Le directeur de la Fondation pour l’école, Michel Valadier, évoque, dans une tribune publiée par Valeurs Actuelles, le sacro-saint budget de l’Education nationale :
En cette période d’élaboration du budget et de diminution des dépenses, il est surprenant de constater que nos politiques ne s’aventurent guère dans un domaine où il y a pourtant des questions à se poser et surtout des économies à trouver : je veux parler de l’Éducation nationale.
En effet, du fait de la baisse du nombre de naissances, la France a “perdu” 400 000 élèves depuis l’année 2017. De son côté, le site de l’Éducation nationale nous renseigne sur l’évolution paradoxale des dépenses au cours de la même période :
« Après une augmentation continue de ses moyens depuis 2017, le budget du ministère continuera de progresser en 2025. Entre 2017 et 2025, ce budget aura ainsi augmenté de 14,2 milliards d’euros, soit une hausse de près de 30 %, avec une forte accélération depuis 2022 […] Le budget du ministère de l’Éducation nationale demeure le premier budget de l’État et s’élève en 2025 à 63 milliards d’euros, hors compte d’affectation spéciale pensions. »
En résumé, alors que le nombre d’élèves a baissé de 4 %, le budget de l’Éducation nationale, lui, a augmenté de 30 % ! Et tout cela pour obtenir des résultats scolaires de plus en plus catastrophiques ! Est-il permis de s’interroger et de s’étonner ?
D’autant que Mme Genetet, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, vient d’annoncer l’abandon des aspects les plus coûteux du « choc des savoirs » initié par son mentor M. Attal. La mise en place des groupes de niveaux, par exemple, aurait nécessité la création de 4 000 postes d’enseignants.
Par ailleurs, nous savons que 3 000 classes ont été fermées à la rentrée de septembre 2024 et que le ministère prépare un plan de fermeture d’établissements scolaires dans les années à venir… Le Monde du 18 octobre annonçait que le ministère prévoit « la perte de 97 000 élèves à la rentrée 2025 ».
Dans ces conditions, est-il incongru de suggérer une adaptation du budget de ce ministère – à la baisse cette fois – au regard de la chute constante du nombre d’enfants scolarisés dans le public depuis sept ans ?
Si, hypothèse théorique bien sûr, l’on calculait le coût par élève en fonction du nombre d’élèves en moins depuis sept ans, l’on aurait pu économiser plus de 4 milliards d’euros si l’on se base sur une étude récente de Contribuables associés (rentrée 2024). Celle-ci affirme que, tous niveaux confondus, un élève scolarisé dans le public coûte en moyenne 12 300 euros par an. Un élève scolarisé dans le privé sous contrat coûte 5 925 euros à l’État auxquels il faut ajouter 1 500 euros de contribution des familles. Soulignons enfin qu’un élève scolarisé dans une école libre hors contrat ne coûte rien à l’État, la contribution des familles et des bienfaiteurs étant de 4 500 euros par an en moyenne. Soit dit en passant, le gouvernement serait bien inspiré de laisser travailler en paix les écoles privées hors contrat et sous contrat car, si celles-ci n’existaient pas, le coût supplémentaire pour la collectivité serait de 1 milliard d’euros par an. Quel ministre aura le courage de commanditer un audit de fonctionnement du ministère de l’Éducation nationale en vue d’identifier où se trouvent les économies à réaliser, tout en cherchant à améliorer la qualité du service rendu ?
Faudra-t-il attendre que la faillite du système scolaire soit plus manifeste encore ? La fuite des familles vers le privé, sous contrat et hors contrat, finira immanquablement par être entravée par l’État dès lors que plus de 20 % des élèves auront quitté l’école publique. Nous en sommes tout près au niveau national.
Regardez ce qu’il se passe à Paris ! En septembre dernier, 100 fermetures de classe dans le public, 3 dans le privé. À ce rythme, d’après les Échos du 21 octobre : « Selon une étude de l’École d’économie de Paris publiée l’a n dernier, l’enseignement privé à l’entrée au collège pourrait être majoritaire à Paris à l’horizon 2034. “Les fermetures d’établissements ne se feront pas exclusivement dans le secteur public, il n’en est pas question un instant, ce serait une iniquité”, insiste le recteur de Paris, Bernard Beignier. »
Que doit-on comprendre exactement ? Le recteur de Paris veut-il punir les écoles qui réussissent ? Un gouvernement peut-il se payer le luxe d’ouvrir un nouveau front de contestation ? C’est pourtant ce qui arrivera si l’on continue à alimenter un système qui a failli, qui refuse de se remettre en cause et passe son temps à critiquer, attaquer l’école libre sous et hors contrat pour chercher à en limiter la croissance.
Et comme toute vie politique tourne autour du budget, il est bon de rappeler ici que la loi Debré sur l’école, votée en 1959, avait également pour but de faire cesser une grève larvée de l’impôt, soutenue à l’époque par certains évêques. Des contribuables ne voulaient plus payer deux fois l’école : une fois pour l’école libre de leurs enfants et une autre fois, avec leurs impôts, pour l’école publique des autres.
Décidément, les faits sont têtus !