Insultes et violence
« Par Allah, je vais baiser ta mère la pute ! » La scène, filmée par une passagère du bus, a été vue plus de 7 millions de fois, sur X. Le 6 décembre dernier, en milieu de soirée, sur la ligne Linéo 1 à Toulouse, un adolescent et l’un de ses amis montent dans un bus et semblent refuser de payer leur titre de transport. Le conducteur du bus les remarque et leur demande de sortir. Les jeunes fraudeurs refusent et toisent le chauffeur. Celui-ci, excédé, finit par perdre patience et attrape l’un d’eux pour le faire sortir du bus. Le mineur résiste, tombe au sol et insulte à de multiples reprises le conducteur du bus. « Je t’encule la mère la pute ! », « Fils de pute » « Nique ta mère la pute », lance-t-il, feignant de lui donner un coup de pied. La scène se poursuit pendant un peu plus de trois minutes. Le jeune garçon multiplie les insultes à l’encontre du chauffeur retourné à son poste de conduite.
Le jeune fraudeur en question n’en est pas à son coup d’essai. Auprès de nos confrères de France 3, le service Voyageurs de la société de transport toulousaine explique : « Ces jeunes sont des récidivistes. Ils ont l'habitude de ne pas payer leur titre de transport et avaient déjà insulté des chauffeurs. Une enquête interne est en cours. » Ce week-end, encore, les mêmes jeunes auraient recommencé le même manège. « Un collègue a eu affaire à eux. Ils n’ont pas l’air d’avoir changé », rapportait, ainsi, M. à La Dépêche. À l’inverse, le conducteur du bus a, quant à lui, un « parcours irréprochable » Au début du mois, il a reçu la médaille d’argent du travail et les félicitations de sa direction après 25 ans de bons et loyaux services. Mais suite à cette altercation, ce chauffeur de bus qui « regrette » de s’être emporté a reçu une convocation de sa direction. Il s'agit de « la procédure », assure-t-on du côté de la direction. « Je ne pense pas que je serai mis à la porte. Je suis bien suivi par mon syndicat », espère le chauffeur de bus.
Incivilités quotidiennes
Les syndicats alertent sur une hausse des incivilités voire violences à l’égard des chauffeurs de bus. « Ça a été très loin [le 6 décembre dernier, NDLR], mais cela prouve l'usure de nos chauffeurs. Depuis le Covid-19, les incivilités de la part des usagers à leur encontre sont quasiment quotidiennes », rapporte le responsable de SUD chez Tisséo, société de transports en commun dans la région de Toulouse. « Tous les jours, il y a des altercations. Des insultes, des crachats. Hier, un conducteur s'est fait cracher dessus par un mineur sur le Linéo 6. » Un sentiment partagé par leurs collègues de la CGT qui s’indignent : « Nos chauffeurs n'en peuvent plus, de cette violence au quotidien, on a basculé, depuis le Covid. Nous sommes parfois surpris qu'il n'y ait pas plus de drames. »
Cette affaire qui se termine sans drame n’est pas sans rappeler l’agression mortelle subie par Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, en juillet 2020. À l’époque, le quinquagénaire était roué de coups pour avoir voulu contrôler des titres de transport et avoir voulu faire respecter le port du masque. Il est décédé des suites de ses blessures, laissant derrière lui une femme et trois filles.