Combat royaliste 48
Par Philippe Germain
Jamais nous ne cesserons de rire devant la galéjade de « l’Europe puissance » et pour défendre les intérêts territoriaux français, nous lisons Entre empires et nations, un chemin français (2006) du bainvillien Gilles Varanges en nous calant sur un vocabulaire contemporain tiré de cycles historiques.
Le cycle de la colonisation prit fin en 1975 avec la chute de l’Occident catholique défendu « orgueilleusement seul » en Afrique par Salazar. Commencé en 1415, avec la prise de Ceuta par le Portugal engagé dans une croisade contre l’Islam, il s’était achevé avec le largage portugais du Mozambique, Cap-Vert, Sao Tomé, Principe, Angola et Timor agressé par l’Indonésie. Plus de 600 000 « retornados » durent remigrer au Portugal. Paradoxalement, l’émancipation des colonies européennes suscite une immense migration d’anciens colonisés vers l’Occident libéral.
Dans la foulée, 1979 a ouvert l’actuel cycle islamique. La révolution de Téhéran humilia d’abord les Américains de l’Occident libéral et ensuite les Soviétiques chassés d’Afghanistan en 1989. Ces derniers ne s’en remirent pas et le communisme s’écroula sous quelques coups de pioche berlinois, mettant fin au cycle révolutionnaire (1789-1989).
L’Occident libéral, lui, put poursuivre le cycle libéral commencé avec la Révolution américaine de 1776, pour « finir l’histoire » par la mondialisation économique. Cependant, l’uniformisation des sociétés favorisa le retour des religions (2,5 milliards de chrétiens, 1,8 milliard de musulmans, 1 milliard d’hindouistes et 530 millions de bouddhistes) qui stoppa les progrès de la sécularisation et amena l’Occident libéral à reconnaitre l’évolution de la mondialisation économique vers le choc des civilisations. Pourtant, en 2022, la guerre slavo-slave, orthodoxo-orthodoxe de l’État-nation ukrainien contre l’Empire russe cherchant à se reconstituer ébranla le bien-fondé du choc des civilisations. L’Occident libéral se mit à penser Empires. Le militaro-économique américain avec ses vassaux directs (Canada, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zélande) et indirect de l’Empire européen informe mais aussi d’autres Empires autocrates émergents de Russie, Chine, Inde, Turquie et Iran. L’Occident libéral parle de Sud global pour l’ensemble, rejetant non pas la modernité mais le modernisme déconstructeur (laïcisation, relativisme moral, égoïsme individualiste, consumérisme effréné).
En 2024, Trump l’isolationniste triomphant délaissera-t-il l’arc de cercle à l’ouest de la Chine jusqu’au Proche-Orient permettant de contrôler les futurs approvisionnements pétroliers de l’ancien Empire du Milieu ? Laissera-t-il la Chine étendre sa fulgurante influence et domination économique dans la zone indopacifique, clef de la reconfiguration de l’ordre international ? Ce concept flou de territoires de 74 États couvrant 65% de la planète est né pour contrebalancer la nouvelle route de la soie, en 2007, où la Chine installa une base navale à Djibouti. La France, seul État-nation européen présent, y possède sept TOM, les trois-quarts de sa Zone économique exclusive et 1,7 million de citoyens. Puissance nucléaire dont le « ni Washington, ni Pékin » constitue une voie alternative pour de nombreux pays, dont l’Indonésie et la Malaisie. La France doit devenir « France puissance », privilégier la place d’une ambitieuse politique d’outre-mer et cesser de s’épuiser au soutien de l’Empire européen informel qui se délite. Il est urgent de relire Kiel et Tanger (1905) de Charles Maurras. La France est cette nation historique qui a intérêt au maintien d’un équilibre entre puissances et peut jouer le rôle d’éveilleur et de fédérateur des petits et moyens États-nations face aux empires.
https://www.actionfrancaise.net/2024/11/12/combat-royaliste-48/