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Les centres de formation des musulmans dans le collimateur de l’État ?

Capture écran IESH Château-Chinon sur YouTube
Capture écran IESH Château-Chinon sur YouTube
Faut-il y voir une application très concrète de la politique de fermeté voulue par Bruno Retailleau en matière de sécurité ? Après les soupçons qui pèsent sur le groupe scolaire Al-Kindi dans le Rhône, déjà évoqués en ces colonnes, le 4 décembre, par Clémence de Longraye, c’est l’Institut européen des sciences humaines (IESH), près de Château-Chinon, qui subissait, mercredi 4 décembre, une perquisition par une « grosse opération policière », selon les mots d'Anne Lehaître, procureur de Nevers. L'établissement est en effet visé par une enquête pour « des soupçons de blanchiment, d’abus de confiance ainsi que de non-respect de l’obligation de déclaration de financements étrangers, inscrite dans la loi de lutte contre le séparatisme adoptée en 2021 ». Pourtant, auditionné par le Sénat le 27 avril 2016, Larabi Becheri, alors directeur adjoint de l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon, aujourd'hui doyen de l'établissement, affirmait solennellement : « Nous n'avons jamais reçu de financement des Frères musulmans. »

Centre de vacances fermé cet été

C’est au cœur d’un cadre verdoyant de onze hectares, au cœur du Morvan, que ce campus - aujourd'hui soupçonné d'être financé par le Qatar - forme 200 étudiants par an, à raison de 20 heures par semaine, en moyenne, réparties entre trois enseignements : le « saint Coran », la théologie musulmane et la langue arabe. Et pour ceux qui n'auraient pas la possibilité de s'y déplacer, des cours sont également assurés à distance. Créé en 1990 dans les terres de François Mitterrand, qui souhaitait favoriser une formation des imams « à la française », cet établissement est une initiative de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), proche des Frères musulmans. Et l’été, quand le campus est fermé, il se transforme en centre de colonies de vacances pour les 6-17 ans. Enfin, ça, c’était avant, puisqu’à la suite d’un contrôle de la Jeunesse et des Sports, en juillet dernier, l’IESH a été mis en demeure de « corriger certains points spécifiques », et malgré cette mise en conformité aux exigences, l’administration a procédé à la fermeture de la colonie.

En 2019, c’est l’IESH de Saint-Denis qui avait été frappé d’une fermeture momentanée, suite à un arrêté préfectoral pour des raisons de sécurité. Et début 2024, le doyen de l’IESH de Saint-Denis Ahmed Jaballah regagnait sa Tunisie, frappé par une OQTF pour situation irrégulière et troubles à l’ordre public…

Financements étrangers

Il y a six mois, Marion Maréchal dévoilait, dans une vidéo de campagne pour les européennes, les « sept preuves de la dangerosité de cet établissement », autant de raisons pour lesquelles elle demandait la fermeture de l’IESH de Château-Chinon. Parmi celles-ci, entre autres, le prédicateur musulman Youssef al-Qaradâwî, frériste, qui serait favorable à la mort des Juifs et défenseur de l'usage de la violence d'un mari envers sa femme, « qui a remis le diplôme à la première promotion de l’IESH », ou encore des cours qui seraient dispensés par Moncef Zenati, « le professeur en islam du rappeur Médine » et qui aurait accusé les Yézidis d’être des « adorateurs de Satan ».

Suite aux accusations, portées contre l'IESH par Marion Maréchal, d’avoir été créé par les Frères musulmans, d’être financé par l’Arabie saoudite et le Qatar et d’être au cœur d’un projet d’islamisation de la France, l’établissement avait répondu par un communiqué où il nie « formellement avoir un quelconque lien avec toute idéologie radicale et se réserve la possibilité d’agir en justice afin de faire valoir leurs droits ». S'il est encore trop tôt pour connaître les résultats d'enquête, le procureur a tout de même confié à l'AFP que cette perquisition « a été fructueuse ».

Iris Bridier
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