédé à une accélération du processus, d’environ 3 à 4 ans.
Le vrai problème de cette dette, c’est sa destination. En effet, la France, au sein de l’Union européenne, n’a plus la possibilité d’orienter sa dette vers des investissements qui permettraient de bénéficier de ce qui s’appelle le multiplicateur de Keynes (effet supposé par lequel chaque euro de dépense publique génère plus d’un euro de richesse).
L’Union européenne étant ouverte aux quatre vents, chaque euro de dépense publique ira dans les poches d’une usine chinoise ou allemande, c’est-à-dire là où il y a encore des moyens de production. Tous nos grands économistes de gauche, biberonnés à la relance par la demande, semblent avoir oublié que cela ne fonctionne qu’en économie fermée.
Notre dette pharaonique n’est en fait que le symptôme de deux processus en marche depuis des décennies.
D’un côté, la désindustrialisation, qui a engendré un reflux des recettes fiscales et des prélèvements sociaux. De l’autre l’arrivée de millions d’immigrés sans qualification venus parasiter nos systèmes sociaux, faisant exploser les dépenses. Le cocktail est pour le moins explosif.
Que nous propose le liquidateur judiciaire Barnier pour sortir de l’ornière ? Des économies de 60 milliards par an. Ces mesures ont déjà fait leurs preuves en Grèce, où après dix années d’austérité, la situation financière générale du pays est quasiment la même, mais la population exsangue.
Si c’est cela la seule stratégie envisagée, vous pouvez vous préparer mentalement à réitérer le processus régulièrement tous les 10 ans, sans aucun espoir d’amélioration à long terme.
Il est permis de se demander pour quelle raison le gouvernement et nos chers députés ne proposent strictement aucune stratégie de réindustrialisation, seule porte de sortie pour nous !
La réponse est hélas très simple : ils savent pertinemment qu’aucune stratégie nationale n’est possible dans le cadre légal de l’Union européenne. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder à qui les rênes du Secrétariat au plan ont été confiées : François Bayrou.
Le bilan de cet incompétent à la tête de cette institution, qui a pourtant brillé par son efficacité par le passé, est tellement lamentable, que même le Sénat s’est inquiété de la maigreur de sa production, à savoir une page A4 par an de lieux communs purement descriptifs, sans aucune solution proposée.
Comme le disait Lucien Cordier (incarné par Philippe Noiret) dans le film Coup de torchon, « S’ils voulaient quelqu’un de courageux et travailleur, ce n’est pas moi qu’ils auraient choisi ». Il en est de même de la réindustrialisation : si Barnier pensait que c’était possible, il aurait nommé quelqu’un d’autre à la tête du Secrétariat au plan (fusionné de plus avec France Stratégie).
Par conséquent, on ne nous propose comme avenir que du sang et des larmes, car Le Maire l’a dit : « la dette doit être remboursée ». Sans réindustrialisation, pas de croissance, et sans croissance pas de rentrées fiscales. Il ne reste donc que les brimades et le matraquage fiscal aveugle (taxe sur les chiens, les véhicules et autres folies).
Il est amusant d’observer qu’on nous accable avec l’aspect moral de la dette, insistant bien sur le fait que nous vivons bien au-dessus de nos moyens, au moment même où le niveau de vie en parité de pouvoir d’achat des Français vient de passer au-dessous de la moyenne européenne…
Un investisseur professionnel (c’est-à-dire la grande majorité des détenteurs de notre dette) est supposé tenir compte du risque de non-remboursement ou de restructuration dans le taux du prêt qu’il vous accorde. Toute erreur d’estimation lui est imputable, personne ne l’a obligé à souscrire. Aucun principe moral n’est ici applicable.
Les seuls créanciers que la France doit considérer, et dont elle doit préserver les intérêts, sont les Français qui ont investi leurs économies en assurance vie, ainsi que ses banques de dépôt. Les autres (particuliers et institutionnels étrangers) peuvent parfaitement passer à la trappe ; rien de personnel.
La solution la plus raisonnable, étant donné notre situation, consisterait en un retour à notre devise nationale, accompagnée d’une dévaluation de notre devise, et d’une restructuration intelligente de notre dette, prenant en considération ses détenteurs, en fonction de leur importance et de leur capacité de nuisance à notre égard.
Comme d’habitude, cette proposition sera accueillie par des ricanements entendus de la part de personnes qui, bien souvent, n’auront même pas étudié le sujet.
Nous leur rappellerons qu’il y a ne serait-ce qu’une dizaine d’année, personne ne vous prenait au sérieux lorsque vous évoquiez un possible défaut de la France.
Aujourd’hui, il n’est même plus possible de regarder la télévision 5 minutes sans que le mot faillite ne soit prononcé.
Alain Falento