« Grâce » notamment à Emmanuel Macron avec la répression du mouvement des Gilets jaunes qu’il a ordonnée de loin – comme tout lâche, car n’est pas Napoléon au pont d’Arcole qui veut ! –, le divorce entre les forces de l’ordre et le peuple réel est consommé. Sans aller bien loin, il suffit de lire les commentaires sur Riposte laïque qui vont dans ce sens et dont nous sommes obligés parfois d’en tempérer certains.
En effet, entre le mois de décembre 2018 jusqu’à la victoire finale – voulue par le pouvoir ! – de l’ultragauche sur le mouvement des Gilets jaunes le 16 mars 2019 sur les Champs-Élysées mis à sac, la police s’est faite milice et la gendarmerie aussi, mais dans une bien moindre mesure.
Donc, Monsieur Retailleau, vous qu’on attend surtout sur le terrain du trafic de drogue tenu majoritairement par des allogènes, vos menaces à l’endroit des paysans me semblent, hélas, aller dans la continuité répressive macroniste à géométrie variable : on saque le Blanc, cette fois-ci incarné par le monde rural, et on laisse pisser pour les « bêtises » de la diversité. Les fameuses « bêtises » allant du lynchage et du viol jusqu’au terrorisme, pour ceux qui ne maîtriseraient pas bien la novlangue d’Océania !
Au fait, cher Bruno Retailleau, votre « tolérance zéro » à propos des « blocages durables », quand allez-vous l’appliquer pour les check-points illégaux dans les quartiers tenus par des dealers ?!
Sinon, Monsieur le ministre, je vous conseille vivement de ne pas faire tirer au LBD sur les éleveurs et agriculteurs, comme jadis vos prédécesseurs l’on fait sur les Gilets jaunes, ce serait une dramatique erreur. Songez que vos blindés et autres engins de maintien de l’ordre douteux ne pèsent pas lourd devant les engins agricoles. Je suis monté dans certains d’entre eux et j’ai pu constater leur puissance, croyez-moi sur parole, depuis que je vis parmi ces hommes et ces femmes qui triment comme les mineurs de Germinal, supportent leur sort et élèvent leurs enfants avec amour, certes, mais dans une rigoureuse droiture dont beaucoup de parents pourraient avantageusement s’inspirer.
Les paysans – ce noble mot qui sent la terre et le pays ! – ne sont pas en colère, en réalité : ils sont désespérés. Et vous devez savoir, Monsieur le ministre, que le désespoir peut générer des actes extrêmes. Il n’y a pas que les jeunes racailles capables de se révolter, à la différence près que les jeunes paysans, et les moins jeunes, le font pour survivre et, occasionnellement, nous nourrir correctement !
Vous, l’homme de la Vendée, vous devriez vous souvenir mieux que quiconque que les paysans sont capables du pire quand on heurte leur mode de vie, comme ces Vendéens de jadis qui, avec fourches et sabots, donnèrent beaucoup de fil à retordre aux révolutionnaires pourtant bien mieux armés qu’eux.
Aussi, plutôt que de vous agiter contre les paysans, allez donc sermonner l’Europe qui écrase les campagnes depuis des décennies avec ses règles, puis maintenant ses accords iniques. Quant aux éleveurs, ils sont sanctionnés pour le moindre manquement aux innombrables normes qui leurs sont imposées avec leurs bêtes, tandis que, dans le même temps, un particulier, tel l’un de mes voisins, peut maltraiter ses chiens et ses cochons en toute décontraction parce que, n’étant pas un professionnel de l’élevage, il n’est soumis à aucune règle contraignante. Aussi, je me mets volontiers à la place de ces éleveurs accablés par ailleurs de tous les maux par des néo-ruraux incapables et virulents.
Enfin, pour apaiser votre colère mal à propos, je vous dédie ces quelques vers du poète, Monsieur le ministre :
« Je me fais paysan comme eux. Cela te fâche ?
Non. Le cercle où chacun se courbe sur sa tâche,
L’homme tissant la paille et la femme le fil,
Où le travail fait grave et doux chaque profil,
Le soir, près du foyer aux lueurs assoupies,
A l’heure où l’on n’entend que le vol noir des pies,
Et de rares sabots courant dans les sentiers,
Les mains sur les genoux, j’écoute volontiers
Le racontage vrai des amours de village »
(Victor Hugo, extrait du poème « Je me fais paysan comme eux »)
Charles Demassieux
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