Ce soir, le potentat d’Amiens – ville dont je préfère me souvenir en songeant à sa sublime cathédrale et à Jules Verne, qui y repose pour l’éternité – va se gonfler le jabot comme une oie qu’on gave. Il va de nouveau s’autocongratuler et nous allons donc subir sa logorrhée indigeste, dont les exhalaisons fétides nous retourneront le cœur bien plus surement qu’un excès d’alcool au réveillon.
« La peste soit du fat ! », aurait dit Don Juan, ajoutant avec le même agacement devant les superstitions de son valet Sganarelle : « J’attends que ton raisonnement soit fini. » (Molière, Dom Juan ou le Festin de pierre, Acte III, scène 1). Le raisonnement de Macron se limitant à une vision géocentrique de la société française, voire du monde, lui étant bien entendu le centre de toute chose !
Quoi qu’il en soit, grâce à Macron cette année s’achève ainsi sur ce que certains appellent un fiasco politique, à savoir la dissolution de l’Assemblée nationale. C’est un peu vite ignorer que le fomentateur de ce « fiasco » savait ce qu’il accomplissait : un chaos politique. Et le chaos semble exciter énormément cet individu non pas légitimement élu mais carrément placé là par des puissances obscures, dont on nous dit que les nommer c’est comploter. Toutefois, les faits sont têtus comme une mule et, depuis l’affaire Fillon jusqu’à à maintenant, le maintien de Macron au pouvoir nous apparaît pour le moins aussi trouble que les eaux d’un bassin de retraitement.
Mais oublions un peu le cas Macron – qui s’accrochera au pouvoir comme une bernique, n’en doutons pas ! – et penchons-nous sur notre avenir qui prend de plus en plus l’allure d’une dystopie la plus dramatique. Nous sommes au bord du gouffre et, ainsi que l’écrivait Baudelaire : « Le gouffre a toujours soif » (in « L’Horloge »). Nous nous préparons donc des lendemains qui chanteront avec des voix de fausset qu’on égorge. À moins que…
En effet, croyant indécrottable que je suis, j’attache une certaine importance à la seconde vertu théologale, c’est-à-dire l’Espérance – les deux autres étant la Foi et la Charité –, que Charles Péguy magnifia jadis dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu.
Alors oui, on voudra retenir de cette année ces fameux Jeux olympiques de Paris, dont les séductions m’ont moi-même touché, notamment grâce à la performance de nos athlètes, le prodigieux Léon Marchand en tête mais pas que, et j’ai une pensée particulière pour les champions paralympiques qui ont montré ce que la volonté veut dire. Hélas, là aussi, le pouvoir macroniste et ses affidés n’ont pu s’empêcher de ternir la fête par une cérémonie qui restera dans les mémoires comme une injure – que dis-je, une injure : une souillure indélébile ! – faite à la France et, en digne déjection wokiste, au christianisme.
Cependant, cette injure semble avoir été un peu lavée par la réouverture de Notre-Dame de Paris où Macron a encore voulu parader pour s’approprier une gloire qui le dépasse, lui et son âme noire. Quelle gifle par contre pour les libres penseurs christianophobes – et islamophiles ! – de voir converger vers Notre-Dame des touristes du monde entier et en ressortir émus aux larmes pour certains.
2024 ce fut aussi, pour ce qui concerne notre très justifiée nostalgie du passé, le « départ » d’Alain Delon, dont je salue encore une fois la mémoire et, au-delà des pisse-froid cherchant à le salir pour conjurer leur vide, le talent immense qui a rayonné aux quatre coins du monde.
Voilà donc l’année 2025 qui s’apprête à naître, dans la douleur et dont on peut espérer qu’elle dessille les yeux de ces Français surtout préoccupés par leur petit confort, lequel pourrait bien s’effondrer s’ils n’y prennent garde. Aussi, souvenons-nous que, plus encore qu’une messe, la France vaut bien quelques sacrifices pour la sauver…
« Combien j’ai douce souvenance
Du joli lieu de ma naissance !
Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours
De France !
O mon pays, sois mes amours
Toujours ! »
(Chateaubriand)
Charles Demassieux
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