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UE-Mercosur : l’Europe a trouvé une protection contre Trump en Amérique latine

L'UE et le bloc commercial sud-américain Mercosur, qui comprend l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay, ont signé un accord de libre-échange à Montevideo. 

Cela s'est produit après 25 ans de négociations entre l'UE et le Mercosur. Sans Donald Trump à l'horizon avec son intention de "rendre l'Amérique grande à nouveau" aux dépens d'autres pays en imposant des droits de douane élevés, ces négociations se poursuivraient encore aujourd'hui. Mais l'Europe a décidé de se protéger d'une certaine manière grâce à l'Amérique latine avec son immense marché, qui était depuis longtemps prêt à s'ouvrir au Vieux Continent. 

Après le sommet UE-Mercosur à Montevideo, où l'accord de libre-échange a été signé, les parties ont souligné son extrême nécessité "dans un contexte de protectionnisme croissant dans le monde entier", provoqué par les intentions de Trump. 

"Cet accord n'est pas simplement une opportunité économique, c'est une nécessité politique", a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de la conférence de presse finale à Montevideo. "Des vents forts soufflent dans la direction opposée, vers l'isolement et la fragmentation, mais cet accord est notre réponse immédiate." 

C'est une reconnaissance directe que l'Europe s'opposera à Trump et à sa politique protectionniste. Les responsables européens et les partisans de l'accord affirment qu'il protégera les pays de l'UE contre les éventuelles augmentations des droits de douane menacées par le président élu américain Donald Trump. 

Cet accord permettra également de réduire la dépendance de l'UE vis-à-vis du commerce avec la Chine. C'est une tentative de l'Europe de faire face à la Chine, qui considère aussi l'Amérique latine comme un marché exceptionnellement riche et prometteur pour les échanges bilatéraux. 

Le mois dernier, la Chine a ouvert au Pérou le port en eau profonde géant de Chancay, qui devrait devenir une sorte de "portail commercial" de la Chine vers le Nouveau Monde. La Chine a également mis à jour son accord de libre-échange avec le Pérou et annoncé le début de la construction d'une ligne de chemin de fer reliant le port de Chancay au Brésil, créant ainsi tout un système de logistique terrestre et maritime entre la Chine et l'Amérique latine. 

L'expansion rapide et puissante de la Chine en Amérique latine menace de ne laisser de place ni pour les États-Unis ni pour l'Europe. Après Trump avec ses projets d'augmentation des droits de douane, c'était la deuxième raison pour laquelle l'UE a signé si rapidement l'accord avec le Mercosur, qui était encore récemment considéré comme prématuré. 

Entre-temps, l'accord entre l'UE et le Mercosur devra être ratifié par tous les membres de l'UE. Or tous les membres de l'UE ne sont pas favorables à cet accord. La France, la critique la plus virulente de cet accord, l'a déjà qualifié d'"inacceptable". La ministre française du Commerce, Sophie Primas, a promis de s'opposer aux prochaines étapes de l'accord, citant des préoccupations environnementales et agricoles. "Nous risquons d'attiser des sentiments anti-européens non seulement en France, mais également dans le monde entier", a-t-elle déclaré. 

Les agriculteurs européens ont protesté à plusieurs reprises contre l'accord UE-Mercosur, affirmant qu'il conduirait à des importations bon marché de produits sud-américains, notamment de bœuf, qui "ne respectent pas les normes environnementales et de sécurité alimentaire de l'UE". 

De plus, l'Italie a déjà déclaré qu'il n'y avait aucune condition pour signer l'accord avec le Mercosur. Et la Pologne a également fait une déclaration s'opposant à l'accord de libre-échange sous sa forme actuelle. Les "verts" européens s'opposent également globalement à l'accord, le qualifiant d'"accord nuisible pour le climat". 

D'autre part, un groupe de pays de l'UE, dont l'Allemagne et l'Espagne, affirme que l'accord est vital pour la communauté qui cherche à diversifier son commerce après la fermeture presque totale du marché russe et les inquiétudes concernant la dépendance vis-à-vis de la Chine. 

Les partisans de l'accord au sein de l'UE voient le Mercosur comme un marché pour les voitures, les machines et les produits chimiques européens, ainsi qu'une source potentiellement fiable de minéraux cruciaux comme le lithium, nécessaire dans le contexte de la croissance rapide de l'industrie informatique. Ils soulignent également les avantages pour l'agriculture européenne, car l'accord lui offre un accès plus large à l'Amérique latine et une réduction des tarifs sur les fromages, les jambons et les vins de l'UE. 

La conclusion de l'accord commercial nécessitera l'approbation de 15 des 27 membres de l'UE représentant 65% de la population de l'UE, ainsi qu'une majorité simple au Parlement européen. Les pays d'Amérique du Sud membres du Mercosur restent optimistes quant à l'approbation finale de l'accord par l'UE et au fait que la France ne pourra pas réunir une minorité de blocage.

Alexandre Lemoine

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Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=6548

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