Un PIB « stimulé » par les JO...
178,2 milliards de déficit : cela devrait représenter, en 2024, 6,1 % du produit intérieur brut (PIB) français. D’autant plus colossal et inquiétant que ce PIB ne progresse que mollement. Rappelons-le, le PIB mesure l’activité économique du pays. Or, cette croissance du PIB devrait être de 1,1 %, en 2024 : pas de quoi pavoiser. Et si l’on se risque à lire les fiches de l’INSEE, on apprend ceci : « Le produit intérieur brut (PIB) en volume accélère modérément au troisième trimestre : il progresse ainsi de 0,4 %, après +0,2 % au deuxième trimestre, stimulé par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. » On peut se réjouir, en première approche, d’une sorte d’effet d’aubaine JO, mais cela n'échappera pas aux personnes sensées que les JO ne sont pas la vraie vie – n’en déplaise à Emmanuel Macron -, que c’est terminé et que cette stimulation olympique ne peut avoir des effets durables sur l’activité économique d’une puissance comme la France.
Une « maison France » qui achète plus qu'elle ne vend
L’activité économique, parlons-en aussi à travers l'évocation de notre balance commerciale. Si l’on en croit les données des douanes françaises, « au troisième trimestre, le solde commercial de la France se détériore de 0,6 milliard d’euros par rapport au deuxième trimestre 2024 et atteint -22,3 milliards d’euros ». Nos exportations ont baissé de 3 % au troisième trimestre pour atteindre 147,2 milliards d’euros, quand nos importations se sont élevées à 169,4 milliards d’euros. On tourne la chose comme on veut, la maison France achète plus qu’elle ne vend. Colbert, que certains veulent déboulonner, doit se retourner dans sa tombe !
Record de faillites : « une boucherie »
La maison France, justement ! Ce 11 novembre soir se terminait le 12e Salon du Made in France, porte de Versailles à Paris. Durant cette manifestation emblématique, un tout aussi emblématique défenseur du « Made in France », l’ancien ministre du Redressement productif sous Hollande, Arnaud Montebourg, reconverti dans la production de miel, a dressé un tableau horrifique de la situation de l’industrie française. « Regardez ce qui nous arrive… L’automobile française […] les boîtes les plus saines ont leur cash qui est en train de fondre. On sait qu’on va perdre 40.000 emplois dans les mois qui viennent. On va entendre parler de Valeo, de Michelin, mais dessous, c’est une boucherie. »
Et Montebourg d’évoquer un « record de faillites devant les tribunaux de commerce », devant un Roland Lescure, ministre il y a encore peu de l’Industrie et de l’Énergie, médusé. Un phénomène, d'ailleurs, qu’on ne découvre pas ce matin. Fin août dernier, déjà, Éric Heyer, analyste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), déclarait à Public Sénat : « Ce mur des faillites est annoncé depuis longtemps. » En juillet 2024, on avait déjà dépassé les 63.000 entreprises défaillantes depuis le début de l’année. Une hausse de 20 % sur un an. Énorme ! Et lorsque l’on sait que ces défaillances augmentent deux fois plus vite chez les petites et moyennes entreprises – celles qui irriguent « nos territoires », pour reprendre la formule adorée des technocrates parisiens -, on a de quoi être inquiet.
Mais écoutons encore Arnaud Montebourg, qui veut en finir avec « l'intégration juridico-politique [au sein de l'UE] à coups de batte de baseball sur la tête des nations européennes ». « Ça ne marche pas ! », estime-t-il. Ce record de faillites, d'ailleurs, il est dû à quoi, selon lui ? « L’électricité en est la première cause. Pourquoi ? Parce qu’on a obéi aux règles stupides du marché européen que défendait M. Lescure quand il était au gouvernement. » Un Lescure, plus médusé que jamais sur son radeau de la Macronie en plein naufrage. Et Montebourg, iconoclaste, d’appuyer là où ça fait mal : « Parce qu’on a la religion de la loi européenne… » Question subsidiaire : a-t-on le droit de changer de religion ? Sans pour autant vouloir détruire le temple, il serait peut-être grand temps de se convertir… au réel. Trump - on aime ou on n’aime pas, ce n’est pas le sujet – va sans doute nous y obliger.