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[SANTÉ] Décès d’une jeune femme de 25 ans malgré son appel au 15

@Martha Dominguez de Gouveia/Unsplash
@Martha Dominguez de Gouveia/Unsplash
La presse a récemment révélé l'histoire d'une jeune femme décédée à l'âge de 25 ans, le 15 octobre à Montpellier, d'une méningite aiguë foudroyante et le retard inadmissible de la prise en charge de cette patiente de la part du Centre 15 de régulation médicale. D'après ce que raconte au média local l'amie de cette jeune femme, les différents opérateurs qu'elle a eu au bout du fil (centre 15 ou pompiers) non pas su évaluer la gravité de la situation et n'ont envoyé aucun secours pour hospitaliser cette patiente. C'est son entourage qui l'a transportée aux urgences devant l’aggravation de son état, mais hélas trop tard.

Une dramatique erreur de régulation médicale

Cette malheureuse histoire d'un défaut d'appréciation de la gravité de l'état d'un malade par la régulation médicale n'est hélas pas la première, et révèle une fois de plus les difficultés qu'il y a à appréhender une situation par téléphone. En l'absence d'observation objective, par un examen médical au pied du malade, les critères d'évaluation se font de manière subjective. De la part du malade qui va minimiser ou dramatiser son état, et de la part du régulateur qui n'a d'autres critères pour évaluer la situation que les dires du malade. Cette malheureuse histoire oblige à évoquer également encore une fois le fonctionnement déplorable et scandaleux des services d'accueil et d'urgences hospitaliers.

On ne s’étonne même plus que des patients décèdent sur un brancard dans les couloirs en attendant une place dans le service qui devait les recevoir. Certes, on connaît la difficulté qu'il y a à recruter des médecins et du personnel paramédical pour faire fonctionner ces services, mais leur bon fonctionnement est entravé par le manque de lits d'aval, qui oblige les patients à rester plus longtemps dans les services d’accueil, embolisant ainsi la chaîne de soins. La DREES (direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques) nous apprend que depuis 2013, soit depuis 10 ans, 43.000 lits hospitaliers ont été supprimés, dont plusieurs milliers encore en 2023. Par manque de personnel nous dit-on ; mais surtout et aussi, pour des raisons économiques sachant que les administratifs qui régissent nos hôpitaux rêvent de les faire fonctionner à flux tendu, comme cela se passe dans l'industrie.

Revoir fondamentalement la prise en charge des patients

Les choses ne vont donc pas s'arranger de sitôt ; à moins qu'on décide de revoir fondamentalement la prise en charge des patients à l'hôpital ! Pourquoi ne pas envisager une prise en charge directe par les services receveurs (comme c'est souvent le cas pour la cardiologie), au lieu d'obliger les malades à passer par le service d'urgences pour d'être « bilantés » avant d'accéder au service auquel ils sont adressés, ce qui facilite certes la prise en charge par le service receveur, mais qui alourdit considérablement le fonctionnement du service des urgences ?

Faudra-t-il attendre d'autres épisodes dramatiques comme celui qui vient de se passer à Montpellier, et qui n'est pas le fruit du hasard, pour que les autorités envisagent de nouvelles solutions pour résoudre ces problèmes de régulation et d'urgence, en s'appuyant sur les réflexions de ceux qui interviennent sur le terrain, et non de ceux qui ne voient la réalité qu'à travers des chiffres et des camembert de statistiques ?

La tâche est immense car elle implique de remettre en cause tout l'édifice, et pas uniquement les services d'urgences, ce qui nécessite des intervenants compétents et aussi des moyens financiers ce qui, en cette période d'austérité, n'est peut-être pas à l'ordre du jour.

Dr. Jacques Michel Lacroix

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